Par Jean-Luc Maisonblanche
La nomination de François Bayrou comme Premier ministre était l’un des choix envisagés depuis longtemps. Retenons trois points positifs pour l’intérêt de la France en ce temps d’Avent : l’homme est catholique pratiquant, l’homme confesse son amitié pour le roi Henri IV et, surtout, l’homme sait conduire un tracteur. Saura-t-il labourer profond, et le labour profond est-il même souhaitable sur une vieille terre saturée de richesses organiques indispensables à la vie ?
Le temps va lui manquer, lui dont l’élocution est à la peine. Les technocrates vont-ils souffrir ? On en accepte l’augure. Le génie politique du bon roi Henri lui sera utile pour réconcilier ceux qui le veulent et apaiser les guerres de religions idéologiques.
Bien sûr, les points négatifs abondent, que ses détracteurs ne manquent pas d’énoncer, nous leur laissons cette tâche trop facile. Reste que la France pourrait tirer un mince profit du passage de Bayrou à Matignon. L’extrême centre dont il se réclame devrait l’incliner à une forme d’immobilité tranquille, nous évitant ainsi les palinodies, les déclarations et les postures sans lendemain. L’heure n’est pas à la sieste mais la lenteur peut parfois être une vertu.
La tempête qui menace dans le pays peut trouver en cet homme un paratonnerre. L’accent sincère sur les dangers de la dette qu’il a, le premier, placé en tête de ses sujets d’intervention, pourrait lui dicter des non-décisions sages et heureuses. Quand on n’attend rien, on risque moins d’être déçu.
Les lois sociétales qui poussent toutes à la mort et qui font consensus dans le pays légal républicain pourraient connaître une pause. À moins que, n’ayant aucun grain à moudre, Bayrou cède !
Le ménagement des retraités et des classes moyennes inférieures pourrait aussi rallier l’abstention des députés RN. On cherche en vain le plus petit espoir de sortie vers le haut ; cependant, la surprise est dans les moments où l’on pense avoir touché le fond. Et c’est parfois lorsque l’on ressort des placards un outil oublié que l’on trouve une réponse à des questions réputées insolubles.
Gageons que les décisions de fermeture de lignes de chemin de fer desservant les territoires les plus isolés seront suspendues. La liberté d’enseigner et de s’exprimer pourra être sauvegardée. Ne boudons pas notre soulagement. Mettons cet entracte à profit pour préparer nos futurs assauts : la République suffit à alimenter sa propre destruction sans qu’elle ait besoin de détracteurs.
La seule vraie question qui ne trouve pas en Bayrou la moindre chance de réponse est la plus grave, la majeure : dans l’effondrement, la souveraineté peut-elle surgir au détour de nos champs ou de nos ateliers ? Faut-il qu’un Européiste avéré ose braver les foudres de la dictature de Bruxelles ? Les contre emplois sont légion dans l’histoire. Lui n’a rien à perdre, c’est sa dernière séance. Il peut donc miser sur la France, la seule France.
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