Une enfant tant désirée
Claude voit le jour le 13 octobre 1499 à Romorantin. Sa naissance est un miracle pour sa mère, Anne de Bretagne, endeuillée par la disparition de ses enfants mort-nés. Ainsi, dans une ultime prière, la duchesse aurait sollicité l’aide de saint Claude de Besançon, donnant ainsi son prénom à sa fille. Claude grandit à la cour de Blois, dans le sillage d’une mère aimante mais ferme, soucieuse de faire d’elle non une simple princesse mais une héritière bretonne capable de défendre ses droits face aux appétits français. En effet, à cette époque, l’union de la Bretagne et de la France est encore fragile. La duchesse Anne tient à préserver l’indépendance de son duché et rêve d’un mariage pour Claude qui conforterait cette position : un Habsbourg plutôt qu’un Valois. Cependant, Louis XII voit les choses autrement pour le bien du royaume de France.
Mariée pour le bien de la France
Ainsi, lorsque Anne meurt en 1514, Claude devient duchesse souveraine de Bretagne à seulement quinze ans. Afin que le duché de Bretagne puisse rester sous l’autorité du royaume de France, son père, n’ayant eu aucun fils de ses précédentes unions, organise dans la foulée son mariage avec son cousin, François, comte d’Angoulême, futur François Ier. Ce dernier est alors l’héritier du trône de France. Cet Apollon peut aussi se satisfaire d’une grande beauté accentuée par sa grande taille. Sa promise, au contraire, n’est guère une Aphrodite. Légèrement boiteuse, Louis XII dira même d’elle : « Elle n’est pas belle, mais sa vertu touchera le comte, et il ne pourra s’empêcher de lui rendre justice. » L’union est alors célébrée à Saint-Germain-en-Laye le 18 mai 1514. La mariée n’a alors qu’une quinzaine d’années quand le mari a déjà dépassé la vingtaine. Que voulez-vous, la raison d’État passe avant tout, et ce mariage arrive à point nommé.
En effet, quelques mois plus tard, Louis XII décède, laissant ainsi François Ier accéder au trône. Claude devient reine, mais cette couronne est bien lourde. Dans l’ombre du flamboyant François, amateur de femmes et d’aventures, Claude s’efface et délègue à son mari la gestion de la Bretagne. Par son caractère, elle est souvent décrite comme douce et pieuse. Néanmoins, elle accomplit son destin de reine et donne de nombreux enfants au royaume : le pauvre Dauphin François de France, le futur Henri II, Madeleine, future reine d’Écosse, et Charles, futur duc d’Orléans.
Une reine face aux épreuves
Malheureusement, ces grossesses successives ne sont pas sans conséquence pour la pauvre Claude, qui s’épuise de naissance en naissance. Elle souffre également dans son cœur, face aux infidélités de son époux volage, notamment avec sa maîtresse, la duchesse d’Étampes. Elle doit aussi faire face à sa terrible belle-mère, Louise de Savoie, qui souhaite avoir sa place dans la gouvernance du royaume de France.
Pour affronter ces épreuves, Claude se réfugie souvent à Blois afin d’éviter la vie trépidante de la cour. Elle peut aussi s’appuyer sur quelques amis et fidèles, dont une jeune dame d’honneur venue d’Angleterre, Anne Boleyn, future souveraine d’Albion, décapitée par le terrible Henri VIII, et qui gardera après son séjour un profond respect envers la reine Claude.
Une fin prématurée
Usée alors que sa vie semblait commencer à peine, Claude s’alite une dernière fois au cœur de l’été 1524. C’est ainsi en son château de Blois, surplombant la Loire, que la dernière des Valois-Orléans rend l’âme, le 20 juillet, terrassée par l’épuisement, sinon par la syphilis que François Ier lui aurait transmise. D’abord inhumée à Blois, sa dépouille devra attendre le retour de son époux, captif à Pavie, pour être enfin transférée à Saint-Denis. Apprenant la nouvelle et se rendant compte de l’attachement insoupçonné qu’il portait à son épouse si discrète, le roi déclara alors : « Je n’eusse jamais pensé que le lien du mariage conjoint de Dieu fût si dur et difficile à rompre. »
Cependant, Claude, malgré sa discrétion, laisse un héritage durable à la France. Tout d’abord, la Bretagne, en voie d'intégration au royaume pendant son règne. Ensuite, une lignée royale : c’est par elle que les Valois assureront leur succession. Enfin, elle lègue à la postérité un souvenir inattendu, léger et sucré : un petit fruit vert, la prune Reine-Claude. Ainsi, comme ce don de la nature qui mûrit au cœur de l’été avant d’être cueilli et de s’effacer, Claude de France aura marqué la France par sa douceur et sa bonté.