Officiellement, plus de 26 000 membres de l’appareil sécuritaire et des forces terrestres de l’ex-Union soviétique (NKVD, MGB puis KGB, gardes-frontière, police, etc.) sont morts entre 1945 et 1955 en combattant la guérilla Bandériste en Ukraine avec pour point focal la ville de Kharkov. Ces statistiques officielles omettent totalement les pertes incommensurables subies par les forces soviétiques entre 1941 et 1944 en Ukraine.
C’était une guerre oubliée derrière le rideau de fer, sans merci à l’époque et où tous les coups bas étaient permis. Il y avait des attentats terroristes passés sous silence, des empoisonnements, des sabotages d’infrastructures industrielles et technologique sur fond de subversion souterraine permanente. Exploitant ce potentiel élevé de révolte armée, Washington et Londres avaient parachuté des armes et des munitions en plein URSS à l’époque afin d’aider les ultranationalistes mais le KGB avait fini par écraser les partisans ukrainiens en dépit de l’opposition tactique des politiques, notamment après l’avènement de Nikita Khrouchtchev, un natif d’Ukraine, moins par idéologie que par un biais régionaliste. Car si Khrouchtchev était un pur produit du parti communiste soviétique, il était Ukrainien avant tout.
Des informations évoquent un lien direct entre le terrorisme des partisans ultranationalistes ukrainiens et la catastrophe de Nedelin, survenue le 24 octobre 1960 au niveau du Cosmodrome de Baïkonour durant laquelle un prototype du premier missile balistique intercontinental soviétique, le R-16 (code OTAN: SS-7 Saddler) fut détruit sur le pas de lancement 41, tuant un nombre indéterminée de techniciens et de militaires (entre 126 et 300). Cet événement passé sous silence jusqu’au 16 avril 1989. Khrouchtchev nomma Brejnev à la tête d’une Commission d’enquête et les familles des victimes dont le chef du projet Nedelin, furent notifiées de la mort de leurs proches dans un accident d’avion. Cet attentat déguisé en accident a retardé le développement des ICBM soviétiques et a conduit Moscou à déployer des missiles balistiques de courte portée sur l’île de Cuba, déclenchant une crise majeure avec les États-Unis ayant failli déboucher sur un conflit nucléaire entre les deux blocs.
Stepan Andriïovytch Bandera, né le 01/01/1909 dans la province de Kalouch, en Galicie (actuel Oblast d’Ivano-Frankivsk), dans l’Est de l’Empire austro-hongrois et mort assassiné le 15 octobre 1959 à Munich, en Allemagne. Il a été l’un des leaders de l’armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) et le chef de l’Organisation extrémiste des Nationalistes ukrainiens OUN-B en lutte contre l’ex-URSS et la Pologne. Il n’hésite pas à collaborer avec l’Allemagne National-Socialiste et la Wehrmacht. La Gestapo et l’Abwehr protègent Stepan Bandera l’estimant utile dans leur guerre contre l’URSS de Staline. De fait, les populations ukrainiennes accueillent en libérateurs les forces allemandes à Lvov le 30 juin 1941 et Bandera reçoit des millions de Reichsmarks pour la création d’une future armée ukrainienne qui bénéficiera du soutien de l’Allemagne dans la guerre contre l’Armée rouge. Cependant Hitler refuse de reconnaître un éventuel État ukrainien indépendant, objectif de Bandera, et celui-ci sera assigné à résidence en compagnie de son gouvernement par les Allemands. En septembre 1944, Bandera appelle les Ukrainiens à prendre les armes contre l’avancée soviétique et envoie des troupes de l’OUN-B et l’UPA pour combattre aux côtés des forces allemandes en difficulté puis en retrait. Jusqu’en 1945, les journaux nazis en Allemagne qualifient l’UPA de Bandera de « combattants ukrainiens pour la liberté ». Après la chute de l’Allemagne, Bandera se réfugie en zone américaine à Munich.
En 1946, l’URSS demande au général US Franklin C. Sibert la remise de Bandera. Sibert répond que Bandera est un employé de Reinhard Gehlen et que l’endroit où il se trouve demeure inconnu. Le général Gehlen était un des conspirateurs contre Hitler et un agent des services secrets alliés au sein de la Wehrmacht. Il collabora activement avec les États-Unis après la guerre dans des projets d’une extrême importance stratégique et fut le fondateur du BND (services secrets) de la République fédérale d’Allemagne.
Le rôle de l’Organisation Gehlen dans la mise en place de la guerre froide est extrêmement important. Elle recruta également des milliers d’anciens Nazis pour mener des actions clandestines, des sabotages et des attaques derrière le rideau de fer en aidant la guérilla banderiste ukrainienne dont les éléments combattaient jusqu’en 1959. Cela conduit le KGB à mener une guerre secrète en inflitrant les services secrets britanniques (Mi5 et Mi6) mais aussi allemands qui accueillent des centaines d’agents anticommunistes d’Europe orientale. Les assassinats d’agents des deux côtés ne se comptent plus et le KGB parvient à assassiner Stepan Bandera le 15 octobre 1959 à Munich.
Des décennies plus tard, la bête qui a aidé les forces allemandes à envahir l’ex-URSS en 1941 s’est relevée et est soutenue par l’ensemble de l’Occident dans une reprise d’une œuvre inachevée depuis plus de 80 ans par l’adoubement d’un gouvernement ukrainien s’inspirant du militantisme de Bandera poussé vers un militarisme ayant abouti à un conflit destructeur et meurtrier pour affaiblir la Russie dans le cadre d’une lutte globale pour l’hégémonie mené par Washington.
Il y a des constantes en histoire qu’il serait dangereux d’ignorer.
source : Strategika 51