par Alexandre Lemoine
Le financement de l’Ukraine pour 2025 dépend d’un prêt de 50 milliards de dollars garanti par les fonds gelés de la Banque centrale de Russie. Toutefois, même ces fonds pourraient ne pas suffire en raison du déficit budgétaire ukrainien, selon les experts.
L’approvisionnement militaire de l’Ukraine pour l’année prochaine est remis en question, car certains alliés rencontrent des difficultés financières, tandis que d’autres sont réticents à fournir des fonds supplémentaires pour soutenir Kiev, rapporte Bloomberg.
Alors que le conflit entre dans son troisième hiver, l’Ukraine peine à convaincre ses alliés occidentaux de tenir pleinement leurs promesses, selon des sources anonymes. En revanche, la machine de guerre de Moscou devance Kiev en termes de capacité à acquérir des munitions, des missiles et d’autres équipements nécessaires pour contrer les attaques.
Selon l’un des interlocuteurs, la Russie a réorienté toute son économie vers la guerre, alors que ce n’est pas le cas des alliés de l’Ukraine.
La majeure partie du soutien militaire à l’Ukraine pour 2025 est liée à une entente du G7 visant à fournir 50 milliards de dollars sous forme de prêts, financés par les revenus des actifs gelés de la Banque centrale de Russie. Les alliés finalisent encore les détails de cet accord, tandis que les États-Unis attendent des garanties que la Hongrie ne bloquera pas les mesures de l’UE. Si un accord n’est pas trouvé, le montant final pourrait être inférieur.
Même si l’accord en question est conclu, ces 50 milliards de dollars seront insuffisants pour couvrir les besoins de l’Ukraine pour une année de plus de combats. Les alliés devront donc chercher d’autres sources de financement.
La semaine dernière, le président Volodymyr Zelensky s’est rendu aux États-Unis, où il a présenté son «plan de victoire» au président Joe Biden, demandant notamment des garanties de sécurité (jusqu’à une invitation à rejoindre l’Otan). Selon le dirigeant ukrainien, cela est nécessaire pour faire pression sur Vladimir Poutine et stopper les hostilités.
Les problèmes sont aggravés par le déficit budgétaire. Le gouvernement ukrainien prévoit un déficit de 19% du PIB en 2025. Environ 35 milliards de dollars seront nécessaires pour combler ce fossé, a déclaré le Premier ministre Denys Chmyhal le mois dernier.
Plus de la moitié de cette somme sera fournie par le Fonds monétaire international et l’Union européenne. Il reste donc environ 15 milliards de dollars à couvrir, ce qui pourrait nécessiter des prêts du G7.
En outre, un financement militaire est également nécessaire. Les 50 milliards de dollars que le G7 espère rassembler sont comparables à l’aide militaire fournie par les États-Unis et les principaux alliés européens de janvier 2023 à juin 2024. Les États-Unis ont accordé environ 31,5 milliards d’euros durant cette période, tandis que l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l’Italie ont contribué à hauteur de 15,7 milliards d’euros, selon l’Institut de Kiel.
D’un côté, ces chiffres pourraient ne pas être complets, car certains pays ne révèlent pas toute l’aide fournie. De l’autre, certaines promesses n’ont toujours pas été tenues.
La crise financière des alliés survient à un moment critique pour l’Ukraine et pourrait forcer Kiev à négocier en position de faiblesse, préviennent les sources.
Par ailleurs, les alliés européens de l’Ukraine sont confrontés à leurs propres difficultés budgétaires. Le gouvernement d’Olaf Scholz, en Allemagne, est contraint par des limites de dettes constitutionnelles et a déjà réduit son aide directe à Kiev. En France, après une période électorale agitée, le nouveau gouvernement fait face aux pressions de l’UE pour réduire son déficit budgétaire. En Italie, la coalition fragile de la Première ministre Giorgia Meloni risque de se retrouver embourbée dans de nouvelles obligations de dépenses.
Les négociations réelles à Bruxelles sur le nouveau budget de l’UE, ainsi que sur d’éventuels emprunts communs pour augmenter les dépenses de défense de plusieurs centaines de milliards d’euros, devront probablement attendre les élections en Allemagne.
Néanmoins, de nouvelles promesses sont faites par des alliés de l’Otan. Le 26 septembre, Joe Biden a annoncé un nouveau paquet d’aide militaire de près de 8 milliards de dollars pour l’Ukraine et prévoit de convoquer une réunion des principaux alliés pour coordonner au sommet un soutien supplémentaire lors de sa visite en Allemagne le mois prochain.
source : Observateur Continental
https://reseauinternational.net/loccident-peine-a-tenir-ses-promesses-faites-a-lukraine/