Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[ÉDITO] Von der Leyen résistera-t-elle à la motion de censure prévue ce 10 juillet ?

von der leyen
Ursula von der Leyen sera sur la sellette, ce 10 juillet, face au Parlement européen. Comme nous l’annoncions ce 4 juillet, la Commission européenne et sa présidente sont visées par une motion de censure. Une initiative rare, la dernière remontant à 2014. Ainsi, les débats ont fait rage, ce lundi 7 juillet, à Strasbourg. Signée par 75 députés européens (72 sont nécessaires, au minimum, sur 720 élus, au total, au Parlement européen), pour la plupart issus du groupe des Conservateurs et Réformistes (ECR, le groupe de Giorgia Meloni ou de Marion Maréchal), la motion de censure devrait effectivement être mise au vote ce jeudi 10 juillet. Parmi les signataires du document figurent trois députés européens français : Virginie Joron (RN), Thierry Mariani (RN) et Sarah Knafo (Reconquête).

Les griefs contre la Commission ? Entre autres, l’achat de vaccins contre le Covid-19, un investissement contesté de 150 milliards d’euros dans la défense, l’ingérence dans les élections en Roumanie et en Allemagne. Conséquence : « La Commission dirigée par la présidente Ursula von der Leyen n’inspire plus la confiance du Parlement », écrivent les signataires, qui évoquent « une grave violation de son mandat de défense des principes démocratiques et de respect de la souveraineté nationale », une confiance dans les institutions de l’Union sapée et une menace sur l’intégrité du cadre juridique de l’Union. Lundi, le RN, par la voix du député européen et ancien patron de Frontex Fabrice Leggeri et par la voix de Jordan Bardella, a indiqué que le groupe des Patriotes auquel il appartient voterait bien la censure.

Le grand chelem de la diabolisation

Face à cette attaque frontale, Ursula von der Leyen fait le dos rond, usant des méthodes qui ont fait leurs preuves : minimiser la portée de l’offensive et dénoncer le fascisme. Elle a ainsi vitupéré une « tentative grossière de semer la discorde » entre la Commission et le Parlement européen et stigmatisé les « vieilles recettes des extrémistes ». Ben voyons… Tant qu’à donner dans la réplique facile, von der Leyen a traité les députés signataires d’« anti-vaccins » et traîné dans la boue ceux « qui font l’apologie de Poutine ». Le grand chelem de la diabolisation…

En réalité, la motion de censure a bien peu de chances de passer. Certes, le RN français la soutient : « Ursula von der Leyen traverse un moment de vérité, a expliqué Jordan Bardella, le 8 juillet, au Parlement européen. Depuis plus mois, nous faisons le constat d’une dérive à la fois bureaucratique et antidémocratique de la Commission européenne, un reproche que nous lui avons fait tout au long de son premier mandat. » Le parti polonais PiS, lui, s’est déclaré pour.

Mais les Conservateurs et Réformistes européens (ECR), qui ont lancé l'offensive par l'intermédiaire de députés roumains agissant à titre individuel, sont eux-mêmes… divisés sur l’opportunité de renverser von der Leyen. Le parti de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia, qui fait partie d'ECR, a ainsi refusé de signer la motion de censure. « Les Italiens renverseraient en même temps le commissaire dont ils ont obtenu la nomination », explique un collaborateur RN au fait des arcanes de la machine européenne. Le puissant PPE votera massivement contre la motion de censure. Comme la gauche, qui fera évidemment bloc derrière la Commission. De vives pressions s'exercent contre les députés qui ont signé cette motion pour faire tomber leur nombre sous la barre fatidique des 72 signataires. La motion peut espérer une grosse centaine de voix. Insuffisant.

Un malaise réel

Reste la secousse, rare, subie par von der Leyen, prise en flagrant délit de faiblesse alors que de nombreuses affaires planent au-dessus de sa tête. La présidente va compter ses troupes et jauger les voix favorables à la censure avec un peu d’angoisse.

Sa défense en dit long sur sa vulnérabilité et celle des institutions européennes. Le site Euractiv, qui fait référence, estime que « la motion de censure contre Ursula von der Leyen a peu de chances d’aboutir mais révèle un malaise réel ». Pour le député européen RN Fabrice Leggeri, l'épisode est révélateur : « C'est intéressant, confie-t-il à BVll y a des débats, un ton... le cordon sanitaire est fragilisé y compris sur l'immigration. Renew est de plus en plus à gauche, le PPE, du coup, regarde vers nous. » La poutre travaille.

La gauche du Parlement européen s’en est ainsi prise à Manfred Weber, le patron du puissant PPE, coupable d’alliances avec les patriotes de l'ECR – crime à l’égard du sacro-saint cordon sanitaire -, notamment contre le Green Deal, véritable vache sacrée de l’écologie européenne.

Échaudés, les européistes, la macroniste Valérie Hayer en tête, sentent le vent du boulet, attaquent un PPE vendu, selon eux, à la droite nationale et dénoncent le « grand spectacle de l’extrême droite ». Valérie Hayer, ancienne tête de liste macroniste malheureuse aux européennes, ne votera « évidemment pas » la censure, dit-elle, mais elle en attend un « vrai moment de clarification politique ».

Les européistes, encore tout-puissants, sentent le sol se dérober : la motion de censure le montrera sans doute, leur socle d’élus et d’électeurs se fissure chaque jour davantage. Et ce constat risque d'être douloureux.

Marc Baudriller

https://www.bvoltaire.fr/von-der-leyen-resistera-t-elle-a-la-motion-de-censure-prevue-ce-10-juillet/

Écrire un commentaire

Optionnel