rangée). Mais sa lecture n’en fit nullement une disciple existentialiste de l’auteur, comme tant d’autres. Elle rappelle comment elle fut déçue de la rupture de l’amourette naissante de Simone avec le beau Jacques, un cousin éloigné : « Las, voici qu’au détour d’une page Jacques disparaît. Exit. À la trappe. Simone s’entiche d’un homme affreux, un prof de philo laid comme un pou, écrivant des pavés cafardeux et avec lequel elle n’aura jamais d’enfant. Quelle déception ! » Voilà de quoi faire rugir de fureur toutes les admiratrices béates de la grande Sartreuse.
Mais, derrière la rosserie, se détache une vraie leçon existentielle à méditer : « La femme n’a pas à se défaire de son utérus sur le bord de la route comme d’un vieux sac trop lourd pour courir plus vite et arriver plus haut. (…) La maternité est au contraire une expérience singulière, incomparable, précieuse, un privilège qui n’appartient qu’à elle, et qu’à ce titre elle ne doit pas se laisser voler. »
Fierté maternelle
Le style, c’est la femme ! Gabrielle Cluzel n’écrit jamais de façon pesante. Cela ne signifie nullement qu’elle reste à la surface des choses. Bien au contraire, elle vise toujours l’essentiel qui réside dans le quotidien des femmes et où elles peuvent d’autant mieux se reconnaître qu’il désigne ce qu’elles vivent au plus profond d’elles-mêmes. À l’opposé des intellectuelles qui se proclament féministes, les mères de famille, de toutes conditions, savent pourquoi il y a une fierté maternelle, en dépit de tous leurs défauts et des tracas de leur condition.
Simone de Beauvoir, encore, exerçait tout son talent à débusquer « l’éternel féminin », cette expression inventée par Goethe, pour dénoncer toute une stratégie de mise en condition de la femme. Cela n’est pas pour impressionner Gabrielle Cluzel qui revendique bien haut cet éternel féminin, parce qu’il marque sa différence avec le masculin. Ainsi le propre du cerveau masculin serait de systématiser à outrance tandis que le cerveau féminin se distinguerait par sa faculté d’empathie. Bien sûr que cette différence n’est pas toujours sensible au même degré. « Bref, la femme serait – généralement – altruiste. C’est grave docteur ? » Non évidemment ! La grâce d’être femme est de sourire sur le monde. Merci, Gabrielle, de l’affirmer si bien !
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