Le plus sage est sans doute de ne s’attendre à rien. La meilleure façon de n’être pas déçu et, surtout, la meilleure manière d’être de droite, c’est-à-dire réaliste.
Le 1er janvier 2022, le drapeau européen sous l'Arc de Triomphe
Car si le Président français était guidé par l’intérêt de la France et de son peuple, et eux seuls, il chamboulerait toutes les arcanes du pouvoir, du sol au plafond. Il tournerait la page, modifierait les institutions et suivrait le cap de l’indépendance et de l'intérêt du pays, enfin, comme le fit de Gaulle en revenant au pouvoir en 58 après la désastreuse Quatrième République (la question algérienne mise à part). Mais voilà, ce ne serait plus Emmanuel Macron, prêt à sacrifier les intérêts de ceux qui l’ont élu sur l’autel de l’Europe, du monde, de l’exemplarité fumeuse et de l’Autre, celui que Jean Raspail, dans la préface de la réédition du Camp des saints, appelait Big Other. Ce ne serait plus l’homme qui, le 1er janvier 2022, a étendu le drapeau européen sous l’Arc de Triomphe, sur la tombe du Soldat inconnu mort pour la France, ni celui qui a pris prétexte des Jeux olympiques à venir pour noyer le drapeau français - celui que portent avec respect nos militaires - dans une farandole de drapeaux européens, un parmi d’autres, en décor de fond lors de son allocution du 1er janvier.
La logique voudrait qu’en bon politicien, Macron adapte la couleur de son gouvernement à un pays qui glisse de plus en plus rapidement vers la droite, si l’on en croit les sondages, au grand désespoir de la NUPES, qui ressemble de plus en plus aux occupants d’une pirogue pagayant sur le sable. Cette logique voudrait que l’hôte de l’Élysée remplaçât un Premier ministre techno de gauche, froid et idéologue, en complet décalage avec les préoccupations des Français, par une personnalité apte à cueillir et à rassurer les électeurs du centre droit. C’est le cas de Lecornu, surtout de Bruno Le Maire. Le ministre de l’Économie apaiserait ceux dont la boussole politique suit le cours du CAC 40. À tort, mais c’est un autre débat.
Lorsqu'on aime son pays, on peut se poser la question : une telle nomination, un remaniement changeront-ils le destin de la France si abîmée ? Poser la question, c’est y répondre. Entre un changement de masque et pas de changement du tout… D’autant que le pouvoir, encore plus personnel et concentré sous Macron qu’il ne l’était sous Sarkozy, demeure apparemment sans cap et sans colonne vertébrale. Où va Macron, qui nomme un jour Pap Ndiaye et le remplace par Gabriel Attal ? Ou va Macron, qui se félicite un jour des coups portés contre le nucléaire, avant de rétablir notre outil énergétique ? Le Président donne le sentiment de gérer une mer houleuse par tous les moyens, mais sans gouvernail : on écoute les gilets jaunes, on promet, on oublie, on change de braquet. Et on recommence ailleurs. Les paroles passent, le roseau plie.
Le cap mondialiste
Pourtant, le Président français a bien un objectif, une ambition, une feuille de route fixe, une colonne vertébrale : c’est celle du mondialisme, dont il ne dévie jamais. Ce mondialisme à l’œuvre dans toutes les mesures de l’Europe supranationale qui défait peu à peu les patries dispose du soutien sans faille de la France macronienne. Macron apparaît soudain sous cet angle en ouvrier solide, travailleur, enthousiaste, cohérent. En bon élève ambitieux qui ne doute jamais. Le reste, l’Éducation nationale, Matignon, l’immigration en France, la sécurité des Français, leur pouvoir d’achat, tout cela peut changer de mains, de cap et d’objectifs, c’est sans importance. Un pilotage à la petite semaine convient très bien. La démolition à visage humain.
Remaniement ou pas, Macron gardera le manche du pouvoir et le cap mondialiste, rien ne changera et les Français le savent.
Marc Baudriller
https://www.bvoltaire.fr/macron-vous-le-preferez-avec-ou-sans-dissolution/