Le gouvernement Barnier va-t-il tomber ? Il faut remonter à 1962 pour trouver une motion votée. Le RN a annoncé qu’il censurerait faute d’avoir pu négocier un petit bout de quelque chose. Au RPF nous avons sur ce sujet une position plus tranchée. Considérant que Barnier est un Européiste convaincu, choisi par Macron pour sa compatibilité avec ses thèses, donc très éloigné des nôtres, nous espérons vivement sa chute. Cela débouchera sur une crise politique dont il ne faut pas avoir peur, bien au contraire. Nous ne sommes pas comme ceux qui préfèrent le statu quo, au prétexte qu’il est préférable de couler dans la torpeur et l’illusion et qu’une mort lente est plus agréable qu’une rupture brutale, obligeant à des changements radicaux pour se débarrasser de tout ce qui perdure sans donner satisfaction depuis des lustres. Pour autant il convient de rester très mesuré sur la possibilité de voir Barnier tomber.
Être censuré, il le sera, mais les motions de censure trouveront-elles une majorité, rien n’est moins certain ? Si le RN présente la sienne mais se contente de cela pour affirmer qu’il a joué son rôle, c’est un peu court, et même largement insuffisant. Marine Le Pen sait très bien que sa motion ne recueillera aucune majorité, elle devra donc être plus intelligente que ses ennemis et voter celle de la NUPES. La NUPES étant toujours assez folle pour voter contre ses propres intérêts et laisser passer Macron plutôt que de voter une motion du RN. Peu importe que la NUPES s’attribue l’exploit d’avoir renversé Barnier, elle ne pourra le faire qu’avec les voix du RN. L’important n’est pas qui s’appropriera la victoire, mais de faire tomber Barnier, après, il sera toujours temps de polémiquer sur ce détail et encore. Si le RN accepte de passer au second plan cet aspect en votant la motion de la NUPES, il prouvera qu’il s’est placé au-dessus des partis et des idéologies partisanes et qu’il a considéré, à juste titre que l’intérêt des Français était de se débarrasser de ce gouvernement point barre. Mélenchon parle beaucoup d’élections présidentielles anticipées. Pour provoquer cette échéance, il doit préalablement faire tomber Barnier pour pousser Macron à démissionner.
Les uns comme les autres poursuivent cet objectif mais aucun ne pourra y parvenir sans mettre de côté les égos et les différends qui les opposent. Même avec cette concordance des volontés, il demeurera un paramètre non négligeable : la posture de Macron. Que fera-t-il en cas de censure de son poulain ? La seule attitude normale et en phase avec l’esprit de notre constitution serait sa démission. Rien n’est moins évident puisque l’homme est narcissique et qu’il peut très bien rester au pouvoir, mettre des mois pour trouver un Premier ministre, remettre Barnier pourquoi pas, ou choisir un LFI pour savourer une nouvelle censure et attendre patiemment juin pour renvoyer tout ce beau monde devant les électeurs, sans savoir qui pourrait tirer son épingle du jeu dans un tel contexte. La seule assurance qu’il pourra avoir, c’est qu’il y a peu de chance qu’une majorité claire se détache. Il ne restera plus qu’une solution constitutionnelle, débarquer Macron lui-même en le destituant, nous en parlons depuis longtemps, les motifs ne manquent pas. Pour l’instant l’unique certitude, c’est que Barnier, seul contre tous n’est pas pour autant en position de faiblesse. Il peut même si les uns et les autres s’arc-boutent sur leurs positions, sortir grandi de cette épreuve de force qui aura tourné à une comédie des plus pathétiques au détriment encore une fois des citoyens. Nous avons toujours défendu l’idée que pour être efficace, il ne fallait pas dévoiler ses intentions. Nous pensons qu’il eût été plus habile de ne rien dire et de surprendre Barnier plutôt que d’avancer à visage découvert au risque de se laisser enfermer dans des combines de dernières minutes, comme ce fut le cas lors des accords improbables de l’entre-deux tours, pour empêcher le RN d’obtenir la majorité absolue aux législatives. Espérons que nous ayons tort sur ce point. Demain nous aurons la réponse.
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Par Gilles La-Carbona : secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire