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Immigration, la droite joue son avenir

Mon article ci-dessous, pour Figaro Vox visait à montrer: 1/ que tout n’est pas égal à tout (relativisme), et que la « droite au pouvoir », par-delà les déceptions, a fait des choses intéressantes en matière de politique migratoire de 2002 à 2012 avec des résultats même si tout ne fut pas parfait; 2/ L’arrivée de l’équipe Hollande en 2012 marque le début d’une perte de la maîtrise des flux migratoires (migration légale, asile, immigration illégale) qui depuis ne cesse de s’accentuer; 3/ Il est déjà possible de commencer d’agir efficacement sans bouleversement lourd et improbable (Constitution).

« Aucun gouvernement de droite n’a fait ce que notre groupe [LR au Sénat] s’apprête à réaliser [dans le cadre des amendements à l’actuel projet de loi immgration] » selon les propos que Le Point prête à M. Bruno Retailleau.Face au nouveau projet de loi sur l’immigration, la droite LaR se trouve à la croisée des chemins. Laminée aux élections présidentielles de 2022 avec moins de 5% des suffrages exprimés, ayant perdu la moitié de ses sièges aux législatives suivantes, écartelée entre la fulgurante poussée sondagière du RN et le réflexe légitimiste de son électorat retraité, tenté par le vote macroniste, la droite LR est confrontée à un enjeu crucial pour son devenir.

La question de l’immigration est au centre de ses difficultés aujourd’hui. La droite LR a intériorisée l’idée de son échec sur ce sujet pendant toutes les années où elle était au pouvoir, en particulier de 2002 à 2012. Sous le feu croisé des diatribes du parti lepéniste comme des partis de gauche, elle a intégré l’idée qu’elle avait échoué dans ce domaine. Ainsi, nul n’a jamais eu, semble-t-il, l’idée de défendre son bilan dans ce domaine. L’une des sources du malaise actuel de la droite LR est la fuite vers le RN ou vers Reconquête, d’un électorat persuadé qu’elle n’a rien fait en matière d’immigration.

De fait, il n’existe pas, il n’existera jamais de remède miracle pour régler d’un coup de baguette magique les questions qui préoccupent les Français dans ce domaine. Les slogans de type « immigration zéro » relèvent de la propagande et aucun régime politique au monde – autre que les systèmes totalitaires les plus féroces – n’a jamais réussi à créer un cordon sanitaire infranchissable. Dans ce domaine, les provocations, les coups de menton et les mensonges sont plus faciles que l’action concrète.

Dès lors, la droite LR n’a pas à rougir de son action entre 2002 et 2012. Les statistiques officielles des « premiers titres de séjour », accordés aux nouveaux migrants, (y compris les étudiants), montrent qu’elle est parvenue à conserver une certaine maîtrise du flux migratoire. Sur une dizaine d’années entre 2002 et 2012, celui-ci a été à peu près stabilisé : 186 000 en 2002, 183 893 en 2008, 191 494 en 2009, 191 346 en 2011.

Puis, dès 2012, à la suite de l’arrivée de M. François Hollande à l’Elysée, une forte augmentation s’est produite : 210 940 en 2014, 215 220 en 2015, 242 000 en 2017, 255 550 en 2018, 276 576 en 2019, 315 000 en 2022 (après la parenthèse des années covid). C’est alors que la France semble avoir perdu la maîtrise de son immigration.

D’ailleurs, en matière de nombre des demandeurs d’asile, la tendance est exactement conforme : 45 000 en 2004, 40 464 en 2011, 64 536 en 2014, 80 075 en 2014, 100 412 en 2017, 122 743 en 2018, 150 000 en 2022…

Même constat pour l’aide médicale d’Etat qui bénéficie aux migrants en situation illégale donc fournit un étalon de mesure de leur nombre. Les bénéficiaires étaient 180 415 en 2003, 209 000 en 2010, puis 316 000 en 2015 et 403 144 en 2022.  

Par ailleurs, des réformes importantes et effectives ont été accomplies entre 2002 et 2012 : la loi du 24 juillet 2006 qui conditionne le regroupement familial à la taille du logement et au revenu d’un travail permettant l’accueil de la famille dans des conditions conforme à la dignité. Depuis, les statistiques du regroupement familial sont stabilisées autour de 25 à 30 000 bénéficiaires chaque année.

La loi du 16 juin 2011, abrogée sous le quinquennat de François Hollande, créait une rétention administrative de 5 jours par décision du préfet (le temps d’organiser le rapatriement d’un étranger en situation irrégulière), supprimée en 2016 pour revenir à 48 heures – aggravant la paralysie de la mise en œuvre des OQTF (ou mesures d’éloignement).

La loi du 20 novembre 2007 imposait une formation à la langue française et aux « valeurs de la République » et le passage d’un test à tout demandeur de visa d’immigration avant même l’entrée en France. Elle a été aussi abolie sous le quinquennat de M. Hollande.

De même, entre 2006 et 2012 a été mise en place une politique d’accords d’immigration (ou « gestion concertée des flux migratoires ») avec 15 pays d’origine, facilitant la mobilité à travers des visas de circulation, en contrepartie d’une coopération en matière de reconduites à la frontière. Certes, cette politique – abandonnée en 2012 – n’a pas permis d’obtenir tous les résultats espérés mais elle ouvrait des pistes intéressantes de dialogue avec les pays d’origine dans un esprit gagnant-gagnant.

Ainsi, la droite LR, comme minée par la mauvaise conscience relative à son action en matière d’immigration, est déchirée entre la tentation du ralliement à la majorité macroniste – au risque d’être assimilée au bilan des onze dernières années et de disparaître définitivement absorbée par Renaissance – et celle de la fuite dans des propositions mirifiques mais qui ont peu de chance de jamais voir le jour : référendum, réforme constitutionnelle, sortie de la CEDH. La moindre des choses serait d’abord et avant tout de réclamer le rétablissement point par point d’une politique qui n’a pas si mal réussi entre 2002 et 2012.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2023/11/01/immigration-la-droite-joue-son-avenir/

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