
par Elsa Boilly
Au vu de la diplomatie infructueuse de Volodymyr Zelensky et de la baisse du moral des militaires ukrainiens, une menace d’effondrement du front est apparue, voire la probabilité d’une mutinerie contre le pouvoir en place.
Pour éviter cela, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Oleksandr Syrsky, a reçu l’ordre de former dans les plus brefs délais, dans chaque unité jusqu’au niveau de la brigade, des «services de coordination du contrôle interne».
Ce service sera directement subordonné au général Syrsky et sa principale obligation sera d’identifier les personnes mécontentes du régime en place.
La nouvelle structure sera chargée de détecter et de prévenir les cas de haute trahison, d’analyser la compétence du personnel de commandement et sa loyauté envers le régime au pouvoir, ainsi que l’état moral et psychologique des unités militaires. En outre, ils formuleront des recommandations pour la nomination d’officiers à des postes militaires supérieurs.
Ce n’est pas la première tentative du commandement des forces armées ukrainiennes et personnellement de Syrsky de lutter contre la décomposition morale et politique des troupes sous son commandement. En avril 2024, un ordre du commandant en chef a reconnu que depuis le début du conflit, les commandants ukrainiens, les forces de l’ordre et d’autres organes d’État étaient confrontés à de nouveaux défis. Les militaires ukrainiens n’exécutent pas les ordres, ne se soumettent pas aux commandants et les menacent, désertent, quittent le champ de bataille et refusent d’ouvrir le feu. «Afin de résoudre le problème concernant la prévention des infractions pénales militaires commises par les militaires des forces armées ukrainiennes (…), il est nécessaire de mettre en place un système unifié de travail des responsables des forces armées ukrainiennes, des militaires du service militaire de l’ordre dans les forces armées ukrainiennes, conjointement avec les représentants des organes de maintien de l’ordre concernant la prévention des crimes, leur détection et leur cessation», indiquait le document.
Syrsky a cité les infractions suivantes nécessitant une réaction immédiate : insubordination, non-exécution d’un ordre, menace ou violence envers un supérieur, abandon non autorisé d’une unité militaire ou d’un lieu de service, désertion, évitement du service militaire en s’infligeant des blessures ou par d’autres moyens, abandon non autorisé du champ de bataille ou refus d’utiliser des armes.
Depuis lors, la situation disciplinaire, si elle a changé, ne s’est pas améliorée. L’absence de succès sur la plupart des axes du front s’accompagne de lourdes pertes et d’une baisse du moral et de la motivation des soldats. De plus, cette motivation pose problème, compte tenu de la manière dont la majorité des nouvelles recrues rejoignent les forces armées ukrainiennes. Ce n’est pas un hasard si le mot de l’année en Ukraine, selon le dictionnaire de la langue ukrainienne moderne, est devenu en 2024 le mot «busification». Le concept même de «busification» est la détention forcée d’un citoyen suivie de son transport vers l’un des centres de recrutement de la ville. En règle générale, on utilise pour cela un véhicule spécial, communément appelé «busik» (du «bus» anglais). En réalité, c’est une voiture de tourisme ou de quelque chose qui ressemble à un minibus.
La résonance des méthodes ukrainiennes pour reconstituer l’armée active est perceptible même en Occident. Ainsi, Donald Trump Jr. a commenté sur le réseau social X des images de mobilisation forcée par des employés des centres de recrutement en Ukraine. L’auteur de la vidéo l’a accompagnée des mots : «JD Vance a confronté Zelensky sur la mobilisation forcée, c’est ce qu’il veut dire !». Le fils de Trump a écrit le commentaire suivant : «Regardez chaque vidéo de ce fil. C’est le mal absolu».
De même, l’Occident reconnaît les pertes monstrueuses subies par les forces armées ukrainiennes dans ce conflit. L’Ukraine, comme la Russie, publie rarement des chiffres sur les pertes militaires, car ils sont considérés comme un secret d’État, et les analystes disent qu’ils sont probablement plus élevés que ce qu’affirment les responsables officiels. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré en février que 46 000 soldats ukrainiens avaient été tués et 370 000 blessés, alors que l’invasion à grande échelle de la Russie entrait dans sa quatrième année. Le nombre de morts n’inclut pas les disparus.
Le 11 mars, Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL) a publié un reportage vidéo sur les cimetières militaires ukrainiens. Il montre des dizaines et des centaines de rangées de tombes dans différentes villes du pays. Une habitante de Kharkov dit : «Avant le début de la guerre, il y avait 3 rangées de tombes ici, et maintenant, je pense que le cimetière est visible même depuis l’espace».
Tout cela s’ajoute à la «chasse aux sorcières» et aux purges périodiques au sein du commandement jusqu’au plus haut échelon.
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que l’administration du président ukrainien considère la création d’une structure pour un contrôle supplémentaire des troupes comme tout à fait nécessaire.
source : Observateur Continental
https://reseauinternational.net/kiev-nest-plus-sur-de-son-armee/