Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[Point de vue] Contre le RN, ils ne savent plus quoi inventer : et maintenant, la proportionnelle !

C’est curieux, pour des défenseurs acharnés de la démocratie, la rage que mettent les héritiers de la Révolution à faire taire, par la procédure ou par la violence, tout ce qui ressemble à une opposition. Enfin, non, ce n’est pas vraiment curieux. « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté », disait Saint-Just parlant des royalistes. Fouquier-Tinville, lointain précurseur de nos commissaires politiques d'aujourd'hui, profita de la Grande Terreur à Paris (on peut relire, à ce sujet, l’ouvrage de Joachim Bouflet) pour faire exécuter des centaines d’innocents avec une cruauté qui annonce déjà les procès de Moscou.

Quand on s’oppose à leurs desseins, les destructeurs se cabrent dans d’atroces sifflements, comme le dragon démoniaque frappé par saint Michel. Si c’est le peuple qui vote mal, on adopte le traité de Lisbonne. Si c’est le peuple qui pense mal (sur l’insécurité, les statistiques ethniques, le Grand Remplacement ou l’islamisation), on se passera de son avis. Si l’opposition est minoritaire, on peut envisager de tabasser ses militants et d'interdire à ses figures de parler en public (à Sciences Po, par exemple). Si cette opposition a une certaine audience, on tente de la faire interdire (c’est le cas de CNews). Enfin, si, malgré tout cela, l’opposition devient majoritaire, on trouve des stratagèmes pour la faire taire sans la faire disparaître physiquement. C’est ce dernier cas qui nous intéresse.

Passer à la proportionnelle

Un collectif globalement de gauche vient de signer dans Le Monde une bien étrange tribune. Des personnages, pour certains parfaitement anonymes (MoDem, écolos, « politistes »), pour d’autres tristement célèbres (Raquel Garrido, Jérôme Guedj, Daniel Cohn-Bendit), y demandent d’insérer une dose de proportionnelle dans les élections législatives. Cela permettrait, disent-ils sans rire, une représentation plus juste du poids des « territoires » (ce qui n’est pas idiot) mais, surtout, le véritable objectif serait d’empêcher le Rassemblement national d’accéder au pouvoir. C’est écrit en toutes lettres : « Pendant quarante ans, le mode de scrutin actuel a contribué à sous-représenter le Front national, puis le RN, sans freiner pour autant sa progression. Au contraire, il l’a aidé à s’enraciner comme parti protestataire en lui évitant d’avoir à prendre ses responsabilités à l’Assemblée nationale. » Et les signataires de poursuivre leur diatribe : « Mais aujourd’hui, ce même mode de scrutin risque de transformer la progression du RN en un raz-de-marée qui lui permettrait de mettre en œuvre sans entrave son programme irresponsable, pro-Poutine, xénophobe et liberticide. Pour toutes ces raisons, il est urgent d’adopter un mode de scrutin proportionnel pour les élections législatives de 2027, comme c’est déjà le cas chez la plupart de nos voisins européens. » Allons, soyons fous : ne serait-il pas plus « urgent » de supprimer carrément le suffrage universel, ça nous ferait gagner du temps ?

Empêcher le peuple de s’exprimer… quand il s’exprime mal

Traduisons tout cela. La proportionnelle de 1986 avait permis à des députés FN d’entrer à l’assemblée. On avait vite fermé les vannes : c’était bien trop… nauséabond. Maintenant que le mode de scrutin – sans proportionnelle - laisse envisager une victoire du RN, il est temps de rechanger les choses. Tout se passe comme si le mode de scrutin n’avait pour seul but que d’empêcher le peuple de s’exprimer… quand il s’exprime mal. Regardez-les parler du RN : c'est un peu d'eux qu'ils parlent. « Irresponsable », disent les soutiens du déficit de Bruno Le Maire ; « pro-Poutine », forcément, disent-ils dans un réflexe pavlovien qui devient lassant ; « xénophobe », disent ces soutiens des antisémites du Hamas ; « liberticide », disent ceux qui imposaient, pendant le Covid, que l’on boive son café debout et veulent, aujourd’hui, criminaliser les propos tenus en privé. À ce stade d’insultes absurdes, c’est le syndrome de Gilles de La Tourette dans sa version bobo.

Comble d’amusement : Jean-Yves Le Gallou rappelle malicieusement qu’un collectif semblable avait, en 1992, exigé le maintien du scrutin majoritaire (contre la proportionnelle) pour faire barrage au FN.

Arnaud Florac

https://www.bvoltaire.fr/point-de-vue-contre-le-rn-ils-ne-savent-plus-quoi-inventer-et-maintenant-la-proportionnelle/

Les commentaires sont fermés.