Bagarre devant la station de métro Colisée : un jeune de 19 ans hospitalisé après avoir été poignardé à quatre reprises. Il y a un mois, un autre cas identique. Les témoignages : « C’était une bagarre entre arabes »
Colisée, terre de vols et de couteaux . Trente minutes après minuit hier, la place à l’ombre de l’amphithéâtre Flavien était teintée de bleu : neuf voitures de police sont arrivées avec sirènes hurlantes. Les pavés de la place la plus emblématique de la capitale sont trempés de sang. Pour la énième fois, la deuxième en vingt-cinq jours, un garçon gît au sol, le tee-shirt trempé de sang : il a été poignardé de quatre coups, deux au cou, deux aux bras. Un signe qu’il a essayé de se défendre et a échoué.
Même dans ce cas, les agents de l’Office de Prévention Générale et de Sauvetage Public (Upgsp) ne sont pas intervenus pour une bagarre banale qui a éclaté pendant la movida, mais pour une tentative de meurtre qui a eu lieu dans le contexte de la querelle sans fin entre les bandes de très jeunes Tunisiens et Égyptiens qui ont colonisé Largo Gaetana Agnesi, volant les passants et s’affrontant les uns les autres avec des lames à la main.
Les règlements de comptes, notamment pour le contrôle du territoire, se poursuivent depuis des mois, sous le regard perplexe des commerçants, des touristes qui assistent impuissants à la querelle assis aux tables des cafés qui donnent sur le Forum romain. Dans la soirée de vendredi à samedi, « nous étions en train de déboucher une bouteille pour l’anniversaire d’un ami – raconte Marco, un témoin assis aux tables du Caffé de via Salvi – à minuit, une bagarre a éclaté entre « maranza », un couteau est apparu et un garçon a été blessé au cou et aux bras ».
La victime, reconstituée peu après par la police, qui a également arrêté l’auteur des faits pour tentative de meurtre, est un jeune Tunisien de 19 ans.
« Au début, le garçon a titubé », poursuit Marco, « puis il a essayé de s’enfuir. Il essayait de courir, mais il zigzaguait et il est entré dans le métro en perdant des litres de sang. »
Les agents de sécurité en service à la station de métro Colisée ont appelé à l’aide. La victime a été transportée à l’hôpital San Giovanni en code rouge.
Les agents ont commencé à traquer l’agresseur, qui avait pris la fuite à pied. Qui est? Un Égyptien de 25 ans : il a été retrouvé sur la Piazza Venezia et arrêté pour tentative de meurtre.
Pendant ce temps, la police travaille toujours pour retrouver l’agresseur d’Ali, 17 ans.
Le mineur migrant non accompagné vit dans un centre d’accueil dans le quadrant sud de Rome. Il n’a pas de casier judiciaire et a été poignardé dans la nuit du 10 au 11 mars, toujours à Largo Gaetana Agnesi.
Les enquêtes pour retrouver son agresseur sont toujours en cours et il n’est pas exclu, à ce stade, qu’il ait lui aussi été blessé par le jeune homme de vingt-cinq ans arrêté hier sur la Piazza Venezia.
«Je venais de sortir du métro avec dix amis», a raconté Ali à la police. « Nous étions encerclés par un groupe de jeunes Égyptiens, ils devaient être une quinzaine ou une vingtaine. Ils nous ont poursuivis, mes amis ont réussi à s’échapper, je suis resté seul. Ils m’ont donné des coups de pied et de poing. L’un d’eux a sorti un couteau suisse. »
Donc les coups, les coups de couteau. Ali s’en est sorti avec une journée à l’hôpital. Le jeune homme de 19 ans blessé hier n’est pas non plus en danger de mort, mais son état est bien pire.
Alors que les plus jeunes risquent leur vie au cœur de Rome, les habitants, commerçants et élèves du lycée Cavour voisin continuent de dénoncer le manque de sécurité.
« Ils ont tous des couteaux », assure Flavia, 18 ans, à la sortie de l’école. « Il y a deux samedis, ils ont encerclé un de nos amis pour lui prendre une cigarette, il a dit « non » et l’un d’eux, pour l’obtenir, lui a montré un couteau. »
Rien de nouveau, selon Willy, le caissier du bar de la Via Salvi. « Le jardin de Largo Agnesi est un enfer depuis longtemps », assure-t-il, « ces jeunes dealers, boivent, se battent tous les soirs et personne ne dit rien. » Bienvenue au Colisée, terre de vols et de couteaux.