Nous sommes en 1917, dans une Égypte au terme d’une domination britannique, lorsque la magnifique nécropole de la vallée des Rois est concédée à Lord George Carnarvon (1866-1923). Celui-ci la fait méticuleusement fouiller par l’égyptologue Howard Carter, qui ne désire qu’une seule chose : trouver la tombe inviolée d’un pharaon. En effet, nombre de tombeaux de l’Égypte antique furent vidés, pillés et détruits suite à des siècles d’occupations étrangères. Mais après quatre ans de fouilles infructueuses, Lord Carnarvon est sur le point de cesser son mécénat auprès de Carter. Ce dernier décide néanmoins, à l’automne 1922, de se lancer dans un dernier chantier de fouilles. Ainsi, le 4 novembre 1922, à travers les gravats et la poussière, une dalle en pierre est déterrée du sol égyptien. Un escalier de douze marches est alors dégagé jusqu’à une ancienne porte aux sceaux intacts. Carter, pressentant la valeur de sa découverte, envoie en Angleterre un télégramme à son protecteur : « Avons enfin fait une découverte extraordinaire dans la vallée, une tombe somptueuse dont les sceaux sont intacts, […] félicitations. »
Lord Carnarvon, heureux d’apprendre la nouvelle, s’empresse d’arriver à Louxor, le 23 novembre 1922, et, deux jours plus tard, la première porte est percée en sa présence. Le 26 novembre, la deuxième. Les sceaux intacts depuis plus de 3.000 sont alors brisés. Carter entre avec une simple bougie afin de s’assurer qu’aucun gaz toxique ou inflammable n’est présent. « Voyez-vous quelque chose ? »< demande impatiemment Carnarvon à l’archéologue, qui répond « Oui, des merveilles ! »
En effet, Carter, à la lumière de la flamme, découvre un tombeau rempli alors de trésors plus incroyables les uns que les autres : des statues noires et dorées, des jarres somptueuses, un char royal, des coffres en bois d’ébène remplis de bijoux et surtout une « chapelle » d’éternité contenant le sarcophage en or du mystérieux pharaon Toutânkhamon. Débutent alors dix longues années de catalogages et de fouilles avant que le tombeau ne soit entièrement vidé et étudié.
Commence aussi le début de la mystérieuse « malédiction des pharaons ». En effet, quelques mois après la découverte de la tombe, Lord Carnarvon meurt subitement d’une septicémie tandis que de nombreux autres collaborateurs de Howard Carter succombent à des maladies alors inconnues. Apprenant la nouvelle, les journaux de l’époque font choux gras en répandant la rumeur d’une malédiction envoyée par la momie du pharaon, courroucée par la profanation de sa demeure sépulcrale. Selon les scientifiques modernes, ces décès sont plutôt d’origine fongique que magique en raison de la présence de champignons et de moisissures au sein de la tombe entraînant l’arrêt du système respiratoire. La mort de Lord Carnarvon fut elle aussi expliquée par l’infection d’une simple piqûre de moustique, tandis que le principal acteur des fouilles, Howard Carter, ne décéda lui-même que bien des années plus tard, en 1939. Si des maudits il y avait, ces hommes n’en faisaient pas partie.
Mais c’est cette malédiction, sans oublier la découverte des trésors innombrables qui permirent l’enrichissement de nos connaissances sur l’Égypte ancienne, qui ont forgé la légende du jeune pharaon Toutânkhamon. Un enfant-roi qui, encore un siècle après son retour dans le monde des vivants, fascine toujours à travers les yeux bleus éternels de son masque funéraire.
Eric de Mascureau
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