De l’ambition à la déception
Pierre de Ronsard naquit aux alentours du 11 septembre 1524 au château de la Possonnière, en Vendômois. Quatrième enfant de Louis de Ronsard, maître d'hôtel des Enfants de France, il connaît malheureusement dès son plus jeune âge l'absence de son père, contraint de rejoindre l'Espagne pour veiller sur les enfants captifs de François Ier. Qu'importe, le jeune Pierre grandit, s’instruit et s'épanouit dans les paysages verdoyants et pittoresques de sa terre natale jusqu'à l'âge de douze ans. En 1536, Louis de Ronsard introduit son fils à la cour de France et l’attache à la personne du dauphin. Cependant, cette charge est de courte durée, car la même année, François de France meurt prématurément. Pierre passe alors au service du nouvel héritier royal, Charles d’Orléans, avant d'être attaché à Madeleine de France. La sœur du roi emmène ensuite le jeune homme en son nouveau royaume d’Écosse auprès de son époux, Jacques Stuart. Ainsi, la carrière de Pierre de Ronsard semble toute tracée en servant les grands de ce monde. Cependant, à l'âge de quinze ans, la maladie vient bouleverser son destin. Bien qu'il survive, Pierre reste à jamais marqué par une demi-surdité qui l'oblige à renoncer à l’or des palais pour revenir là où tout a commencé : au château de la Possonnière.
Ainsi naquit le poète
Reclus dans la demeure familiale, Pierre s’occupe en se plongeant dans les études que ses voyages avaient interrompues. Il découvre alors les grands auteurs antiques comme Virgile ou Horace, qui l'influencent dans toutes ses créations. Ainsi, petit à petit, Ronsard tombe sous le charme des Muses qui lui révèlent son don pour la poésie, si ce n’est pour le latin. En effet, la maîtrise de la langue des Césars est un calvaire pour notre jeune homme, qui préfère prendre sa plume pour écrire en « françois ». C’est ainsi qu’en 1549, et avec l’aide de ses amis de la Pléiade, Pierre de Ronsard publie ses premiers poèmes avant que ne sortent ses Odes en 1550 et les Amours de Cassandre en 1552. Ces recueils lui apportent alors la gloire qui l’attendait en secret auprès de la cour royale, mais aussi auprès d’un plus large public. En 1560, à son apogée, il se permet de publier une édition rassemblant l’ensemble de ses œuvres classées en quatre volumes : Amours, Odes, Poèmes, Hymnes. Selon André Lagarde et Laurent Michard, « ce poète de 36 ans permettait au public de mesurer l’ampleur de sa production et la variété de son inspiration : c’est avec orgueil qu’il pouvait lui-même proclamer sa royauté littéraire », une royauté qui fit de lui le prince des poètes et le poète des princes.
Le douloureux crépuscule d’un génie littéraire
La renommée de Pierre de Ronsard lui permet de revenir à la cour du roi Henri II puis de Charles IX. Il se met alors à divertir seigneurs et grandes dames par la lecture de ses créations. Cependant, l’avènement d’Henri III, en 1574, met fin à sa carrière avec un léger sentiment de disgrâce. En effet, le nouveau souverain ramène du royaume de Pologne, où il régnait, son propre poète, Philippe Desportes. Désormais libre de partir, Ronsard se retire sur ses terres mais continue d’écrire jusqu’à la fin. Dans ses dernières années, ses œuvres sont marquées par sa propre souffrance que lui provoque la maladie :
« Je n’ai plus que les os, un squelette je semble/Décharné, dénervé, démusclé, dépoulpé,/Que le trait de la mort sans pardon à frappé/Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble. » Conscient de son trépas prochain, il laisse à ses amis un dernier mot : « Adieu, chers compagnons ! Adieu, mes chers amis ! Je m’en vais le premier vous préparer la place. »
Le 27 décembre 1585, Pierre de Ronsard décède en son prieuré de Saint-Cosme, à La Riche, près de Tours. En cet instant et à jamais, le prince des poètes est devenu immortel par ses œuvres intemporelles qui, encore cinq siècles après sa naissance, demeurent toujours dans notre mémoire commune.