Bernard Brizay est historien, professeur d’histoire de l’art et journaliste, auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire de la Chine. Il vient de publier chez Perrin une Petite et grande histoire de la Cité interdite.
La Chine compte très peu de monuments hérités du passé. La Cité interdite est une exception. Et c’est extraordinaire qu’elle subsiste encore car elle est construite tout de bois. Longtemps, la Cité pourpre interdite, au cœur battant de la Chine impériale, a suscité la curiosité des Occidentaux et excité leur imagination. On pourrait multiplier à l’infini les citations célébrant la Cité interdite, la magnificence de ses bâtiments et le luxe de ses pavillons et appartements.
Durant cinq siècles, de 1421 à 1911, le Palais impérial de Pékin a été la résidence officielle des empereurs de Chine et le centre sacré de leur pouvoir. Ses résidents successifs, à commencer par les empereurs, les rares privilégiés qui lui ont accès (princes, ducs, ministres, hauts fonctionnaires), constituent également une riche galerie de portraits, de tableaux chargés d’histoires, et d’Histoire tout court. La cour impériale gravite autour de son principal acteur, l’empereur, qui règne sur un empire de la taille d’un continent, au milieu de splendeurs fabuleuses. C’est aussi un lieu où empereurs, impératrices et concubines, dames de cour, servantes et serviteurs – et surtout eunuques – se livrent aux intrigues les plus tortueuses. Les eunuques ont constitué une source perpétuelle de troubles politiques et d’intrigues de cour et ont joué un rôle si fondamental dans la Chine impériale qu’on leur attribue la chute des grandes dynasties Han et Tang, ainsi que celle, plus récente, des Ming.
La Cité interdite est sortie indemne de la révolution culturelle et de la folie destructrice des gardes rouges car le Premier ministre de l’époque Zhou Enlai avait fait afficher de grands portraits de Mao Zedong sur les portes de la Cité, les rendant inviolables, et avait fait protéger l’espace impérial par l’armée. Mais de 2000 à 2017, ce lieux prestigieux s’il en est a été défiguré par l’installation dans ses murs d’un Starbucks, une chaîne de cafés américaine !
Petite et grande histoire de la Cité interdite, Bernard Brizay, éditions Perrin, 380 pages, 23 euros
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