Trump, qui avait promis d’arrêter la guerre « en 24 heures » puis en « quelques semaines » et finalement « en 100 jours », menace maintenant de quitter la table de négociations. « Si, pour une raison quelconque, l’une des deux parties rend les choses très difficiles […], nous passerons à autre chose », a-t-il déclaré vendredi 18 avril, après que le secrétaire d’Etat Marco Rubio, de retour d’une énième « réunion pour la paix » à Paris ce même vendredi, a également déclaré que « les Etats-Unis ont d’autres priorités que l’Ukraine ».
Après 87 jours de tentatives infructueuses de parvenir à un accord de trêve, c’est manifestement l’impatience qui domine côté américain.
Le président américain a ainsi affirmé que les États-Unis étaient prêts à passer « à autre chose » « très bientôt » si un accord n’était pas trouvé entre Moscou et Kiev. Il n’y a « pas un nombre précis de jours, mais nous voulons régler ça rapidement », a-t-il encore ajouté depuis la Maison-Blanche.
Avec le langage diplomatique qu’on lui connaît, Trump a mis les points sur les i :
« Si, pour une raison quelconque, l’une des deux parties rend les choses très difficiles, nous dirons simplement : vous êtes stupides, vous êtes des imbéciles, vous êtes des gens horribles, et nous passerons à autre chose. Mais espérons que nous n’aurons pas à le faire. Et Marco a raison de dire que nous voulons en finir. Pensez-y : chaque jour, de nombreuses personnes sont tuées pendant que nous nous parlons. Nous n’allons donc pas accepter cela et nous verrons bien. Je pense que nous avons de bonnes chances de résoudre le problème. »
Donald a raison sur le fond : la guerre tue. Il faut louer ses efforts pour mettre un terme au conflit, même s’ils ne sont pas exempts d’arrière-pensées mercantiles :
En mars, Donald Trump avait initialement proposé un cessez-le-feu inconditionnel et complet, dont le principe avait été accepté par Kiev sous la pression de Washington mais écarté par Vladimir Poutine. Puis la Maison-Blanche s’était félicitée d’avoir obtenu l’accord des deux belligérants pour un arrêt pendant 30 jours des attaques sur les infrastructures énergétiques, ce qui a été grosso modo respecté. Le Kremlin vient de signifier que cette « trêve énergétique » venait de prendre fin, sans suggérer qu’elle pourrait être prorogée.
Le vice-président, JD Vance, s’est quant à lui déclaré « optimiste » sur les négociations de paix. Le duo Trump-Vance se donne la réplique comme dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, en soufflant alternativement le chaud et le froid. Kiev, à l’os militairement, est évidemment prêt à faire des concessions. Pour Moscou, c’est moins sûr.
Le fait est que le président Poutine n’est pas pressé de signer un cessez-le-feu avec l’Ukraine. Un gentleman agreement qui permettrait à Kiev de se refaire militairement une santé, comme les accords de Minsk avaient pour but d’armer l’Ukraine en vue de la guerre. Le maître du Kremlin a retenu la leçon. Son armée avance dans l’est ukrainien et la poche de Koursk est résorbée. Les troupes russes sont même rentrées en Ukraine dans l’oblast de Soumy, une région nullement revendiquée par Moscou dans le cadre de la Novorossyia, mais qui pourrait servir de monnaie d’échange le moment venu.
Américains, Européens et Ukrainiens sont convenus de se retrouver la semaine prochaine à Londres pour de nouvelles discussions.
Vladimir Poutine a fait une suggestion intéressante pour hâter la fin de la guerre :
Gageons qu’elle ne sera pas suivie : elle aurait pour conséquence de chasser le clan Zelensky du pouvoir…
Henri Dubost
https://ripostelaique.com/ukraine-donald-au-bord-de-la-crise-de-nerfs.html