Nicolas Mazzucchi est directeur de recherche en stratégie navale au sein du Centre d’études stratégiques de la Marine. Il signe un ouvrage sur le retour de la mer comme espace de confrontation.
Le retour de la mer comme espace de confrontation
A l’heure d’une compétition stratégique sino-américaine de plus en plus débridée, c’est bien à un retour global du sea power que nous assistons. L’importance des lignes maritimes de communication pour le fonctionnement des Etats et des organisations souligne que la mer est une artère incontournable pour l’ensemble des sociétés de la planète.
Malgré une connaissance extrêmement poussée de l’environnement, notamment grâce aux capacités spatiales, le milieu demeure hostile et potentiellement très dangereux pour ceux qui y naviguent et qui cherchent à le protéger ou le dominer. Il faut penser l’élément liquide comme un espace où les objets sont en perpétuel mouvement. Cette contrainte différencie la stratégie en mer de la stratégie sur terre. Ici, point de ligne de front établie, sauf exception.
Cet ouvrage nous rappelle la permanence des « fondamentaux » de la guerre navale qui sont, depuis des siècles, le temps, l’espace, la géographie, l’opacité du dioptre, l’environnement. La guerre navale est conditionnée par le milieu maritime dont l’immensité et l’agressivité (notamment des conditions météorologiques) ne sauraient être annulées par la technologie.
D’autre part, le milieu maritime offre un espace de manœuvre libre, globalement affranchi de frontières et par conséquent propice à la confrontation entre puissances. Rien n’empêche une force sous-marine ou aéronavale d’opérer en haute mer en vue des côtes de son rival, rien ne l’empêche, dès le temps de paix, d’exercer une forme de coercition à l’encontre de son adversaire, sous le seuil de la guerre. Et lorsque le temps de l’affrontement revient, les caractéristiques du milieu maritime offrent un panel extrêmement vaste de modes d’action. En particulier dans le domaine nucléaire, l’immensité de l’espace, l’absence de populations, la nature des forces qui y opèrent constituent autant de facteurs propices à la manœuvre nucléaire.. S’il devenait nécessaire d’exprimer sa résolution en ce domaine, l’espace maritime pourrait constituer un champ de bataille plus aisément praticable que l’espace terrestre : peu de dommages collatéraux, pas d’images de destructions exceptées celles des cibles militaires, effet militaire et stratégique majeur.
La stratégie face aux évolutions de la technique
Enfin, la nature même du milieu maritime le place en pointe dans les évolutions technologiques. Milieu hostile par nature, dans lequel il n’y a pas de vie possible pour l’Homme, l’espace maritime est depuis les origines un espace de conquête technologique. Le rapport entre l’épée et la cuirasse est actuellement en pleine ébullition avec l’apparition des armes de saturation dont le coût établit pour le moment l’idée d’un rapport favorable du faible au fort. La prise en compte des percées techniques dans de très nombreux domaines comme la robotique, les télécommunications, ou l’Intelligence Artificielle est urgente pour ne pas faire face à de sérieux revers.
Ex Libris
La confrontation en mer, Nicolas Mazzucchi, éditions du Rocher, 297 pages, 17, 90 euros
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https://www.medias-presse.info/la-confrontation-en-mer-lavenir-de-la-strategie-navale/200954/