1- Vers un redressement structurel pérenne
L’ Islande a vu son système bancaire, qui représentait 9 fois son PIB, s’effondrer en 2008 après l’éclatement de la bulle financière. Menacées de faillite, les 3 banques du pays ont été nationalisées en une nuit, avec l’instauration d’un strict contrôle des capitaux, alors que la couronne se dépréciait à vue d’oeil. La reprise lui donne raison. En empêchant la fuite des capitaux à l’étranger, les autorités ont préservé le pays d’un ralentissement des échanges intérieurs et donc d’un effet récessif. En outre, l’épargne des islandais n’est plus aspirée par les produits financiers du secteur bancaire international mais est canalisée pour soutenir l’industrie islandaise, sauvegarder la qualité des services publics, entretenir les infrastructures et porter l’investissement qui reste insuffisant bien qu’en progression de 4.3%. L’Islande a, en outre, renoué avec la croissance, reconstitué ses réserves de devises. En dévaluant la couronne, le pays a vu ses exportations progresser de 3.9% et l’inflation est contenue. Elle se situait à 3.94% en mars 2013. Quand au chômage, il poursuit sa lente décrue en dessous de 5%. Signe de la confiance retrouvée chez les islandais, près des deux tiers de la population est partie en vacance à l’étranger en 2012.
2- La lame de fond réformatrice
Le sursaut démocratique
Dans ce pays où subsiste une réelle démocratique représentative, il suffit de franchir la barre des 5% de suffrage pour obtenir des représentants au parlement. D’après les sondages, les deux partis au pouvoir seraient piteusement crédités de 12.5% pour l’Alliance Social-démocrate et de 8.7% pour la Gauche Verte. Si ce pronostique se confirmait dans les urnes, cela signifierait que les islandais sanctionnent fermement la trahison politique et ne s’enferrent pas dans un parti pris électoral dogmatique sans issus. Touchée par à une crise profonde provoquée par un séisme financier conjointe à la corruption des mœurs politiques, confrontée une guerre économique déclenchée par la ploutocratique contre le peuple et des pressions idéologiques provenant d’une troïka supranationale, le peuple constitué islandais a réussi à se ressaisir et à résister. De la sorte, le pays a sauvegardé un niveau de développement humain stable. L’IDH se fonde sur trois critères majeurs : l’espérance de vie à la naissance, le niveau d’éducation, et le niveau de vie. Malgré le séisme économique de 2008, l’indice de développement humain de l’Islande a toujours devancé la France.
Le projet de constituante
Dans la foulée de la « révolution des casseroles », une assemblée populaire de 25 personnes élue au suffrage universelle direct parmi 522 candidats provenant des 1000 volontaires tirés au sort avait pour mission de donner une nouvelle impulsion à la constitution. Le texte est bel et bien approuvé par plus des deux tiers des votants le 20 octobre 2012. Cependant le texte n’a toujours pas été validé par le parlement islandais et n’a pas force de loi. C’est un semi échec. L’association France- Islande reste optimiste : « La commission a en effet touché du doigt les principales faiblesses des institutions actuelles : place du président de la république, faible séparation des pouvoirs, rôle exorbitant des partis politiques, équité de la représentation parlementaire, mode de nomination des juges…, mais n’y a apporté que de timides retouches. »
Les réticences sont grandes chez certains parlementaires car les revendications populaires sapent les intérêts de la caste dominante. Autant dire que les avancées de démocratie directe, notamment l’initiative populaire, la pétition, la contribution du peuple à la désignation des organes de pouvoir, sont des projets subversifs aux yeux des tenants de l’ordre établi. Par ces procédés, les citoyens proposent des lois qui sont ensuite votées par l’ensemble des électeurs. Les citoyens peuvent également s’opposer à une loi grâce à la pétition ou en faisant amender la constitution.