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La révélation Charles Alloncle. Portrait d’un député qui hystérise la gauche

Capture écran Assemblée nationale
Capture écran Assemblée nationale
Le ciel était bleu et la température estivale. En juin, au Bourbon, café à proximité immédiate de l’Assemblée nationale où les parlementaires ont leurs habitudes, nous avions rencontré Charles Alloncle. Qui aurait pu prédire qu’en l’espace de six mois, le jeune élu de l’Hérault deviendrait le député de l’année 2025 ? Son travail de rapporteur de la désormais célèbre commission d’enquête parlementaire de l’audiovisuel public l’a projeté sous les feux des projecteurs. Honni par la gauche, bousculée pour la première fois dans son saint des saints, regardé à droite comme le nouveau Messie, capable de déstabiliser des adversaires que l’on pensait intouchables depuis leur Olympe, à 32 ans, Charles Alloncle est l’une des figures émergentes de la droite nationale.

La politique coule dans ses veines. Né à Nancy, ce fils de préfet déménage régulièrement au gré des affectations du paternel. Un tour de France qui nourrira son « sentiment patriotique ». Dès 16 ans, le jeune homme, fasciné par Nicolas Sarkozy, prend sa carte chez les jeunes UMP. Il suit de hautes études qui le mènent à Sciences Po Paris et HEC en double cursus où il découvre un monde totalement formaté. En 2016, il vit, rue Saint-Guillaume, le « hijab day », comme un traumatisme. Cette journée où les étudiants sont invités à se couvrir les cheveux, « pour inviter les femmes à la pudeur », lit-il sur une affiche. Il passe une année dans le campus californien de Berkeley. Il y découvre une université « avant-guardiste dans le wokisme » et constate les ravages de cette idéologie sur les élites. Cours « racisés » où les Blancs doivent se battre pour prendre la parole, hippies se baladant nus sur le campus, Thomas Piketty enseigné, le jeune homme reviendra de son expérience outre-Atlantique avec la conscience de la menace woke et de ses dégâts.

Les étudiants de droite ne veulent pas d'Éric Zemmour

À HEC, il fait le constat que seul « le prisme du libéralisme » compte. Très investi dans l’association de droite de l’école, il se heurte à l'affadissement de sa famille de pensée. Un exemple vaut mille démonstrations. Alors qu'il projette d'inviter Éric Zemmour, qui n’est encore que l’éditorialiste engagé, il subit la levée de boucliers de ses camarades de droite qui trouveront plus adapté de faire venir le socialiste Pierre Moscovici. Un épisode dont il garde un goût amer et lui fait déplorer « la paralysie des élites de droite qui se soumettent aux codes de la gauche ». Charles-Henri Alloncle (un prénom composé qu'il abandonnera) milite, encore et toujours. Patron de l’UMP à Sciences Po, chef des Jeunes avec Sarkozy lors de la primaire de la droite en 2016. Aux yeux du député ciottiste, l’ancien président de la République « réussissait à incarner une droite populaire ». Après avoir activement participé à la campagne présidentielle de François Fillon, il se présente l'année suivante à l’élection pour la présidence des Jeunes Républicains. Battu par le candidat soutenu par Laurent Wauquiez, dans une élection dont il dénonce l’irrégularité, le jeune homme se lance dans l’entrepreneuriat. Il créé avec deux associés une banque en ligne destinée aux professionnels, et notamment aux artisans et TPE. Blank emploie désormais une centaine de salariés et a tissé sa toile dans six pays.

Un entrepreneur en politique

C’est dans ce cadre entrepreneurial que la politique le rattrape, cinq années plus tard. En 2023, il participe à un dîner que Jordan Bardella organise. Le président du RN multiplie ses contacts avec les milieux économiques et aime rencontrer les entrepreneurs. Ce soir de mai, le courant passe entre deux hommes de la même génération. Charles Alloncle est frappé par la « capacité d’écoute » du leader nationaliste. La soirée se prolongera et appellera d’autres rencontres. « On a un ennemi commun, la gauche », réalise le chef d’entreprise. Celui qui « a toujours cru à l’union des droites » envisage de replonger dans le bain. Lorsque advient la dissolution, le 9 juin 2024, il est contacté par les équipes du RN. Franchir le Rubicon ? Au risque de tout perdre ? Divers échanges menés au pas de course avec les équipes de Marine Le Pen et de Jordan Bardella le convainquent. Néanmoins, ce sera, in fine, sous les couleurs de l’UDR, le parti que vient de lancer Éric Ciotti en catastrophe, qu’il partira. Missionné dans l'Hérault, il part au casse-pipe dans une circonscription difficile face à Patrick Vignal, député macroniste sortant. Après être arrivé en troisième position au premier tour, ce dernier se désiste : « Je ne veux pas un député Rassemblement national de plus », affirme-t-il. Dans un second tour où il est à deux doigts de tout perdre, Charles Alloncle arrache sa victoire en duel face à la candidate NFP, avec 51,9 % des voix, et s’envole pour l’Assemblée nationale. Pour le destin que l’on connaît.

Yves-Marie Sévillia

https://www.bvoltaire.fr/la-revelation-charles-alloncle-portrait-dun-depute-qui-hysterise-la-gauche/

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