Risque d’invasion
Richelieu, devenu en 1624 « le plus grand serviteur de la France » au service de Louis XIII, « le meilleur maître du monde », souhaite « changer la face de l’Europe et permettre à la France d’atteindre son apogée ». Cependant, un obstacle entrave la réalisation de ce beau rêve. Le roi n’est pas souverain, au sein de son propre royaume, dans les nombreuses places fortes et les villes accordées aux protestants. Ceux-ci pourraient se révolter contre la couronne. Ainsi, en 1621, La Rochelle se déclare indépendante et décide de pactiser avec l’ennemi de toujours : l’Angleterre. Cette dernière voit en cette alliance une porte ouverte à son influence et, pourquoi pas, un jour, à ses armées.
Richelieu, refusant qu’Albion puisse de nouveau poser le pied sur le sol de France, décide que l’insolence des Rochelais doit être stoppée, non plus par des mots, des édits ou des traités, mais par des actes et par la force. Apprenant cela, le roi d’Angleterre Charles Ier ne cache plus son jeu et décide ouvertement de porter secours à son allié. Des troupes anglaises sont ainsi envoyées en juillet 1627 sous le commandement du duc de Buckingham. Ce dernier s’empare rapidement de l’île de Ré afin d’y établir un site de ravitaillement et de repli dans la guerre qui commence.
Le début du calvaire rochelais
De son côté, Richelieu arrive avec ses 20.000 soldats dans le Poitou, malgré la présence dans la région de 90.000 protestants potentiellement hostiles. Encerclant La Rochelle le 10 septembre 1627, le cardinal entame sans le savoir un siège qui va durer plus d’un an. Durant ce dernier, l’éminence grise de Louis XIII fait preuve d’un génie militaire hors normes en édifiant une grande digue d’un kilomètre et demi pour empêcher le ravitaillement, par les Anglais, d’une Rochelle affamée. Les Anglais sont chassés de l'île de Ré et repoussés à la mer en novembre 1627. Désormais complètement isolés, les Rochelais protestants sont laissés seuls face à leur malheur et subiront le courroux d’un royaume de France qui ne peut accepter les diktats d’une autre religion sur son territoire et le risque d’invasion qu’elle apporte avec elle.