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Qui est vraiment Jordan Bardella et jusqu’où est-il prêt à aller ?

Nous arrivons aux échéances. Les élections de 2027, c’est demain. Si l’on se fie aux sondages, l’heure du RN a sonné et rien ne semble pouvoir empêcher ce parti d’accéder au pouvoir. Si Marine est empêchée de se présenter, c’est Bardella qui sera le plan B.

Or, Bardella est présenté par certains comme quelqu’un de creux, sans consistance ni convictions, qui ne connaît rien à la vie. C’est en ces termes que Xavier Bertrand l’a décrit lors d’un récent forum sur Radio J. À l’inverse, de nombreux observateurs font son éloge et lui prédisent un brillant avenir. D’autres enfin le voient ou le présentent comme le « gendre parfait » dont rêveraient toutes les belles-mères. Il est vrai que si on se réfère à la photo sur la couverture de son dernier livre, on a un peu ce sentiment en la regardant. De plus, il est assis à un bureau, stylo en main afin de le montrer écrivant, alors que tout le monde se sert aujourd’hui d’un ordinateur et d’un logiciel de traitement de texte pour rédiger tout livre, programme ou discours. Tout cela fait donc un peu cliché. Trop. Ajoutons qu’en détaillant, on note que la peau du visage a été retouchée, elle est lisse, comme l’image qu’il veut donner de lui. En arrière-plan, il y a des livres, histoire de souligner qu’il est un homme sérieux, qui lit, qui réfléchit, bref, qu’il donne une image rassurante aux Français. Et si on l’écoute parler on a la même impression. Une belle machine politique, mais très fortement version marketing. Et si on passe derrière le décor, que trouve-t-on ? Quelle est sa ligne politique ? Est-ce crédible de l’imaginer accéder au pouvoir ? Et s’il y arrive, sera-t-il à la hauteur ?

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut garder à l’esprit un élément fondamental. Même si Bardella est Président, le vrai chef du RN reste Marine Le Pen. Or Marine est résolument attachée à son positionnement « ni droite ni gauche ». Bardella est plus clairement de droite, mais il doit rester prudent, sauf à risquer de braquer Marine et d’enclencher un conflit fratricide. Donc Bardella ne se livre pas entièrement. On commence à voir quelques différences avec la ligne de Marine, mais il fait tout pour que ça reste acceptable. À moyen terme, bien sûr Marine devra passer la main et de ce fait l’avenir appartient à Bardella, à condition qu’il ne se soit pas grillé les ailes avant. Nous saurons bientôt (le 13 janvier 2026 se déroulera le procès en appel) si Marine sera définitivement écartée de la possibilité de se présenter à la présidentielle. Si c’est le cas, Bardella verra l’horizon s’éclaircir pour lui mais, pendant encore un certain temps, Marine conservera encore un rôle majeur au sein du RN. Il doit donc tenir compte de ces éléments dans son activité politique et également dans ses écrits. Justement que laisse-t-il paraître dans son dernier livre Ce que veulent les Français ?

Bardella a rédigé son livre en allant à la rencontre des Français. Toutes sortes de Français, mais des gens qui travaillent. Au passage on notera que ceux qui travaillent en France sont au nombre de 23 ou 24 millions sur un total de 68 millions. Cela fait donc largement moins de la moitié. On a donc bien plus de la moitié qui ne travaillent pas. Principalement des jeunes et des assistés en tout genre. Donc Bardella fait parler les Français, ce qui est assez astucieux, puisqu’il rapporte leurs dires qui sont en fait ce pense Bardella. Le Figaro du 29 octobre 2025 rapporte : « Le président du RN s’est lancé dans le récit de ses rencontres avec les Français. Tout au long des 392 pages, le député européen nationaliste raconte la vie de 20 de ses concitoyens, dont sa mère. « Pendant près d’un an, je suis allé frapper à la porte des Français, assure-t-il. Je m’y suis rendu seul, sans caméra de télévision, sans appareil photo, sans reporter d’images, avec mon seul cahier de notes en main ». (…) Dans chacun de ses portraits, le président du RN couche sur le papier tout ce que ses interlocuteurs ont bien voulu lui raconter. Il en profite pour dresser un constat politique, généralement une critique acerbe de huit ans de macronisme ». En clair, avec ce livre, Bardella se fait et se veut le porte-voix de la France qui travaille et souffre. Mais ça n’est pas encore un programme politique. Ce sera sans doute l’objet de son prochain livre, vraisemblablement en 2026, si Marine Le Pen est empêchée de se présenter en 2027. En attendant, le RN a des positions sur l’économie et la politique. Positions qui changent assez rapidement ces dernières années. Ainsi en est-il de l’acceptation de l’UE, du renoncement à la sortie de l’euro, de la validation de la règle des 3 % de déficits, de l’ajustement de sa mesure sur les retraites ou encore des reculs toujours plus conséquents sur l’immigration, la preuve en étant apportée par Marine Le Pen déclarant : « L’islam est compatible avec la République ».

On pourrait également s’inquiéter des positions adoptées et des textes votés par le RN lors de la discussion budgétaire en cours. Ainsi, à l’Assemblée nationale, le RN a voté, entre autres, un « impôt universel » sur les multinationales et un « impôt sur la fortune improductive ». Ce qui n’est guère rassurant car cela confirme que le RN n’assume pas d’adopter une position, que d’aucuns qualifient de libérale, prenant parti pour des coupes sombres dans les dépenses de l’État. À l’inverse le RN vote des augmentations d’impôts pour les riches et cède de facto devant la doxa de gauche pour qui il faut toujours plus d’impôts. Pourtant refuser de s’engager dans cette voie n’enlèverait rien aux pauvres que le RN dit défendre. Bien au contraire la baisse des impôts serait possible puisque les charges de l’État baisseraient. Et le RN est discrédité sur ce plan par ce que les observateurs qualifient de politique sociale… de gauche. Capitulation devant la politique de gauche prouvée par cette remarque de Marine Le Pen « l’obsession du nombre de fonctionnaires est un truc de droite ». Et Jordan Bardella, président du parti nationaliste, se trouve contraint d’apporter sa petite pierre à l’édifice. Il a ainsi listé pour la presse les succès du RN en faveur de la fiscalité : « Baisse de l’impôt sur les sociétés pour les TPE-PME jusqu’à 100.000 euros de bénéfices », « baisse d’impôts de production injustes », ou encore « exclusion des ETI de la surtaxe IS ». Il lista aussi ce que son groupe parlementaire a empêché d’être voté : « L’instauration de la taxe Zucman », « la taxe dite “sur les holdings” », « le gel du barème de l’impôt sur le revenu ». Bardella qui pourtant déclarait en parallèle au JDD : « Je suis pro-croissance, pro-entreprises » et d’ajouter que, s’il arrive au pouvoir, il s’engage à un choc fiscal positif pour les entreprises. En attendant d’avoir cette opportunité, il est obligé d’avaler les couleuvres économiques du RN actuel. RN qui est parcouru par des conflits internes sur ces différents sujets. C’est particulièrement vrai s’agissant de la position du parti sur la réforme des retraites.

Il faut le reconnaître, la position de Bardella est très inconfortable. Il semble évident qu’il n’a pas la même politique que Marine mais ne peut pas afficher réellement et ouvertement ses opinions. Il est donc obligé de slalomer en permanence afin de ne pas arriver au clash. Même sur le plan politique, les problèmes sont assez identiques. Marine Le Pen ne veut pas entendre parler de l’union des droites. Alors que Bardella semble plus ouvert sur le sujet. Plus exactement il comprend bien, contrairement à Marine, que le RN arrivant à 48 ou 49 % serait près du but mais n’aurait pas gagné. Il faudra donc peu ou prou, pour triompher, faire alliance avec d’autres forces politiques de droite. Marine n’y consentira jamais. Elle est dans son couloir, comme on dit de nos jours, et n’en sortira pas. Il appartiendra donc à Bardella le moment venu, lorsqu’il aura vraiment en main les leviers de commande, de faire le nécessaire afin d’assurer la victoire au camp national. Mais là aussi, attention au dérapage prélude à la sortie de route. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Au final, Bardella est à ce jour une belle mécanique. Outre son âge qui lui pose problème, il faut qu’il prenne garde d’une part à ne pas provoquer de conflit majeur avec Marine Le Pen, d’autre part à ne pas tomber dans le travers de vouloir plaire à tout le monde, au risque de ne plaire à personne.

Mais surtout, si Bardella devait gagner en 2027 (ce qui imposerait d’avoir solutionné en amont beaucoup de problèmes) il serait placé au pied du mur. La gauche l’a déjà annoncé, elle mettra tout en œuvre pour l’empêcher d’exercer le pouvoir, pour lui pourrir la vie et la tâche. Bardella aura-t-il les épaules assez larges, aura-t-il une volonté de fer pour réaliser ce pour quoi il se sera fait élire ? Et les pires difficultés l’attendront dans ce cas. Ainsi, presque tous les médias seront contre lui, une partie de la magistrature, peut-être aussi de la police et de l’armée, tous les partis de gauche ainsi que sans doute presque tous les syndicats. La majorité des enseignants, des fonctionnaires, etc. Il devra sans doute faire face à des émeutes du style Nahel, pilotées par l’extrême gauche qui s’en donnera à cœur joie, manifestations qui seront équitablement réparties sur tout le territoire. Sera-t-il suffisamment intraitable pour faire face à toutes ces épreuves et imposer les changements politiques indispensables au redressement du pays ? À savoir stopper l’immigration et enclencher une importante remigration, rétablir le délit de séjour irrégulier, rétablir nos frontières nationales, expulser les OQTF, supprimer l’AME, déchoir de la nationalité française les binationaux terroristes ou criminels et les expulser, restaurer la préférence nationale, couper à la tronçonneuse les dépenses inutiles dans le budget de la France, privatiser l’audiovisuel public, couper les subventions à la presse écrite, supprimer toutes les subventions aux associations pro-immigration, supprimer les Lois Pleven, Gayssot et Taubira, restaurer une véritable liberté d’expression, quitter la CEDH, activer l’article 50 si l’Union européenne ne veut pas redonner sa souveraineté à notre pays, démonter le gouvernement des juges, interdire le syndicalisme dans la magistrature, restaurer les missions traditionnelles du Conseil constitutionnel et du Conseil d’État et leur interdire d’interférer dans la vie politique du pays, etc. Autant de chantiers qui nécessiteront qu’il soit inflexible. Mais s’il l’est, il aura le soutien de quasiment toute la nation.

Pour le dire en quelques mots, Bardella s’il accède au pouvoir devra décider s’il veut gouverner pour l’histoire ou faire de la com sans froisser personne.

Bernard GERMAIN

Sur ce sujet, je vous invite à consulter cette excellente vidéo de Julien Rochedy, intitulée « Ce que veut Jordan Bardella »

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