Au moment de l’accident, le bourreau de Kamilya roulait à tombeau ouvert au guidon d’une moto puissante et réalisait ce que les connaisseurs appellent une « roue arrière ». La petite fille vient ainsi s’ajouter à la longue liste des victimes du rodéo urbain, cette pratique très en vogue dans certaines banlieues. En avril 2024, un policier de Schiltigheim avait été blessé par un jeune motard au cours d'un de ces rodéos. Jeudi dernier, c’est un autre jeune réalisant une « roue arrière » qui s’est tué près de Toulouse en percutant une voiture alors qu’il roulait à toute vitesse. Le lendemain, deux femmes ont été grièvement blessées, à Nanterre, par un individu circulant sur une moto-cross. Après l'accident, le conducteur a récupéré son véhicule avant de courageusement prendre la fuite, laissant les malheureuses sur place.
En juillet 2020, Libération s’était déjà essayé à la même rhétorique. Un papier élogieux avait alors été consacré à un groupe de motards qui demandait « la reconnaissance à part entière de la discipline pour sortir de l’illégalité ». On se souvient aussi du film Rodéo, de Lola Quivoron, qui avait été présenté à Cannes en 2022 sous les vivats de la Croisette. Il avait été salué par toute la bien-pensance comme un long-métrage « choc », sur cette magnifique « culture du cross-bitume ». Très emballé, Libération avait salué un « film captivant », « furieux et vivant », qui « donne envie de faire partie de ce barouf propre à la bike life ». Ou pas.
Mais cette fascination morbide pour cette voyoucratie de rue ne s’arrête pas là. Plus que de faire l’éloge d’une pratique interdite, il s’agit surtout d’en contester la dangerosité et de culpabiliser un peu plus la police. Libération avait critiqué, en août 2022, la terrible « politique sécuritaire » de l’État contre les rodéos urbains et suggéré la mise en place d’« alternatives au coup d’accélérateur répressif ». Dans une vidéo mise en ligne le 22 mai 2022 par le média progressiste Konbini, la même réalisatrice de Rodéo Lola Quivoron avait déclaré que le rodéo urbain était une pratique « mal comprise », injustement « criminalisée à mort », et que « les accidents sont souvent causés par les flics, qui prennent en chasse, qui poussent les riders vers la mort ». Ben voyons !
Le lendemain de la publication de cette interview, un garçon de 5 ans avait été renversé et blessé au visage, en Seine-Saint-Denis. L’enfant n’avait pas été la victime de la police mais d’un « groupe de jeunes » se livrant à des rodéos urbains. CQFD.
La glamourisation d’un vrai fléau
Cette pratique illégale ayant trouvé l’essentiel de ses adeptes dans nos cités, la gauche médiatique ne pouvait, bien entendu, y voir qu’une magnifique culture à promouvoir. Ce samedi, comme l'évoquait Arnaud Florac, la chercheuse Isabelle Veyrat-Masson a encore fait des siennes sur BFM TV en affirmant que « ces jeunes qui font des rodéos, ce ne sont pas des voyous, ils s'ennuient »... Les pauvres petits.