À plusieurs reprises, Jordan Bardella avait manifesté une forme d’admiration à l’égard de Nicolas Sarkozy, oubliant ses insuffisances et ses promesses non tenues. Il faut dire que Jordan Bardella avait douze ans, en 2007, quand l’artisan du Kärcher™, qui s’avéra être un tuyau crevé, monta sur la première marche du podium républicain. Bardella avait même défendu Sarkozy lorsque celui-ci, voici quelques semaines, avait été exclu - de facto - de l’ordre de la Légion d’honneur, après sa condamnation.
Bronca chez LR
Avec le courage qui caractérise LR, la bronca est aussi unanime qu’anonyme. « Une connerie », dit un député (qui ne donne pas son nom). « Nicolas Sarkozy qui reçoit Jordan Bardella, c'est lui donner de la légitimité et relancer l'hypothèse d'une union des droites. De quoi affaiblir la position des LR », dit un ancien ministre (qui ne donne pas davantage le sien). On rappelle que, selon un récent sondage publié par BV, 74 % des électeurs de droite sont pour cette union. Seuls les brontosaures, aux manettes de ce qui fut le parti du général de Gaulle, manquent s’étouffer quand on évoque cette hypothèse. En ce sens, donc, la rencontre entre Bardella et Sarkozy irait dans le sens d’une évolution naturelle de la droite : celle de la fin du « front républicain » (cette ineptie électorale qui consiste à faire élire un communiste pour défendre la liberté) et du retour à une politique de droite, non pas « dure », non pas « décomplexée », mais simplement de droite.
Pourtant, il y aurait bien, grince un autre élu LR (tout aussi anonyme que les deux premiers), originaire des Alpes-Maritimes, une autre hypothèse pour expliquer cette rencontre - une hypothèse qui ressemble à un énoncé de maths du certificat d’études. On sait, d’une part, que Louis Sarkozy, invité jusqu’à la nausée dans les médias français pour promouvoir son image, notamment grâce à son parrain Martin Bouygues (TF1, LCI), guigne la mairie de Menton (Alpes-Maritimes). On sait, d’autre part, que le Rassemblement national est largement en tête dans un grand quart sud-est, grâce aux joies de la criminalité diversitaire azuréenne, mais aussi grâce au relatif conservatisme structurel de son électorat. Bardella pourrait avoir négocié avec Sarkozy : un entretien médiatisé, voire un soutien plus appuyé à l’avenir, contre la promesse de ne pas présenter de candidat RN face à l’héritier de l’ancien Président. Pourquoi pas. Peu importe. La vogue de Louis Sarkozy passera sans doute, un de ces jours.
Il n’y a, finalement, que de bonnes nouvelles, dans cet entretien : l’union des droites est possible ; Sarkozy a peut-être enfin compris que la soumission à la gauche morale ne lui valait rien. Et puis, Bardella rentrerait dans des combines d’Italo-Varois pour des attributions de prébendes : ça aussi, c’est la politique « républicaine ». Ce serait la dernière marche de la normalisation.
Arnaud Florac