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[Tribune] Sécurité : quand l’État français avoue son incompétence

En début de semaine, une joggeuse a été agressée à Nîmes. Son agresseur, qu’elle ne connaissait pas, l’a frappée au visage et a tenté de baisser son pantalon. Par chance, la jeune femme a réussi à s’enfuir et à éviter le pire… Mais suite à cette affaire, la préfecture du Gard a posté un avertissement qui a fait réagir : « Ne partez pas seul en forêt. »

Cet avertissement de la préfecture pourrait paraître de bon sens : la police n’est pas omnisciente et il peut arriver que des criminels en liberté mettent en danger le public momentanément. Mais en réalité, ce genre de message est loin d’être isolé. Depuis les années 1980 se multiplient, en France, des avertissements publics contre l’insécurité. Et ce que ces messages disent en substance, c’est : « Puisque l’État est incapable de faire respecter l’ordre, les citoyens doivent l’assurer eux-mêmes. »

Du conseil de bon sens à l’obligation de précaution...

Pensez aux « Attention aux pickpockets » dans les couloirs du métro ou les « Ne tentez pas les voleurs ». Autre exemple, parmi des centaines : la préfecture de l’Ariège, dans un document appelé « tranquillité vacances », conseille aux Ariégeois de faire relever leur courrier par des voisins, de « donner l’illusion que votre habitation est occupée », par exemple en mettant en place des minuteurs. Mais aussi, de manière générale, de se garer dans des endroits éclairés, de fermer les fenêtres des voitures « même en cas de fortes chaleurs », etc. Selon ce document préfectoral, ce sont tout simplement des « conseils de bon sens ». Mais gare à vous si vous ne les appliquez pas…

En effet, un magistrat a récemment condamné un promeneur à Mayotte qui s’est défendu contre deux délinquants connus de la police et lui a fait la morale, disant : « S’il y a des balades à faire à moto, c'est en métropole. » Ces conseils de bon sens, si vous ne les appliquez pas, deviennent presque des circonstances atténuantes pour les délinquants… Pourtant, l’État a le devoir d’assurer votre sécurité. Et vu le niveau d’imposition, on ne peut pas dire qu’il n’en ait pas les moyens…

L’État a le devoir d’assurer votre sécurité

Le droit français et international fait peser sur l’État la responsabilité de la sécurité. Le pacte international relatif aux droits civils et politiques, par exemple, énonce, en son article 9, que « tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne ». Mais également l’article L111-1 du Code de sécurité intérieure, qui dispose que « l'État a le devoir d'assurer la sécurité en veillant, sur l'ensemble du territoire de la République, à la défense des institutions et des intérêts nationaux, au respect des lois, au maintien de la paix et de l'ordre publics, à la protection des personnes et des biens ». Même le Conseil constitutionnel, que l’on sait plutôt timoré sur les questions de sécurité, a jugé que la « protection de la sécurité des personnes et des biens » était un principe constitutionnel.

Pourtant, entre 2008 et 2019, les vols simples ont augmenté de 21 %, les cambriolages de 37 %, approchant bientôt les 1.000 cambriolages par jour. Entre autres statistiques catastrophiques, notons également que, depuis 1989, le nombre d’agressions a été multiplié par 7

Ces avertissements sont autant de petits aménagements que l’État exige des citoyens ordinaires. Alors que, pendant longtemps, il était tout à fait normal de laisser ses clés sur le contact en cherchant sa baguette de pain, aujourd’hui, il n’est plus possible de se promener en forêt seul dans le Gard, selon la préfecture.

Tout cela, nous nous y habituons, et malgré toutes ces précautions obligatoires, les chiffres de l’insécurité n’en finissent pas d’augmenter. C’est vous dire la gravité de la situation.

Pierre-Marie Sève

https://www.bvoltaire.fr/tribune-securite-quand-letat-francais-avoue-son-incompetence/

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