En Espagne et au Portugal, des dizaines de gigawatts ont soudainement été perdus du réseau électrique, soit environ 60 % de la demande, ce qui a plongé les habitants dans un genre de monde archaïque où plus rien ne fonctionne pendant des heures. Jamais une telle situation n’avait eu lieu auparavant dans ces pays, ni même en Europe et pour les analystes, il s’agit d’un cas de figure nouveau, qui peut non seulement se reproduire sur la péninsule ibérique, mais également toucher d’autres pays. Les « experts » officiels ne savent toujours pas précisément ce qui a provoqué cette panne, mais évoquent tout de même la piste de la cyberattaque, par des hackers capables d’entrer dans les logiciels de gestion de l’alimentation énergétique. Etonnant non ?
Pour les experts « officieux », une autre piste est venue immédiatement à l’esprit, celle de la mesure de rétorsion, assortie de la démonstration de puissance. Contrairement à ce qui avait été envisagé en 2022, alors que le F35 américain était le préféré de l’armée espagnole pour remplacer la flotte aérienne de chasse, l’Espagne n’a plus l’intention d’acheter ces avions de combat F-35 aux États-Unis et s’est reportée sur le programme européen SCAF, Système de combat aérien du futur, mené en coopération avec la France et l’Allemagne. Ceci après les informations venant de l’Ukraine et le débat qui a consisté à mettre le doigt sur la toute puissance américaine en matière de logiciels de combat européens. En résumé, voici quelques semaines, les états majors européens ont pris conscience avec plus d’acuité que les américains par leurs actualisations informatiques, pouvaient s’assurer du clouage au sol de l’ensemble des aviations européennes ou presque et pas que des aviations. Après les représailles d’Israël consécutives à l’attaque du Hamas, Madrid s’est également désengagé de ses contrats d’armement avec ce pays. En particulier, le contrat d’armement avec IMI Systems Ltd, filiale d’Elbit Systems, une société d’armement israélienne, a provoqué un scandale politique et la gauche pro-palestinienne a pesé pour faire annuler ce contrat qui portait sur la fourniture de munitions à la Guardia Civil pour un montant de 6,8 millions d’euros. La même réflexion a mené, le 13 mars dernier, le ministère de la Défense portugais a tranché en défaveur du même F-35 américain, envisagé dans un premier temps pour équiper l’armée de l’air portugaise. Ceci contre son état major qui a signifié que le F35 était incontournable, malgré ses multiples avatars de mise au point, dans le cadre de la nécessaire interopérabilité aérienne des forces atlantiques.
L’hypothèse selon laquelle ces deux pays paieraient le prix de leurs revirements sur des contrats représentant autant d’argent, n’est pas totalement farfelue. Si elle s’avérait exacte, elle montrerait l’ampleur de la vulnérabilité et de la dépendance des pays européens à l’électronique américaine, qui se retrouveraient ainsi en position d’être ramenés au Moyen-Age en quelques minutes, introduisant non seulement le crash économique mais également la panique dans la population et la déstabilisation totale du vieux continent. S’agirait-il donc d’un simple avertissement ou d’un acte d’intimidation majeur destiné à montrer à tous les pays européens ce qui se passerait si d’aventure ils étaient tentés d’essayer de s’émanciper de leur dépendance à l’Amérique ? Le dossier Ukrainien aura donc rebattu les cartes en matière d’alliance et servi à démêler les faux amis des vrais. La réaction des deux pays ibériques va être intéressante et il faudra suivre l’évolution des choix militaires, à savoir si l’Espagne et le Portugal reviennent sagement au F35 en acceptant la vassalisation, ou si les alliés européens prenant la mesure de l’acte, choisissent l’émancipation, avec tous les risques que cela pourrait comporter. Une chose est sûre, nous aurions dû mieux écouter le général de Gaulle qui préconisait l’indépendance économique et militaire.