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L'AUTODESTRUCTION DU CAPITALISME

L'économiste Patrick Artus a écrit un livre très pertinent « Le capitalisme est en train de s'autodétruire ». Ce livre ne comporte pas d'équations qui ne sont souvent qu'un saupoudrage mystificateur.
Le fonctionnement du capitalisme actuel est fondé sur une logique extrêmement simple : dégager le maximum de profit en minimisant jusqu'à l'extrême les coûts salariaux. Le capitalisme appelé libéral/ultra-libéral ou anglo-saxon a une logique purement financière et à court terme. Ceci se traduit par l'exigence de taux de rentabilité bancaire très élevés (10% à 30%). Pour baisser les coûts salariaux, les méthodes sont toujours les mêmes : délocalisations, augmentation de la productivité pour les usines «encore» en France ou en Occident, chantage aux délocalisations pour que les salariés ne demandent pas d'augmentation de salaires, tout en disant défendre la compétitivité, licenciement pour augmenter la rentabilité. Les profits dégagés qui sont énormes vont essentiellement aux PD.G. et aux actionnaires ainsi qu'à certains cadres supérieurs. Le pouvoir d'achat des salariés ne fait lui que diminuer. Le partage profit/salaires est de plus en plus en défaveur des salariés.
Patrick Artus voit le capitalisme s'autodétruire. Disons qu'il s'autodétruit en Occident, les (grands) dirigeants d'entreprise n'ayant rien à faire de leurs congénères. Ils raisonnent à un niveau mondial faisant fi des frontières. Voilà vraiment ce qui signifie le mot mondialisation que certains glorifient et trouvent heureuse. Il est vrai que cela dépend pour qui ! Le capitalisme occidental n'est plus au service de la population autochtone mais simplement aux services des grands P.D.G. et des actionnaires et de quelques privilégiés. Le capitalisme actuel se moque bien d'avoir une croissance forte dans les pays occidentaux, les salaires des privilégiés augmentent malgré cela. Les profits et salaires des dirigeants sont en fin de compte indexés sur la croissance mondiale et non sur la croissance de pays comme la France ou l'Allemagne. Ce cercle est vicieux car plus les entreprises délocalisent et désindustrialisent la France, la croissance interne devient plus faible et cela encourage d'autres entreprises à investir là où la croissance est plus forte, c'est-à-dire les pays émergents. La construction européenne dans tout cela ne sert pas à grand chose si ce n'est à illusionner certains sur des lendemains meilleurs qui chanteront ? On peut même soutenir que la construction européenne a accéléré ce mouvement de fond du capitalisme actuel. On a là sans doute la meilleure explication du non au traité de la constitution. La politique du franc fort suivi de l'Euro fort n'ayant que fait encore perdre des points de croissance et augmenter le chômage.
Le capitalisme qui est foncièrement cynique a fait venir dans les années soixante et soixante dix des immigrés qui servaient ainsi de briseurs de grève et à faire pression sur les salaires, la France connaissant le plein emploi. Citons la déclaration de Georges Pompidou qui était l'oreille du patronat :
« L'immigration est un moyen de créer une certaine détente sur la marché du travail et de résister à la pression sociale ».
Cette phrase cynique avait encore un sens lorsqu'il y avait des usines à forte main d'oeuvre en France. Mais maintenant ces entreprises se sont modernisées ou sont parties à l'étranger. Les dirigeants d'entreprise se sont vite aperçus que les salaires étaient encore moins élevés dans les pays comme la Chine, l'Inde ou la Roumanie qu'en France en faisant travailler des Français/immigrés. Appeler sans cesse à plus d'immigration comme le font certains est la marque d'un nihilisme pervers. On a là aussi l'explication des émeutes en banlieue ou ailleurs. On ne résoudra pas ce problème de fond en débloquant des crédits et en construisant des gymnases et des bibliothèques (brûlées l'année d'après !) Faire porter le chapeau à Sarkozy comme le font certains est d'un simplisme accablant. On a fait et on continue à faire venir en France une population quasi analphabète qui a rejeté l'école et n'a plus sa place pour les emplois restant en France. Elle vit à côté d'une population aisée. Cela ne peut qu'exacerber la haine et les frustrations. Le bêlement humanitaire a été la seule politique vis à vis de l'immigration. Il a montré ses limites. La politique de l'immigration a été faite à la jonction de l'humanitarisme de gauche et du cynisme libérale plus absolu.
Le libéralisme n'étant que l'exacerbation du capitalisme sous sa forme la plus hideuse n'aboutit qu'à la fin de l'Occident.
Patrice GROS-SUAUDEAU STATISTICIEN ÉCONOMISTE

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