Bernard Germain
Commençons par regarder les chiffres définitifs du ministère de l’Intérieur avant de donner une opinion.
Au 1er tour :
- RN obtient 9.379.092 voix (29,26 %) et 37 élus dès ce 1er tour
- NFP obtient 8.995.226 voix (28,06 %) et 32 élus dès ce 1er tour
- Macronistes obtiennent 6.425.707 voix (20,04 %) et 2 élus dès ce 1er tour
- LR (droite molle) obtient 2.106.166 voix (6,57 %) et 1 élu dès ce 1er tour
- LR (Ciotti) obtient 1.268.822 voix (3,96 %) et 1 élu dès ce 1er tour
Au second tour :
- RN obtient 8.744.409 voix (32,05 %) et 88 élus au second tour
- NFP obtient 7.005.336 voix (25,68 %) et 146 élus au second tour
- Macronistes obtiennent 6.314.425 voix (23,15 %) et 148 élus au second tour
- LR (droite molle) obtient 1.474.650 voix (5,41 %) et 38 élu au second tour
- LR (Ciotti) obtient 1.364.964 voix (5,00 %) et 16 élus au second tour
Au total, en nombre de députés :
- RN obtient 125 députés
- LR (Ciotti) obtient 17 députés
La droite nationale obtient donc 142 députés ce qui représente 21,66 % des députés élus alors qu’ils ont plus de 37 % des électeurs du second tour. Presque 2 fois moins de députés que de pourcentage de voix !
- La gauche NFP obtient 194 députés alors qu’elle n’a que 25,68 % des votes au second tour
- Les macronistes obtiennent 163 députés alors qu’elle n’a que 23,15 % des votes au second tour
- LR (droite molle) obtient 66 députés alors qu’elle n’a que 5,41 % des votes au second tour.
Ces chiffres appellent à l’évidence certains commentaires, car de prime abord, c’est incompréhensible.
Le RN et LR (Ciotti) avec plus de 10 millions de voix n’obtiennent que 142 élus au total.
Tandis que NFP, les macronistes et LR (droite molle) avec chacun beaucoup moins de voix que le RN obtiennent chacun beaucoup plus de députés, notamment la gauche et les macronistes.
Comment expliquer cette incohérence mathématique et surtout politique ?
Plusieurs éléments ont contribué à ce qui constitue au final une vraie escroquerie politique et morale.
Tout d’abord, Macron avec sa dissolution a tendu un piège au RN. L’idée était que s’il continuait 3 ans avec sa politique et son gouvernement cela revenait à offrir sur un plateau le pouvoir à Marine Le Pen en 2027. Macron s’est donc dit qu’il fallait brûler les ailes du RN durant les 3 ans avant 2027.
Donc Macron a tendu un piège au RN en lui donnant l’opportunité, sur sa lancée des élections du 9 juin, d’obtenir un score les 30 juin et 7 juillet qui pouvait lui ouvrir les portes du pouvoir. Et tout le monde de reprendre « Bardella va-t-il être le Premier ministre ? », question à laquelle on peut en rajouter une seconde « Le RN a-t-il les compétences pour gouverner, qui seront ses ministres ?».
Au lieu de se méfier, le RN a commis un péché d’orgueil et a accepté d’aller sur ce terrain qui était miné, au lieu de répondre sagement « Il n’est pas temps de discuter du poste de Premier ministre, il faut d’abord gagner le second tour pour répondre aux attentes des Français. Il sera temps ensuite, selon les résultats d’étudier la situation et de voir ce que l’on fait ».
Le RN aurait dû se souvenir de ce que disait La Fontaine : « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute ». Et malheureusement le RN a écouté les flatteurs et s’est vu très beau et à Matignon...
Cette faute a par ailleurs donné l’occasion à toute la gauche, aux macronistes et aux LR (droite molle) de lancer une incroyable campagne sur le thème « Nous devons tous nous unir pour faire barrage au RN et lui bloquer l’accès au pouvoir ». Le pire étant que ça a marché. Pas un mot a sur les programmes.
C’est là, du moins je l’espère, que Marine Le Pen devrait comprendre que d’avoir exclu son père, Jean-Marie Le Pen, et pratiqué la dédiabolisation du RN pendant 10 ans n’a servi absolument à rien. Elle et le RN sont toujours autant détestés. Ils ne seront jamais aimés par la gauche et les bien pensants. Alors pourquoi abandonner les unes après les autres toutes les positions fondamentales du FN devenu RN ?… et pourquoi s’entêter dans cette voix ?
De plus, rien d’étonnant à ce qu’une partie significative du « peuple » se laisse embobiner par la gauche et les bien pensants, car depuis 43 ans la gauche, la droite molle et les médias lavent le cerveau des gens, dès l’école, en leur répétant en boucle que le péril fasciste guette la France. C’est comme cela qu’ils arrivent à se maintenir au pouvoir depuis des décennies même s’ils sont responsables du désastre que connaît notre pays.
Et donc, comme tout le monde s’est mis à entonner ce refrain « anti fasciste » (sauf bien sûr le RN et Ciotti) les Français qui ne réfléchissent guère ou qui ne s’intéressent pas à la politique sauf la veille des élections, en ont déduit que si autant de gens le disaient, c’était sans doute vrai. Donc ils ont voté comme le disait le camp du bien.
Ajoutons que les désistements les plus improbables ont eu lieu, ce qui a fini de complètement déboussoler les plus fragiles idéologiquement.
Pourtant, ils auraient dû être alertés tous ces braves gens qui ont accepté de « faire barrage » :
- LFI se désistant et faisant élire Élisabeth Borne, celle qui a fait passer en force la réforme des retraites
- LFI se désistant et faisant élire Gérald Darmanin, le chef de « la police qui tue »
- LFI présentant et faisant élire Raphaël Arnault, le chef ultra violent des antifas de Lyon (triple fiché S) avec l’appui du PS et des macronistes qui ont appelé à voter pour lui
- … etc.
Mais non, les gentils castors qui ont accepté de faire barrage, ont donné les moyens au système de réaliser le « miracle », l’arnaque en fait, auquel nous avons assisté. Alors que le RN a largement obtenu plus de 35 % des voix (confirmant le vote des européennes) il se retrouve avec une victoire volée ainsi qu’au peuple français, et un nombre de députés sans rapport avec le nombre de votes des Français.
Au lieu d’avoir moins d’immigration, moins d’insécurité et moins d’impôts, c’est le contraire qui va se produire, alors que tous les sondages disent que 70 % des Français veulent l’arrêt de l’immigration, de l’insécurité et une amélioration de leur niveau de vie.
Tous ces bien pensants et cette gauche sont au sens strict du terme les fossoyeurs de la démocratie.
On notera aussi que le système de la V° république favorise dans le scrutin uninominal à deux tours, celui qui gagne. Et l’autre perd tout, sans tenir compte de son nombre de voix.
Si l’on reprend les chiffres, il y a eu un nombre élevé de circonscriptions où le RN échoue avec des scores supérieurs à 45 % et même compris entre 49 et 50 %. Donc, le RN a perdu dans ces circonscriptions pour quelques voix seulement. Mais, il n’y a pas de proportionnelle, donc les voix de ceux qui sont arrivés en second sont perdues.
C’est ce qui explique qu’en nombre de voix le RN est le vrai gagnant, mais en nombre de sièges, il est perdant.
Enfin, on n’oubliera pas non plus de relever, qu’alors qu’il paraît que les violences imaginaires de « l’ultra droite » menacent le pays, celles bien réelles de la gauche ont été visibles dans de nombreuses villes de France le soir même des élections, notamment à Paris autour de la place de la république. De multiples violences et dégâts y ont été commis, ainsi qu’à Rennes, Nantes,… etc.
Aujourd’hui, l’assemblée qui a été élue est ingouvernable. Il y a 3 blocs de taille approximativement égale.
Gabriel Attal ce matin a présenté sa démission à Emmanuel Macron qui l’a refusée.
Chacun comprend que cette démission n’est pas recevable car il y a notamment les jeux olympiques à piloter.
Pour l’avenir, la seule possibilité, ce serait qu’une « majorité » se dégage avec la gauche (sans LFI), les macronistes et les LR (droite molle). Bien sûr sans le RN.
Ce qui ne sera pas simple à mettre en œuvre, tout particulièrement parce que Mélenchon ne va certainement pas trouver cela acceptable. Et il se fera un devoir de rappeler à ceux, à gauche, qui seraient tenter par ce projet que s’ils le font n’auront pas l’appui de LFI lors des prochaines élections. Et si l’on regarde les résultats des européennes, ont voit bien que sans le NFP, ils n’auront aucune chance d’avoir des élus. Cornélien ce choix...
Reste que plusieurs points sont de sacrés problèmes, et à très brève échéance.
Ainsi, le vote du budget à l’automne va être la première échéance. L’autre échéance, c’est l’obligation pour la France de commencer à rembourser le « quoi qu’il en coûte » (600 milliards de dettes) avant la fin de l’année.
Si la France ne s’exécute pas, il n’est pas impossible que le FMI ne mette notre pays sous tutelle.
Les semaines et les mois qui viennent vont être décisifs pour l’avenir du pays. La crise est très loin de son terme.