Cafouillage européen
« L’ampleur de la terreur et de la brutalité contre Israël constitue un tournant. […] Tous les paiements sont immédiatement suspendus. Tous les projets sont réexaminés. Tous les projets budgétaires, dont ceux de 2023, sont reportés jusqu’à nouvel ordre. » L’Europe découvre les atrocités commises par le Hamas contre Israël et Oliver Varhelyi, commissaire européen en charge du voisinage et de l’élargissement, annonce unilatéralement, sur X, la suspension des paiements européens de l’aide au développement en faveur des Palestiniens. Une déclaration qui n’a pas manqué de susciter de nombreuses contestations en Europe. « Deux millions de gens habitent à Gaza. Ce sont aussi des otages du Hamas. Avec ces méthodes-là, on les pousse dans les bras des terroristes », s’indigne le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg. Une position partagée par l’Espagne, l’Irlande ou encore le Portugal. À l’inverse, l’Allemagne et l’Autriche prennent les devants et décident d’interrompre leurs propres versements d’aides au développement. Ce 10 octobre, la France, restée jusque-là silencieuse, annonce qu'elle s’oppose, elle aussi, « à la suspension de l’aide qui bénéficie directement aux populations palestiniennes ».
Face au cafouillage, la Commission européenne rétropédale. Plutôt que de suspendre les paiements en faveur des Palestiniens, Bruxelles décide de lancer « une révision urgente de l’aide européenne à la Palestine ». Et d’ajouter : « La Commission examinera également si, à la lumière de l'évolution des circonstances sur le terrain, ses programmes de soutien à la population palestinienne et à l'Autorité palestinienne doivent être ajustés. »
Subventions au « campus du Hamas »
À ce jour, l’Union européenne a versé de nombreuses subventions aux Palestiniens, devenant ainsi l’un des principaux soutiens financiers de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Le programme de développement en cours s’élève à 691 millions d’euros. Depuis 2000, ce sont plus de 853 millions d’euros qui ont été versés aux populations palestiniennes au titre de l’aide humanitaire. Au total, entre 2014 et 2020, l'Union a consacré 2,2 milliards d'euros aux territoires palestiniens. Beaucoup d'argent, donc, mais pour quoi faire ? « Ce qui est incroyable, c’est que l’UE n’est pas en mesure, pour l’instant, de dire exactement à quoi tout cet argent a réellement servi », dénonce Jean-Paul Garraud auprès de BV. Pour le député européen, chef de la délégation du Rassemblement national à Strasbourg, « nous sommes en droit de nous poser des questions quant à l’utilisation des fonds européens ». Un sentiment partagé par Jordan Bardella, qui appelle au « gel immédiat de toute aide européenne vers les territoires palestiniens ». « Une enquête rapide doit être menée pour vérifier que l’argent européen n’a pas servi à financer le terrorisme islamiste du Hamas », poursuit Jean-Paul Garraud.
De fait, parmi les sommes allouées aux territoires palestiniens, plus de 1,7 million d’euros ont été versés à l’Université islamique de Gaza entre 2014 et 2021. Cette université, loin d’être une faculté ordinaire, a été fondée par les Frères musulmans. Le campus accueille et forme depuis sa création des cadres du mouvement terroriste palestinien. Mohammed Deif, cerveau de l’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël, a ainsi étudié en son sein avant de devenir le chef des Brigades Ezzedine al-Qassam, bras armé du Hamas. Alors que la Commission européenne assure que plus aucun contrat n’a été signé avec l’Université islamique de Gaza depuis 2020, le site Fdesouche vient de recenser de nouveaux partenariats Erasmus signés en 2022 et 2023 avec la faculté palestinienne. « Le financement de l’université de Gaza est un énième exemple des dérives de l’Union européenne qui finance régulièrement des associations proches des Frères musulmans », dénonce Jean-Paul Garraud. « L’argent des Européens n’a pas vocation à financer un centre de formation islamiste », martèle l’eurodéputé, qui espère qu’avec « l’horreur des tueries en Israël », l’Union européenne se réveillera.
Sur la question des financements français, à l'instar d'Éric Zemmour qui appelle à ce que « plus un centime français ne soit versé pour l'Autorité palestinienne », Éric Ciotti (LR) vient de déposer une résolution pour suspendre l'aide française au développement en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Clémence de Longraye
https://www.bvoltaire.fr/israel-lue-engloutit-des-milliards-deuros-en-palestine/