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[ÉDITO] Bayrou sort son joker : la proportionnelle. Être et durer…

Capture d'écran
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François Bayrou n’a rien d’un parachuté, les pieds profondément enracinés dans son pays de Béarn avec, tout de même, la tête tournée vers Paris, oreilles grand ouvertes aux bruissements de la capitale. François Bayrou n’a rien, non plus, d’un parachutiste, même si sa bonne ville de Pau est en quelque sorte la capitale des paras : l’École des troupes aéroportées y est implantée depuis bientôt 80 ans. Pourtant, François Bayrou pourrait s’appliquer la devise du prestigieux 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine, le régiment de Bigeard : « Être et durer. » « Être et durer », c’est aussi le titre du chant du 3e RPIMa, qui commence par ces mots : « Si tu crois en ton destin… » Cela fait plus de quarante ans que Bayrou, qui a toujours cru en son destin, tente d’être, d’exister dans le paysage politique. Et… de durer.

Après avoir passé l'hiver, il faut passer le printemps

Aujourd’hui Premier ministre et, alors que beaucoup pensaient qu’il ne passerait pas l’hiver, comme on dit de la vieille tante dont on lorgne l’héritage, Bayrou dure et endure à Matignon. Ce n’est pas la première place dont il rêvait depuis tout petit, mais c’est mieux que rien. Pendant que celui qui est justement à la première place fait le malin « à l’international » avec les brillants résultats que l’on sait, Bayrou sue sang et eau dans les cuisines de la République. La semaine dernière, alors que se prépare à Bercy le budget 2026 (un « effort supplémentaire » de 40 milliards, a annoncé Éric Lombard), il est venu dire ce que tout le monde sait déjà : nos finances publiques sont exsangues. Le diagnostic était implacable, mais le bon docteur Bayrou s’est bien gardé de délivrer la moindre ordonnance. On attendra le 14 juillet, veille des vacances, histoire de faire passer la pilule ou le suppositoire. Pourquoi ? Évidemment, pour passer le printemps, comme il a passé l’hiver. C’est-à-dire pour éviter la censure. LFI ne rêve que de dégainer. Communistes et écolos, sans doute aussi. RN et UDR fourbissent leurs armes. Il ne manquerait plus qu’une petite trentaine de socialistes décident d’être de l’aventure (24, plus exactement), en passant outre les consignes de Hollande, et Bayrou n’aurait plus qu’à rentrer à Pau. Donc, tenir et durer.

Surprise de Pâques : la proportionnelle !

Tenir et durer ? En ce dimanche de Pâques, alors que personne ne s’y attendait et que Macron vient de s’envoler pour l’océan Indien, on apprend que Bayrou va lancer, le 28 avril prochain, une consultation de tous les partis sur le sujet de la proportionnelle aux élections législatives. Un beau et gros œuf de Pâques entouré d’un bien joli ruban. Certes, Bayrou a toujours été favorable à la proportionnelle, mais l’on ne peut s’empêcher de penser que cette annonce, balancée, là, comme ça, a pour but, encore une fois, de gagner du temps, de conjurer le risque d’une censure. À gauche, on est plutôt favorable à la proportionnelle. Pour le PS, ce scrutin permettrait sans doute de décrocher son wagon de 3e classe du train infernal LFI. De son côté, le RN est un ardent défenseur de la proportionnelle depuis toujours. Au passage, on peut s’étonner qu’il y soit encore favorable, alors qu’il emporte désormais de beaux succès au scrutin uninominal à deux tours. Évidemment, LR est contre, car ce n’est pas, bien sûr, l’esprit de la Ve République. Esprit, es-tu là ? En fait, la proportionnelle, c’est la relégation définitive de ce parti au rang que tenait le Parti radical, aux débuts de la Ve République.

Allez, François Bayrou, on s’accroche, on serre les dents et tout le reste. Faut durer jusqu’au 13 juin ! Ça fera six mois au compteur, de quoi décrocher alors la timbale de la grand-croix de l’ordre national du Mérite. Ce sera toujours ça.

Georges Michel

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