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De la rencontre entre Xi et Biden

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La réunion annuelle, des 21 pays membres du l'APEC à San Francisco aura été exceptionnellement marquée par un aparté sino-américain. Cette rencontre, le 15 novembre, entre les deux dirigeants les plus puissants du monde, Joe Biden et Xi Jinping, revêt une importance inédite. Le président chinois en a clairement résumé la teneur en déclarant à son interlocuteur : « la Terre est assez grande pour nous deux ».

Vouée depuis 1989 à la croissance économique d'une région qui leur semble si lointaine, l'APEC n'émeut pas outre mesure nos médias hexagonaux. Seul État européen représenté dans le Pacifique, la France y possède pourtant des territoires d'outremer et un immense espace maritime. Nos dirigeants ne semblent pas plus préparés à les défendre qu'à les mettre en valeur.

Au détriment de la régularité de cette chronique, ce dont certains amis commençaient à s'inquiéter, tout ceci ne fait qu'inciter puissamment l'auteur de ces lignes à accélérer un certain travail, –  auquel il se consacre depuis des mois et qu'il voudrait achever avant le 31 décembre : la rédaction d'un livre consacré à la Chine, et à la préparation d'un autre centré sur la dérive islamo-nationaliste de la Turquie d'Erdogan...

Or, précisément sur ces deux terrains les faits s'amoncèlent.

L'objectif essentiel visé par Biden, dans ses relations avec Xi Jinping serait, si j'en crois le très mondialiste New York Times de ce 15 novembre, « d'éviter une spirale de conflit » entre les deux hyperpuissances rivales en Asie-Pacifique.

Sauf surprise, on ne saurait donc s’attendre entre Biden et Xi Jinping à une surenchère sur les sujets qui fâchent et les questions brûlantes. Le même New York Times parle ainsi de la mise au point des « grandes lignes d'un accord qui engagerait Pékin à réglementer les composants du fentanyl, drogue responsable d'une épidémie dévastatrice d'opioïdes aux États-Unis. »

En pleine guerre d'Ukraine et au moment même de la crise de Gaza, on peut difficilement se contenter d'une telle avancée.

Par exemple le démocrate Biden n'envisage pas de s'engager que le terrain de Nancy Pelosi, chef de la minorité de son parti au sein de la Chambre des représentants, qui milite pour les défenseurs de la liberté en Chine et à Taïwan.

Le catholique Biden ne se propose pas non plus de protester contre la répression impitoyable qui vise, en Chine communiste, sans répit depuis 1949, toutes les religions, et particulièrement le christianisme.

Je ne puis donc à ce sujet que recommander à mes amis de visionner le remarquable et passionnant documentaire publié ce 23 octobre par la chaîne Arte.

Bien au-delà du titre de ce film Travail forcé, le SOS d'un prisonnier chinois,le réalisateur nous montre les traits essentiels du cauchemar esclavagiste totalitaire, que Xi Jinping ses laquais propagandistes et ses admirateurs osent présenter comme la réalisation d'un « rêve ». Les fondateurs du goulag soviétique en rêvaient, le lao-gaï chinois l'a fait, transformant les centres de détention en centre de profits pour leurs oligarques et affairistes.

La moindre conclusion civique que l'on peut en tirer sera certes de cesser d'acheter des produits fabriqués en Chine, en particulier pour Noël. Mais il convient d'aller, évidemment plus loin, en commençant par la diffusion amicale systématique du lien permettant de visionner ce film.

https://www.arte.tv/fr/videos/109846-000-A/travail-force-le-sos-d-un-prisonnier-chinois/

Il me semble lamentable que nous encouragions une sous-traitance industrielle quelconque avec ce régime, car c'est bien de cela qu'il s'agit.

Pour la première fois depuis 25 ans, certes, la Chine a enregistré, au cours du 3e trimestre de cette année, un déficit d'investissements étrangers de 11,8 milliards de dollars. Les données officielles établissent en effet que nombres d'entreprises étrangères retirent désormais plus d’argent de Chine qu’elles n’y investissent.

Les raisons de cette nouvelle tendance tiennent selon les économistes au ralentissement de la croissance du pays, à certains doutes quant à son potentiel économique, à l'évolution des taux d'intérêt et à la lutte géopolitique avec les États-Unis.

Hélas, il semble remarquable en revanche que la nature totalitaire du pouvoir communiste n'intéresse que si peu d'Occidentaux. Elle se révèle, pourtant, en décalage absolu avec les perspectives de libéralisation tant de fois annoncées.

On nous incitait déjà à applaudir d'avance, entre 1976 et 1997, au temps de la remise en ordre inspirée par Deng Xiaoping. Cette année-là par exemple la Grande-Bretagne rétrocédait Hong Kong, symbole de liberté, à la tutelle du continent, par un accord que le régime de Pékin allait violer quelques années plus tard. Étape suivante, en décembre 2001 : la soi-disant communauté internationale célébrait l'admission, au sein de l'OMC, du géant asiatique. Cette brillante opération fut évidemment réalisée à des conditions discrètement dérogatoires notamment quant au contrôle des changes. On supposait qu'elle conduirait au rapprochement des peuples, par le seul effet du « doux commerce ».

Chère à Montesquieu, cette idée engendra bien des désillusions dès le XVIIIe siècle.

Appliquée à un immense partenaire tel celui de Pékin elle lui permet, par l'énormité des moyens financiers et technologique qu'il accumule, de construire un monstre. Par sa formule citée plus haut en direction du président américain, « la Terre est assez grande pour nous deux », ce monstre semble lui proposer de partager la Planète, en se contentant de la moitié.

Pas plus qu'au lendemain de Yalta, nous ne pouvons l'accepter.

JG Malliarakis 

https://www.insolent.fr/2023/11/de-la-rencontre-entre-xi-et-biden.html

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