[ÉDITO] Et maintenant, Marine Le Pen qui menace la paix du monde…

Capture d'écran

Ce qui est formidable, avec notre époque, c’est que l’on peut dire à peu près n’importe quoi sur n’importe quoi, l’essentiel étant de le dire avec conviction ou, tout du moins, avec les apparences de la conviction. Preuve en es, l’interview de la députée Clémentine Autain, ancienne insoumise et siégeant désormais avec Les Écologistes à l’Assemblée nationale. Invitée de Public Sénat, voici ce qu’elle avance : « Si Marine Le Pen arrivait au pouvoir, ce serait dramatique pour les Français… » Jusque-là, rien à dire. Que cela puisse être dramatique pour les Français, pourquoi pas. Ça peut se plaider et c’est même de bonne guerre, en politique, que de faire de telles déclarations, si possible avec solennité. De même que l’on peut avancer, sans prendre trop de risques, que l’arrivée de Mélenchon (avec qui Autain a pris ses distances) serait dramatique pour les Français. De même que l’on doit être en mesure de trouver une majorité de Français pour admettre que huit ans de macronisme au compteur, c’est un drame, sinon une tragédie pour la France et les Français.

« Le fascisme arrive toujours masqué »

Là où Clémentine Autain monte sérieusement en gamme, c’est lorsqu’elle ajoute sans sourciller que l’arrivée de Marine Le Pen serait « désormais une tragédie pour la paix dans le monde ». Carrément. Face à cette affirmation aussi grave, croyez-vous que la journaliste du service public poserait une question toute bête, du genre : « Ah bon, et comment ça ? » Même pas. Et ça passe crème. Pour savoir « comment ça ? », il faut aller sur Sud Radio, où Clémentine Autain est allée aussi prêcher la bonne parole (elle a un livre à vendre) : « Si on veut la paix dans le monde, il faut éviter Marine Le Pen au pouvoir, ce serait un allié de Trump et de Poutine. » On comprend mieux. Mais Marine Le Pen a pris ses distances avec Poutine, lui fait remarquer Patrice Roger. « Je vous dis une chose », lance solennellement la députée, en pointant du doigt le journaliste, « le fascisme arrive toujours masqué. » Ce qui reste à démontrer, au plan historique, car il ne semble pas que Mussolini se soit emparé de Rome en rasant les murs durant sa fameuse marche et en portant un masque d'arlequin. Mais vu comme l'affirme Autain, on ne peut plus rien dire.

Autain : 2027 dans le viseur

En fait, on ne va pas se mentir : Clémentine Autain a dans son viseur 2027. Elle veut recréer l'union de la gauche. Chose, somme toute, louable. Et derrière qui ? Devinez ! « Je fais partie de celles et ceux qui peuvent rassembler », a-t-elle déclaré à L’Express. L’essentiel est d’en être convaincu.e ! Et cette union de la gauche est désormais possible. Pourquoi ? Parce que l’atlantisme, qui contaminait la social-démocratie depuis des lustres et constituait une « pomme de discorde majeure à gauche », est mort avec Trump à la tête d'une Amérique qui n’est plus notre alliée. Trump, ce leader qui surfe sur la « vague brune » au gré du « vent néofasciste » qui souffle sur le monde. Un petit mot, peut-être, Madame la députée de la Seine-Saint-Denis, sur le vent islamo-fasciste qui peut souffler, ici et là ? Non.

On reproche à Emmanuel Macron de surfer sur les peurs pour revenir au centre du jeu. Visiblement, il n’est pas le seul.

Georges Michel

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