PARIS (via Belle et Rebelle) - Les cyber-warriors, on ne sait pas trop ce qu’ils font de leur vie… Enfin si, on le sait : ils se lèvent à midi, se couchent à 5 heures et passent leurs journées derrière l’ordi. Mais ce qu’on ne sait pas, c’est plutôt de quoi ils vivent… Mais ça, c’est leur affaire.
Depuis l’ère Facebook cette engeance étrange de cyber-warriors se répand comme une traînée de poudre et on ne sait comment faire pour s’en débarrasser. C’est pire qu’une invasion de pucerons dans vos rosiers ! C’est d’ailleurs aux époques pré-élections que le virus se propage le plus. Et puis en ce moment aussi… Avec la montée des mécontentements parmi nos concitoyens, on a également l’augmentation incroyable de ces soldats du net prêts à tout casser, tout détruire, et qui donnent des conseils du type : comment gouverner le pays, comment penser, comment vivre…
Le tout campés dans leur fauteuil et planqués derrière leur ordi
Il est de plus assez difficile d’établir un profil type de cette espèce. Ils sont hommes ou femmes, de droite ou de gauche, athées, catholiques ou musulmans. Bref, qu’importe leur religion et ce qu’ils pensent, le principal est qu’ils sont partout et qu’ils ne savent faire qu’une chose : tapoter du clavier. Ils vont à toute allure, comme s’il s’agissait d’une course contre la montre, que le but de leur journée était de poster toujours davantage de commentaires, comme s’ils étaient payés à la lettre envoyée sur le net, et qu’ils avaient droit à une prime à l’insulte proférée. Les fautes d’orthographe, la cohérence du discours… qu’importe !
Ce qui compte c’est seulement d’avoir le dernier mot
Et pour cela, un seul moyen : décourager l’adversaire. A peine celui-ci a-t-il répondu qu’aussitôt le cyber-militant lui envoie un paragraphe immense de réponse. Et sans se contenter de n’en envoyer qu’un, il en envoie plusieurs à la suite. Ainsi, si l’adversaire répond, il a déjà trois paragraphes de retard, ce qui n’est pas pratique pour un débat.
Une autre arme du cyber-militant est de reprendre chaque phrase – si ce n’est chaque mot – du discours de l’adversaire, d’interpréter cette phrase, et de la détruire dans un paragraphe plus ou moins logique. Imaginez donc, que face à un cyber-militant vous écriviez cinq phrases pour argumenter votre pensée… Vous aurez droit alors à cinq paragraphes numérotés (les numéros cela fait toujours plus sérieux).
Merci Wikipédia !
A ce rythme-là, le cyber-adversaire, repris par son quotidien, ses obligations, son travail, ou tout simplement l’envie de passer son temps ailleurs que devant un écran d’ordinateur, a vite fait de rendre les armes ! D’ailleurs vu que l’espèce des cyber-militants ne cesse de proliférer, dès qu’on soupçonne quoi que ce soit qui y ressemble, on abandonne de plus en plus rapidement la partie. A quoi bon, après tout, discuter avec quelqu’un qui trouvera toujours un site internet à vous copier-coller dans la conversation, et qui aura tout le temps de reprendre point par point chacun de vos mots, voire à retourner dix paragraphes plus haut pour découvrir un bout de phrase qui contredirait un autre bout de phrase dix paragraphes plus loin !
Ainsi, pour les cyber-warriors, la vie doit sembler de plus en plus monotone, et les adversaires de plus en plus faciles à faire fuir… Sauf si par hasard, au détour des méandres virtuels, leur chemin croisait celui d’un autre cyber-militant. C’est dans ces cas-là que s’entame un face à face sanglant aussi bien qu’interminable entre les deux protagonistes…
De temps en temps, ce n’est pas à un simple cyber-adversaire que s’en prend le cyber-warrior, mais à un site web représentant une pensée qu’il réprouve (que ce soit politique, social ou religieux). C’est alors que le cyber-militant commente chaque publication et chaque commentaire, par de très longs paragraphes, indigestes de préférence.
Une solution: la modération !
Si aucun modérateur ne venait de temps en temps mettre court à ces combats improbables, il y aurait de quoi vous plomber votre site web, et décourager le simple visiteur cyber-amateur, venu consulter vos publications, et se contenter de donner son humble avis, en une phrase ou parfois en un simple mot. D’ailleurs, le modérateur est au final le principal ennemi du cyber-warrior qui a beau hurler à la censure, à la dictature de la pensée, à la tyrannie, et autres grands mots, se retrouve tout de même démuni et impuissant face à la sentence finale du modérateur qui appuie sur la touche “bannir cet utilisateur”. C’est alors que le tapotage de clavier devient inutile, et que le seul moyen pour le cyber-militant de défouler sa rage est de se choisir une autre cible… Jusqu’à ce qu’à nouveau, un modérateur agacé le bannisse.
Pourtant, face à cette répression modératrice, le cyber-militant s’organise. Et pour cela il a plusieurs armes de secours : l’une de ses méthodes est par exemple d’agir en bande. Deux ou trois autres cyber-warriors qui agissent simultanément ou en décalé, et ils ont de quoi occuper le modérateur un certain temps. Un autre moyen, lorsqu’il s’agit d’un cyber-warrior solitaire, est le compte de secours : beaucoup d’entre eux ont des tas de comptes différents sur Facebook, et si l’un d’eux se fait bannir, il y en aura toujours un autre pour prendre la relève ! Sauf qu’après beaucoup de patience, le modérateur finit toujours par l’emporter, et le cyber-warrior par se retrouver seul face à un écran vide…
Quelques conseils pour que le cyber-warrior puisse continuer sa guerre de façon plus efficace ?
C’est très simple :
- Créer lui-même un site web, un blog, une page ou n’importe quoi d’autre, dans lequel il pourra écrire ses propres articles et exprimer ses pensées sur le monde et la société. Pour être lu il n’aura qu’à occuper tout son temps libre à la promotion de sa cyber-expression, et essayer de se faire publier sur des plateformes visitées : de cette façon, il exprimera ses idées sans se rendre désagréable au commun des utilisateurs du web, et aura un peu plus de chances d’en convaincre quelques-uns…
- Essayer de défendre ses idées dans la real life. Comme la plupart des gens en fait. Ce n’est pas si compliqué au final, il suffit de s’investir dans une association, dans un comité de quartier, dans un parti politique ou que sais-je ? Il y a de multiples formes de se battre sur le terrain pour convaincre.
- Aller se pendre.
Marie Vermande http://fr.novopress.info