Que faut-il retenir des propos du Président de la République tenus dimanche soir ? Rien que l’on ne sache déjà ! Le vide sidéral. Uniquement un aveu à peine déguisé qu’il ne dirige plus grand-chose dans le pays, sauf le maintien de l’ordre, son ultime prérogative.
Au menu de son discours, l’immigration, la présence française en Afrique, l’inflation et un soupçon de promesse écologique.
L’immigration
A part la reprise des déclarations de Rocard (on ne peut pas accueillir toute la misère du monde), et du pape appelant à un sursaut contre l’indifférence on a eu l’impression que Macron n’était pas au courant de la situation en Afrique et en particulier au Maghreb, point de départ des migrants. Il en a appelé à un « partenariat respectueux » avec la Tunisie et la Lybie : on croit rêver, tant la situation économique et les relations diplomatiques avec ces pays de départ auxquels on pourrait ajouter l’Algérie et le Maroc sont dégradées. L’intervention de Sarkozy en Lybie sur fond de financement électoral, les passifs coloniaux toujours entretenus pour les autres et la recomposition des relations internationales sur fond de dépendance énergétique pour la France, ne sont pas susceptibles d’améliorer le climat ambiant. Ajoutons pour le Maroc des relations exécrables avec le Roi qui profite cependant largement de ses propriétés en France et de son système de santé, avec en toile de fond le trafic de drogue vers la France à partir du Rif marocain et le peu d’empressement de ces pays à faciliter le retour de leurs nationaux condamnés en France.
Donc , le « partenariat respectueux » n’est pas pour demain, compte tenu par ailleurs du fait que l’économie française est toujours avide de migrants pour faire le boulot pénible dans les champs, les vignes ou les usines…
La présence française en Afrique
Autrefois vecteur proclamé de stabilisation, l’armée française n’en finit plus de reculer jusqu’au retour définitif des troupes en France. A y regarder de plus près, cette « stabilisation » a beaucoup consisté à soutenir à bout de bras quelques potentats locaux adoubés par l’Elysée en fermant les yeux sur leurs frasques et leurs comportements vis-à-vis des oppositions pourvus que l’ordre règne et que les entreprises françaises dans ces pays fassent tourner leurs petits business au prix parfois de morts de militaires dont les interventions ont fait parfois l’objet de questionnements.
Avec le Mali, le Gabon, ou le Niger, dernier sur la liste des coups d’état militaires, on assiste aux derniers coups de marteau sur le cercueil de l’influence française en Afrique, ce qui ne sera pas sans poser de problèmes sur la pérennité de la présence de nos concitoyens civils, dernière monnaie d’échange dans la régulation de l’immigration….
Le nouvel ordre mondial se dessine sur ce continent avec la Chine et la Russie, et les nouveaux maîtres militaires sont sans doute moins soucieux de démocratie que d’installation d’une nouvelle forme de colonisation/corruption dont bénéficiaient les anciennes familles au pouvoir, richement dotées de résidences secondaires, en particulier en France.
L’inflation
Macron a de nouveau confirmé les propos de son Ministre de l’économie, en souhaitant remettre les industriels autour d’une table, comme d’habitude, sachant déjà que les prix ne diminueront pas et que l’inflation continuera son petit bonhomme de chemin au bénéfice de la « « reconstitution des marges » des entreprises et des dividendes versés.
De quoi Macron pourrait-il d’ailleurs discuter avec les industriels quand on sait qu’on ignore quasiment tout de la formation des prix dans beaucoup de secteurs industriels, et qu’aucune étude sérieuse n’existe dans ce domaine. Et même lorsque des documents existent (cf concession des autoroutes au privé) et qu’ils mettent en évidence le manque de sérieux des services de l’Etat, il ne se passe rien et les profits astronomiques perçus ne font l’objet d’aucune rediscution : curieux tout de même, cette apathie gouvernementale qu’on ne peut tout de même pas mettre uniquement sur le recentrage des activités régaliennes de l’Etat au moment où notre dette explose, que les services publics (sauf la police) sont mis au régime sec et que les collectivités territoriales (elles-mêmes beaucoup adeptes du transfert au privé) deviennent l’ombre d’elles-mêmes.
Alors Macron bidouille et joue le court terme. Il supprime la Taxe d’habitation, la redevance télé et certaines cotisations salariales sachant pertinemment les effets pervers que cela aura à plus long terme et promet un dernier petit chèque de 100 € pour les nécessiteux comme la pièce jetée au pauvre par le bourgeois à la sortie de l’église.
L’écologie
Rien de nouveau, sinon des promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent. Une question tout de même : aurons-nous les moyens de produire toute l’électricité nécessaire pour le parc automobile électrique et la décarbonation de l’industrie ? Sur ce dernier point, une certitude, les 10 Milliards promis aux industriels (dont Arcelor Mittal ou bien Total énergie,…). Il faut bien aider les pauvres…
Voilà, Macron a fait à peu près tout ce qu’il pouvait pour ruiner le pays et le rendre dépendant des systèmes industriel et financier. Il ne lui reste plus qu’à abandonner ses prérogatives en matière de politique étrangère et de demander à leurs dirigeants de régler les conflits qui minent la planète sur le dos des populations. Business as usual.
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