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La France doit-elle disparaître ? (arch 2008)

La question posée en juillet 2006, lors de la XVe Université d'été de Renaissance Catholique, qui vient de publier ses Actes (1), conserve en 2008 une pertinence accrue vu le délabrement accéléré de notre société. Profondément ébranlée pendant le dernier demi-siècle par la décolonisation et ses inévitables corollaires, la paupérisation et donc l'émigration (avec le déferlement sur un Hexagone enrichi par les « Trente Glorieuses » de tant d'habitants des nouveaux Etats indépendants chassés de leur pays par une corruption, une misère et des guerres tribales souvent endémiques) puis par les "événements" de Mai 68. Lesquels provoquèrent une révolution intellectuelle, sexuelle et morale dont nous n'avons pas fini de mesurer les ravages.
Dans sa conclusion, Jean-Pierre Maugendre, fidèle à l'intitulé de la maison d'édition qu'il préside, postule pourtant un renouveau de la civilisation chrétienne sous l'égide de la France dont la survie serait assurée en tant que « peuple élu de la Nouvelle Alliance ». De la vocation providentielle de la fille aînée de l'Eglise par le baptême franc, des prophéties des papes et des innombrables interventions surnaturelles qui jalonnèrent son histoire, J.-P. M. induit « cinq raisons d'espérer ».
Mais « qu'est-ce que la France ? » interroge Jean de Viguerie qui définit Les deux patries, celle des « biens spirituels [qu'] il n'y avait pas lieu de partager puisque chacun pouvait tout prendre » et celle, "matérialisée", des droits de l'homme qui exige l'égalité dans la distribution. Pour lui, la première est bien malade, morte sans doute, mais nous l'aimons comme une mère dont il faut « cultiver le précieux héritage. »
S'abreuvant « aux sources de l'identité française », Jean Madiran nous engage à ne pas nous laisser entraîner « par le torrent de l'évolutionnisme d'un monde qui change ( ... ) - il y a une chose qui ne change pas, la nature humaine dont il restera toujours assez pour que la grâce puisse venir s 'y poser » - ; l'abbé Bruno Schaeffer - rappelant la distinction des pouvoirs spirituel et temporel, au contraire de l'islam qui est « une théocratie juive », et l'alliance millénaire de la France avec l'Eglise qui fut gravement altérée par les théories d'un Etat de droit divin, « caricature de l'Etat chrétien » pense que la pérennité de la France ne s'envisage qu'en « faisant d'abord régner le Christ dans nos âmes », et Arnaud Jayr soutient que « le cœur de Jeanne bat toujours sous la cendre et qu'elle n'a pas encore achevé son œuvre. »
Viennent ensuite les allocutions de ceux qui nient « la fin de l'histoire » et refusent tout déterminisme.
Dans un ample tour d' horizon des causes lointaines de la crise actuelle de l'identité de la France (née sous les Robertiens-Capétiens de la fusion des Gaulois, des Romains et des Germains, de même ascendance blanche) qui en connut bien d'autres - hérésie cathare, Réforme, maçonnerie Grand orientale, Révolution, etc. -, Henry de Lesquen croit toujours au « pays réel » au sein d'une res publica dont la restauration s'amorce (référendum de 2005, amendement Vanneste, réformes de l'enseignement - abandon de la méthode globale, apprentissage dès 14 ans -, discrédit de la psychanalyse ... enfin le Souverain Pontificat de Benoît XVI et la béatification de Charles de Foucault).
La nation française, « famille de familles » défigurée par la politique de naturalisation à tout-va d'une « tourbe humaine » que la démission des « institutions assimilatrices » - l'Eglise qui renonce à évangéliser, l'école qui ne transmet plus le savoir, les grands patrons favorisant une main-d'œuvre bon marché dans le but illusoire d'assurer les retraites des "souchiens" - ne se relèvera selon Michel De Jaeghere qu'en rétablissant la « frontière de la nationalité ».
Evoquant la « France ridée » en raison d'une démographie déficitaire depuis des générations engendrant l'afflux anarchique d'un tiers-monde décolonisé prématurément, Gérard-François Dumont fait litière des théories malthusiennes et du mythe d'une surpopulation à l'échelon mondial. Tout en étant très pessimiste sur la faculté du « peuple souverain » avec le vieillissement et la féminisation du corps électoral - de réanimer sa fécondité tuée par la légalisation de l'avortement et une nuptialité en déshérence.
Philippe Conrad, tout en dénonçant vigoureusement la « diffamation de la France » à travers l'enseignement de son Histoire, honteusement controuvée par des universitaires marxistes soixante-huitards, laisse apercevoir dans le regain d'intérêt des jeunes pour un passé prestigieux remis « à l'endroit » dans nombre d'ouvrages et de revues, la naissance d'une nouvelle génération prometteuse, débarrassée des poncifs mensongers, constituant l'élite, la « minorité active » qui « fabriquera demain l'esprit public » rénové.
Résister au Système en pratiquant « le pas de côté », en disant d'autant plus fort la vérité qu'on n' a pas le droit de la dire, c'est ainsi que Serge de Beketch continua le combat jusqu'au bout.
Marie-Gabrielle DECOSSAS. Rivarol du 9 mai 2008
(1) La France doit-elle disparaître ? 368 pages, 20 € ou 24 € fco. Renaissance Catholique-Publications - 89 rue Pierre-Brossolette, 92130 Issy-les-Moulineaux.

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