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Le temps des règlements de comptes est venu…

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Jean-Michel Blanquer publie La Citadelle, témoignage de ses cinq années passées à l’Éducation nationale. Si sa tentative de nous « vendre » son bilan est peu convaincante, ses règlements de comptes avec ses amis le sont bien plus, et valent à eux seuls le détour.

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par Étienne Lombard

Le bandeau du bouquin précise le lieu de l’action : « Au cœur du gouvernement ». Au cas où nous aurions oublié que Jean-Michel Blanquer fut notre ministre de l’Éducation nationale de 2017 à 2022. Il restera d’ailleurs, pour les plus polis d’entre nous, comme la plus belle déception depuis… depuis bien longtemps. Alors autant dire que les nombreuses 410 pages de l’ouvrage qui tentent de nous convaincre de la quasi-excellence d’un bilan de cinq ans ont surtout pour effet de susciter un profond ennui, voire un doux plongeon dans un état de sommeil dont seul pourrait nous extraire parfois un « il se fout vraiment de nous ! » salvateur.

En fait, ce livre est un merveilleux traité sur la naïveté en politique. Cette naïveté face à laquelle il n’est jamais inutile de rappeler cette si belle maxime : « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Double constat, donc, au sortir de cette instructive lecture : primo, il fallait êtresacrément naïf pour croire que Jean-Michel Blanquer (aliasHéraclès/Hercule) allait nettoyer les écuries d’Augias de la rue de Grenelle ; secundo, Hercule lui aussi s’est montré tout aussi naïf en pensant que ses amis allaient le laisser faire, à commencer par Jupiter l’Élyséen. Bref, comme le disait sibien saint Mathieu, « on juge l’arbre à ses fruits », or de fruits, il n’y en eut guère, et souvent bien peu goûteux. Ce que l’on retiendra de moins négatif dans l’affaire sera sans douteque Jean-Michel Blanquer aura été moins néfaste que son prédécesseur et que son successeur en matière de propagande LGBT et autres joyeusetés de la modernité sociétale.

Heurts et malheurs d’un tonton flingueur

S’il faut parcourir La Citadelle sans pour autant s’infliger la punition d’une lecture intégrale, c’est pour quelques scènes de flingage, malheureusement trop rares car bien croustillantes. Et notre « tonton flingueur » a commencé sa série par unféminicide de toute beauté, le jour même de la passation de pouvoir qui lui ouvrit les portes de la rue de Grenelle, un certain 18 mai 2017. Bizutage républicain dans les règles de l’art : après un « engagement de bienveillance » mutuel, NajatVallaud-Belkacem prit donc la parole et « exprima immédiatement devant les micros tout le mal qu’il fallait attendre d’un homme tel que moi ». Bienvenue chez les pourris, mon gars… Mais ce n’est qu’un début.

À peine installé, le nouveau ministre se voit honoré de fréquentes visites « de courtoisie » d’un ancien occupant des lieux, François Bayrou lui-même. La première visite a un petitcôté BTP : « Tu sais que la cheminée, c’est moi qui l’ai fait refaire. – Merci François, grâce à toi, j’aurai moins froid dans ce grand bureau ». Jean-Michel Blanquer comprend vite quel’objectif est de bien faire comprendre au petit nouveau qu’il n’est pas grand-chose en regard de l’immense génie du Modem, grand gourou autoproclamé de l’Éducation nationale.La sentence est alors définitive, classant Bayrou au rang de « génial inventeur du volontarisme d’atmosphère, une fumée que l’on sent toujours et que l’on ne voit jamais. Ami des forces de l’esprit, il reste à l’état gazeux ». Et comme lapremière balle lui semble par trop indolore, Clint BlanquerEastwood en décoche une seconde, qui fait mouche convenons-en : « sa capacité à distinguer l’essentiel de l’accessoire […] l’essentiel c’était lui, et l’accessoire, c’était les autres ». Quelques temps plus tard, il aura droit à une nouvelle incursion de « l’essentiel » dans son bureau, nettement moins poétique celle-là. Jean-Michel Blanquers’était en effet opposé aux amendements déposés par deuxparlementaires, anciens socialistes ralliés opportunément à la Macronie en 2017. Mais les gaillards étant semble-t-il des protégés du roi François, les fausses amabilités ne sont plus de rigueur : « Ta tête est sur le billot, maintenant. Je vais demander au Président que tu partes. Et il me l’accordera ».Ah… La Macronie, cette grande famille où s’aiment de belles personnes…

Complots et vengeances à bas bruit

Jean-Michel Blanquer se souviendra sans doute longtemps de son étrange rencontre avec le ministre-écrivain Bruno Le Maire. Entre deux offensives contre l’économie russe, lecaissier de Bercy avait invité son collègue de Grenelle à déjeuner. Non pas pour échanger gentiment sur leurs quotidiens respectifs ou sur leurs prochaines vacances, mais pour échafauder un joli petit complot, pas moins… Et Le Maire de commencer par lui dire tout le mal qu’il pense de son chef Édouard Philippe, et de la façon dont ce dernier aurait doublé Xavier Bertrand pour obtenir Matignon. Puis le propos se précise : « Ça ne va pas durer longtemps pour Édouard. […] tu es déjà populaire. Il faut que tu te prépares ». Oh, la belle tentative d’instrumentalisation que voilà ! Une invitation au complot en bonne et due forme, qui en dit long sur les manières du bonhomme, mais aussi sur sa propension à prendre ses collègues pour des idiots utiles…

Parmi les autres victimes du flingueur en série de la « citadelle » macroniste, il y a bien sûr le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kholer, garde-chiourme fidèle et implacabledu jardin d’enfant présidentiel, et dont cela semble bien être la seule qualité. Aussi survendeur que survendu, le ministre Blanquer est cependant un remarquable tueur à gages, bien que finalement sans gages. La dernière balle de son barillet ne pouvait aller qu’à Macron, en qui il avait longtemps vu un père protecteur et qui ne fut finalement qu’un fils ingrat. Lassé de son jouet Blanquer, l’enfant-président l’a peu à peu délaissé, finissant par le remplacer par le si amusant PapNdiaye, avant de l’envoyer au casse-pipe des législatives de 2022 dans une circonscription ingagnable, puis de lui proposer une improbable mission d’ambassadeur en guise de placard…Ce livre ne nous a pas appris grand-chose que nous ne sachions plus ou moins déjà sur les mœurs de cette oligarchie du Macronistan. Mais il nous confirme tout de même, par lalaideur de ce que nous dépeint Jean-Michel Blanquer, que l’extrême-centre républicain ressemble à s’y méprendre à ce « renflement brun » qu’évoquait Bruno Le Maire de sa plume si alerte.

https://www.actionfrancaise.net/2025/02/12/le-temps-des-reglements-de-comptes-est-venu/

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