Le gouvernement hongrois veut criminaliser le financement étranger des partis politiques et mettre en place une autorité de surveillance des ONG, dans le cadre d’un paquet législatif déposé mardi soir (21 novembre) qui suscite des inquiétudes.
Destinée à «protéger la souveraineté» du pays d’Europe centrale, cette mesure est vue par les détracteurs du Premier ministre nationaliste Viktor Orban comme une nouvelle offensive pour museler les contre-pouvoirs.
«Cette législation ferme la porte à toute tricherie électorale et prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à trois ans de prison pour quiconque utiliserait des fonds étrangers dans une campagne», a déclaré sur Facebook Mate Kocsis, chef du groupe parlementaire du parti gouvernemental Fidesz.
Une autorité spécialisée, inscrite dans la Constitution, doit également voir le jour. Elle aura pour mission «d’identifier et d’enquêter sur les organisations qui reçoivent de l’argent de l’étranger» dans le but «d’influencer le choix des électeurs».
Avec ce texte de 22 pages disponible sur le site du Parlement, le gouvernement durcit son arsenal avant les élections municipales et celles au Parlement européen organisées en juin 2024.
Dans une consultation nationale lancée la semaine dernière, il accuse Bruxelles et «diverses organisations» de «distribuer des milliards d’euros» à l’opposition avec à l’appui, des affiches ciblant la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et Alexander Soros, héritier du milliardaire américain George Soros, bête noire d’Orban en raison de son soutien financier aux causes libérales dans le monde.
«Ne dansons pas à leur rythme», peut-on lire sur ces grands panneaux placardés dans les rues de Budapest.
D’après plusieurs rapports officiels déclassifiés peu après les législatives d’avril 2022, la coalition de l’opposition aurait reçu plus de trois milliards de forints (environ huit millions d’euros) pour sa campagne en provenance d’une ONG basée aux États-Unis.
Des accusations démenties par les partis anti-Orban selon lesquels les fonds provenaient de membres de la diaspora hongroise.
En 2017, le Premier ministre avait déjà adopté une loi ciblant les ONG obtenant des financements étrangers mais il avait dû l’abroger après une mise en demeure de l’UE.
source : Euractiv