Certains s'étonnent aujourd'hui du vide sidéral de l'intervention présidentielle télévisée de ce 13 mai 2025. Mesurons-en l'immense contradiction.
Au cours de cette émission interminable et soporifique, en effet, il aura prétendu répondre à tous et dans tous les domaines, en dehors même de ses compétences constitutionnelles. En revanche le chef de l'État n'a rien annoncé des décisions qui, lui appartenant, pouvaient être attendues. Il ne s'est pratiquement pas exprimé non plus sur les dossiers brûlants, en particulier sur les relations avec l'Algérie. On l'aura seulement entendu entériner, comme s'il s'agissait de la météo, le chiffrage à hauteur de 500 000, jusqu'ici contesté, du nombre annuel d'immigrés légaux. Dans un pays où le chômage touche plus de 7 % de la population active il persiste à justifier cette invasion permanente par les besoins d'une économie, dont il vante la prospérité, etc.
Le président de la république ne se veut cependant pas comptable de l'action des premiers ministres qu'il a nommé.
Par exemple sur le terrain de « l'Inflation normative » que dénonce l'excellent ouvrage, publié de Christophe Eoche-Duval, sous ce titre, chez Plon, il avait naguère parlé lui-même d'une « maladie législative ». Gabriel Attal dans sa Déclaration de politique générale du 30 janvier 2024 avait pu formuler ainsi quelques promesses qui n'ont pas été tenues. Il mentionnait pourtant « que chaque année, ce sont 60 milliards d'euros que nous perdons à cause des démarches et des complexités de notre quotidien. »
Un an plus tard, et deux gouvernements plus loin, François Bayrou s'écriera quant à lui « Stop à la boulimie normative de l'État » et, pour compléter les 37 lois de simplification votées depuis la présidence Pompidou, il en fait rédiger une 38e. Mais la machine à produire des textes, inexorablement, continue son chemin. Depuis 25 ans, elle a multiplié par deux le volume des 19 principaux codes, sur les 77, qui régissent le droit français, soit + 104 % de mots en plus depuis 2002. Et depuis le 13 décembre 2024, qui vit nommer l'actuel chef du gouvernement, 335 385 mots ont été ajoutés portant le total à 47 millions de mots...
Qu'a donc réalisé dans un tel domaine l'homme qui s'autocélébrait, vainqueur de la présidentielle de 2027, en « Jupiter » et « maître des horloges », sinon bloquer toute tentative d'enrayer la marche de la technocratie et de l'étatisme qui ruinent la France et aggravent son endettement ?
Ce frein n'est sans doute pas étranger à l'étonnant silence de ceux qui l'ont servi dans le passé et qui sentent manifestement que ce règne n'en fini pas de s'achever.
Ainsi, L'Opinion du 14 mai 2025 relève que : « Le silence du parti de Gabriel Attal pendant l'émission de TF1 n’a pas échappé à Emmanuel Macron… Le parti Renaissance n’a publié aucun message sur les réseaux sociaux pendant et après l’interview accordée par Emmanuel Macron à TF1. A la différence des Jeunes avec Macron, justement remerciés par un message vocal laissé par le chef de l’Etat lui-même… »
Interpellé par Agnès Verdier-Molinié sur la question des fameuses « normes », qui n'ont jamais diminué, M. Macron a surtout exprimé un sentiment qu'il partage avec le regrettable Chirac : celui de la résignation. Il ne faut surtout pas heurter l'opinion de gauche, il faut même la précéder quand on pense que cela ne fait pas reculer les cours de la Bourse.
C'est ainsi que le péché originel du macronisme remonte à plus de 8 années, quand le candidat Macron, alors ancien ministre de l'Economie en visite en Algérie, ose déclarer : « la colonisation, c'est un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie ». (1)⇓
Ceci allait permettre l'essor et assurer l'impunité du parti de la repentance. On notera d'ailleurs que pas plus qu'il n'a évoqué les nuisances de l'immigration incontrôlée, le chef de l'État n'a mis en cause les provocations du régime algérien.
Ce 10 mai une dizaine de députés de gauche français ont pu dès lors commémorer aux côtés des autorités militaires dictatoriales d’Alger les événements qui se sont déroulés, il y a 80 ans, à Sétif.
Le Monde mettait en ligne, deux jours plus tard, le 12 mai, une recension de l'événement par son envoyé spécial Simon Roger.
Trois jours plus tôt, le 9 mai le même spécialiste du Maghreb avait présentait l'intention de la démarche comme celle de « parlementaires français tentant de renouer le dialogue » avec l'Algérie.
Sabrina Sebaihi, se distingue à cet égard comme l’une des chevilles ouvrières de cette étrange initiative qui cadre si bien avec les intérêts de la rente mémorielle mensongère locale.
Sa carrière ne manque pas d'interroger. Elle apparaît d'abord, en 2014, comme élue municipale à Ivry sur une liste d'union de la gauche dirigée par les communistes ; puis elle entre en 2022 à l'Assemblée en tant que députée de la 4e circonscription des Hauts-de-Seine qui fut celle du stalinien Parfait Jans mais où, dès le 1er tour, le PCF ne présente pas de candidat contre elle.
En avril 2023, déjà, passant dans l’émission Les Zinformés sur Beur FM, elle se présente comme porte-parole du groupe écologiste-NUPES. Elle propose alors une résolution pour reconnaître en tant que « crime d'État » la responsabilité de la France dans la répression des manifs pro FLN d'octobre 1961, et pour en faire une journée de commémoration nationale. Elle défendra cette initiative au Palais Bourbon. À l'entendre « la France est assez grande pour absorber ses belles pages mais aussi les pages les plus sombres de son histoire ».
Cette année c'est avec trois autres députées de gauche, Danielle Simonnet, Fatiha Keloua-Hachi et Elsa Faucillon, que cette élue de la bonne ville d'Ivry étiquetée écologiste s’est depuis un an investie sur cet « autre 8 mai 1945 ». Le président de l’Assemblée populaire nationale, Ibrahim Boughali, a pris soin de remercier les « élus et parlementaires français, binationaux pour certains », présents le jeudi 8 mai et qui allaient participer les jours suivants aux commémorations des événements du Nord Constantinois de 1945 présentés comme autant de « massacres perpétrés par l’armée française à Sétif, Guelma et Kherrata. » (2)⇓
Ce nouvel épisode du feuilleton franco-algérien répondait à sa manière, outre-Méditerranée, à nos cérémonies du 8 mai. Son narratif unilatéral et mensonger, glorifie le coup d’envoi djihadiste de la guerre révolutionnaire. Elle aboutira en 1962 au départ des Français, au massacre des harkis et à la prise de pouvoir par l’armée des frontières qui put ainsi établir sa dictature mafieuse.
On attendra, sans doute toujours vainement, que M. Macron dénonce les mensonges systématiquement anti-français de ce régime.
JG Malliarakis
Apostilles
- à Echourouk News le 14 février 2017⇑
- On doit lire à ce sujet l'excellent petit livre publié par l'africaniste Bernard Lugan « Algérie l'histoire à l'endroit » chapitre VI "Que s'est-il passé à Sétif et à Guelma en mai 1945 ?" pages 101 à 113⇑
https://www.insolent.fr/2025/05/-la-macronie-en-sa-fin-de-vie.html