Le moins que l’on puisse dire est que Trump affole les commentateurs économiques avec ses mesures douanières, mais on a du mal à cerner les raisons des oppositions que se manifestent en Europe, à commencer par notre éternel Macron, qui ne rate jamais une occasion de proférer des commentaires qui sont en général contredits par les réalités qui suivent. Macron qui a foiré à peu près tout ce qu’il a entrepris, explique que les mesures de Trump sont brutales et inappropriées. On se rappelle que ses mesures à lui, concernant le Covid, la guerre en Ukraine et l’économie nationale, ont été encore plus brutales et encore plus inappropriées, l’état de la France le démontre largement. On peut compter sur cet homme comme boussole pour indiquer le sud. Le voilà qui évoque les « bases » de l’économie pour expliquer que Trump se trompe de chemin, sans préciser quelles bases, et pour cause, les bases de nos économies occidentales sont keynésiennes et consistent en une économie régulée et équitable en lieu et place du capitalisme sauvage qui nous étreint actuellement, fait de dumping social et de spéculation internationale. Le même explique que les Américains sortiront de cette aventure plus pauvres qu’avant, qu’en sait-il ? Encore une fois, il se passe toujours le contraire de ce qu’il raconte. Et en France, nous sommes nous enrichis sous ses présidences ? A l’évidence, non.
Même curiosité et même incompréhension du côté des écologistes. Ces taxes douanières vont entraîner un reflux des échanges internationaux, moins de déplacements inutiles, moins de carburant consommé… ils devraient être contents ? Non. Telle cette Marine Tondelier dont on ne comprend pas le discours, la voilà qui défend le système que jusqu’à présent elle combattait en avançant des raisons alambiquées. On a bien compris, le problème, c’est que l’auteur de ces mesures est Trump et que cela fait une différence de taille. Pareil pour les gauchistes et socialistes. Trump taxe fort les pays à bas coût, le Vietnam, par exemple. Les gauchistes ne se battaient-ils pas contre l’exploitation de ces populations par les multinationales ? Les voilà qui expliquent maintenant que ces pauvres gens risquent de perdre leur travail et donc leur condition d’exploités…
Il faut se reporter une quarantaine d’année en arrière, du temps justement de l’économie keynésienne, produire localement, consommer localement, privilégier le travail plutôt que la rente, établir des coopérations économiques… selon une doctrine très gaulliste visant à assurer les indépendances alimentaire, énergétique, technologique et mettre à disposition des populations des réseaux de déplacement en bon état. Tout a été passé en coupe réglée lors des accords de l’Organisation Mondiale du Commerce et notre fameux Pascal Lamy français, qui ont contribué justement à déréguler, mettre en concurrence des pays à bas coût avec les pays occidentaux, entraînant délocalisations, ruines, chômage de masse. Et à l’époque, on a vu fermer, nos aciéries, nos filatures et se délocaliser nos industries automobile, pharmaceutique et électronique… entre autres. Les gens de gauche avaient combattu ces accords, comme ils combattaient encore récemment le Mercosur… Trump va donc dans leur sens, que veulent-ils de plus ? Ils devraient applaudir. Ah oui, mais c’est Trump, qui est le grand méchant de droite et l’irresponsable. Alors comme ça, bousculer le système qui nous a ruinés serait « irresponsable » ?
Les taxes de Trump nous poussent dans un sens parfaitement identifiable : relocaliser, réindustrialiser, raccourcir les circuits économiques et de transformation… c’est ce qu’ils voulaient non ? Même Macron tenait ce discours. Le voilà aujourd’hui qui explique que les entreprises françaises ne doivent plus investir aux USA, de quoi se mêle-t-il ? Dans l’économie dérégulée qu’il promeut, un chef d’État se permet de dire aux entreprises ce qu’elles doivent faire ? Du moins celles qu’il n’a pas vendues aux Américains justement. La contradiction ne l’a jamais étouffé, il en est même l’un des brillants adeptes, dans un « en même temps » permanent en forme de grand écart confinant à l’écartèlement. L’homme qui nous expliquait que la Russie serait à genoux, qui nous a fait 1200 milliards de dette, qui nous pond de nouvelles taxes tous les quatre matins, qui prélève 50 % de la richesse nationale sans pour autant arriver à maintenir un seul service public en bonne santé, nous explique aujourd’hui que Trump nous mène à la ruine… on a toutes les raisons de ne pas le croire.
Trump renverse la table, tente de s’affranchir de ce système qui nous a tous ruinés et qu’il faudrait défendre aujourd’hui. Allons, allons, un peu de sérieux qui veut vraiment continuer dans le capitalisme sauvage dans lequel, sous Macron, les seules fortunes des plus riches ont doublé, voire triplé ? Qui est contre le retour de nos entreprises et la fabrication en France plutôt que l’importation de produits à bas coût fabriqués au Bangladesh ? Le vice président américain Vance le dit, ça va être un dur moment à passer, mais après, ça ira mieux. Pourquoi pas, on peut lui accorder ce crédit, plus qu’aux nôtres qui nous ont menés, entre Covid, guerre en Ukraine et délocalisations sauvages, aux fins de mois difficiles, au chômage et à la dette. Il faut avoir à l’idée que tout ce qu’on nous raconte depuis quelques années, depuis Von-der-Leyen, Macron, Scholz et quelques autres, s’est avéré faux. Nous n’avons donc strictement aucune raison objective de les croire quand ils nous racontent que Trump fait fausse route, mais nous avons même toutes les raisons de croire qu’ils défendent le système qui les avantage eux et pas nous. Le moins que l’on puisse faire est d’attendre et de voir en se disant que jusqu’ici, toutes les prédictions de bonheur retrouvé grâce à l’Europe n’ont été que désillusions…