Michel Festivi
L’AFD a été créée en 2013 d’une dissidence de la CDU, pour initialement lutter contre les institutions européennes, contre l’Euro et pour le retour du Deutsche Mark. Aujourd’hui les dirigeants ont changé, et l’AFD se présente désormais comme un parti anti-immigrationnistes, voulant protéger les frontières du pays et défendre la sécurité des allemands.
Malgré plusieurs crises internes et une volonté gouvernementale de la supprimer politiquement et juridiquement, l’AFD a rapidement obtenu des élus. Au Bundestag, après avoir échoué d’un cheveu avec 4,7% des voix en 2013 à obtenir des députés (le seuil est de 5%), en 2017 l’AFD obtient 12,6% et 94 députés, et en 2021, alors que le parti était en proie à des tiraillements internes considérables et à des poursuites judiciaires, le parti réalisa un score de 10,3% et obtint 83 députés.
Actuellement, l’AFD dispose de 11 députés européens et de plus de 150 députés régionaux, surtout dans les régions Est, très défavorisées.
Tout dernièrement, l’AFD vient de remporter deux victoires particulièrement symboliques, qui ont marqué les esprits. Fin juin, l’AFD a obtenu de gouverner seule, le Landkreis de Sonneberg dans le Land de Thuringe, un district dans l’Est du pays. Robert Sesselmann, a conquis cet arrondissement territorial de 56 000 habitants avec 52,8% des suffrages. Les médias allemands se sont déchainés en évoquant « Un séisme », « un coup de poing pour les autres partis », « un signal d’alarme », bref toute la panoplie habituelle, que l’on connait que trop bien, pour effrayer les électeurs et tenter de les détourner de ce parti « sulfureux ».
Mais la classe politique et médiatique n’a pas eu le temps de souffler, puisque le dimanche 2 juillet, L’AFD a remporté sa première victoire à des municipales d’importance. Avec 51% des voix, Hannes Loth a été élu maire de Raguhn-Jessnitz, commune de 9000 Habitants, toujours dans l’Est de l’Allemagne, dans le Saxe-Anhalt. Comme le souligne avec effroi la presse, jusqu’à présent l’AFD ne gérait que de petites communes rurales, où les maires étaient des bénévoles, ce qui ne sera pas le cas cette fois-ci.
Le porte-parole du parti et Président du groupe AFD au Bundestag, Tino Chrupalla a déclaré à l’issue de cette victoire : « Hannes Loth devient le premier maire AFD Nouvelle Normalité : nous sommes un parti qui représente le peuple ».
Car ce qu’il faut souligner et qui fait sursauter toute la classe politique allemande, c’est que l’AFD a résisté à « un front commun », qui allait de la CDU, en passant par les écolos, les libéraux, et la gauche radicale. De plus, actuellement, tous les sondages montrent que si des élections générales avaient lieu, l’AFD obtiendrait près de 19% des voix, faisant jeu égal avec le SPD. Il faut dire que la coalition de gauche, écologiste et libérale actuellement au pouvoir est particulièrement impopulaire, suite notamment de sa politique d’ouverture des frontières à tout -va. Les préoccupations de l’AFD, qu’elle relaie sur le terrain, sont outre la lutte contre l’immigration, les questions énergétiques, la politique de sécurité, et l’arrêt de la guerre en Ukraine.
Ce qui est frappant et réjouissant, c’est que la CDU ne profite nullement de l’impopularité du gouvernement actuel, alors qu’elle avait promis en 2018, de réduire par deux le score de l’AFD. Encore un effort et le score de l’AFD sera multiplié par deux ! Après l’Italie, l’Espagne, la France et ses 89 députés RN, et certains pays scandinaves, les droites populistes ont le vent en poupe. Comme le disait un personnage célèbre : « pourvu que ça dure ».
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