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« Clowneries passéistes » : Jean-Luc Mélenchon s’en prend au Puy du Fou

Capture d’écran © Youtube Jean-Luc Mélenchon
Capture d’écran © Youtube Jean-Luc Mélenchon
À Aubenas, en Ardèche, ce 13 mai, en marge d'un meeting « pour la VIe République et pour la paix », Jean-Luc Mélenchon a visité le château, aménagé depuis peu en Centre d’art contemporain et du patrimoine. Il en a profité pour dénigrer le Puy du Fou qui est, sur le fond comme sur la forme et l'organisation, tout ce qu’il déteste.

 

Saluant une « ruralité culturelle au top » - Aubenas, 12.000 habitants, est un chef-lieu de canton -, Mélenchon s’est réjoui de pouvoir y admirer les toiles d’une « peintre du féminin insoumis », d’un « peintre chimérique » et d’un « photographe créateur ». S’agissait-il pour lui de montrer qu’on peut être un chef de meute et un grand sensible ? Ou uniquement de cracher sur le succès vendéen ? Il s’est réjoui de ne pas trouver à Aubenas des « clowneries passéistes style Puy du Fou », comme si opposer un centre d’art et un parc d’attractions était légitime. Interrogés sur ce point, ni le château ni la mairie n'ont donné suite à BV.

On ne discutera d’ailleurs pas ici pour déterminer si les œuvres exposées à Aubenas sont des clowneries contemporaines ou pas. Rappelons juste que, côté Puy du Fou, le parc a reçu les plus prestigieuses récompenses internationales possibles décernées par la profession. « Thea Classic Award » en 2012, « Applause Award » en 2014 et, l’année dernière, un nouveau « Thea Classic Award » pour le spectacle « Le Mime et l’Étoile ». On en souhaite autant au centre d’art contemporain d’Aubenas. Comme exemple de « ruralité culturelle au top », le Puy du Fou n’a de leçon à recevoir de personnes.

Aubenas : un modèle socialiste

Au-delà de ses contestables jugements esthétiques, Mélenchon, en appelant Rachida Dati à « faire l'effort du soutien », oppose deux visions du financement de la culture. Le Puy du Fou fonctionne sans actionnaires - un concept qui devrait plaire à Mélenchon : les actionnaires, c’est capitaliste - et sans subventions publiques - là, horreur ! Le Puy ne creuse pas de gouffre financier, il vit grâce à ses visiteurs. Autrement dit, de son succès. Il n’attend rien de Rachida Dati ni de personne, à l’opposé du Centre d’art contemporain d’Aubenas. La rénovation du château, sa transformation en musée (espaces, mises aux normes, accessibilité…) a coûté 12,6 millions d’euros. Plan de financement : 56 % de subventions publiques - État, direction régionale des affaires culturelles (DRAC), région, département, communauté de communes - et 44 % d’emprunt, donc d'endettement municipal. Un modèle tout à fait « socialiste » monté par un maire divers droite, Jean-Yves Meyer.

Le fonctionnement annuel est du même acabit. Budget 2024 : 1,1 million d’euros. 10 % viennent de subventions - DRAC, région, département - et le reste à la charge de la ville. « Le maire espère, à terme, ramener la part de financement de la ville à 50 % (au lieu de 90 %), explique Le Journal des Artsen comptant sur un accroissement des subventions publiques et sur les bénéfices de la billetterie. » Les subventions, toujours ! Paraphrasons Mélenchon : que voilà des clowneries comptables, quelle farce dont les dindons sont les contribuables, qu’ils soient Albenassiens, Ardéchois, de la région Auvergne-Rhônes-Alpes ou tout simplement Français, puisque, via la DRAC, c’est nous tous qui finançons le château d’Aubenas !

Clownophobie ordinaire

Le Puy du Fou a répondu à Jean-Luc Mélenchon. « Honorés d’être devenus la référence française à laquelle toute création culturelle est désormais comparée ! » Pour cette publicité involontaire, le chef des Insoumis, millionnaire, gagne une place gratuite : « Vous avez bien mérité une invitation au Puy du Fou que vous n’avez encore jamais vu. Vous pourrez ainsi parler de ce que vous connaissez. » Il y a bien des clowns, au Puy du Fou, ou d’anciens clowns, comme Pierre-Marie Charpentier, devenu un des directeurs de création du parc, mais le jour où Mélenchon assistera à la Cinéscénie™, le clown sera dans les gradins. En juillet dernier, le Daily Mail ne le nommait-il pas « le plus dangereux clown de France » ?

Reste que ce mot, « clowneries », est curieusement stigmatisant, de la part d’une extrême gauche qui se dit très attachée aux spectacles de rue et à la tradition du cirque. Le programme LFI affirme que le parti veut « favoriser la multiplicité des imaginaires ». C’est pour cela qu’il y a et des châteaux d’Aubenas et des Puy du Fou, n’en déplaise à Jean-Luc Mélenchon.

 

Samuel Martin

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