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La révolution turque

 

La révolution turque
Natella Speranskaya : La révolution nationale a commencé en Turquie. Quelles sont les forces en présence ? Qui se bat contre qui ?

Claudio Mutti: Les slogans concernant les «droits humains» et la «démocratie», les agissements des Femen, la solidarité exprimée par Madonna et d'autres stars hollywoodiennes, la rhétorique antifa truffée de "Bella ciao" comme musique de fond, sont les symptômes d'une «révolution orange» ou un «printemps turc », plutôt que d'une révolution nationale. À l'heure actuelle, il est impossible de savoir si les troubles ont éclaté de manière spontanée, ou si ce sont vraiment des agents étrangers qui ont provoqué des troubles, comme prétendu par Erdogan. Mais nous devons considérer que l'ambassadeur américain Francis Ricciardone a répété deux fois en deux jours son message en faveur des manifestants et que John Kerry a fait une déclaration sur le droit de contester. Certes, parmi les manifestants il y a aussi des militants et des activistes d'intérêt national, anti-atlantistes et aussi des mouvements pro-Eurasie (comme, par exemple, le Parti des travailleurs, ISCI Partisi); mais je ne pense pas qu'ils sont en mesure de diriger une masse aussi hétérogène vers l'objectif d'une révolution nationale.

Natella Speranskaya : Comment se place la révolution turque en terme d'opposition géopolitique de l'eurasisme (Russie, Iran, Syrie) à l'occident et à l'atlantisme (OTAN, USA, UE) ?

Claudio Mutti : Il est vrai que beaucoup de gens ont été troublés par l'implication de la Turquie dans le conflit syrien. Néanmoins, lorsque les manifestants clament "Nous sommes les enfants d'Atatürk", ils expriment une préoccupation liée à des croyances laïcistes et séculaires, pas à une position de type eurasiste. Malheureusement, je ne vois pas une tendance anti-Atlantique d'importance dans la présente révolte.

Natella Speranskaya : Votre pronostic quant à l'évolution des événements en Turquie et leurs conséquences sur la situation en Syrie ?

Claudio Mutti : Il est probable que la révolte turque va pousser Erdogan à penser à l'adage «Qui sème le vent récolte la tempête» et l'amènera à se consacrer davantage aux affaires turques que syriennes, conscient sans doute que les Américains sont toujours prêts à évincer leurs collaborateurs, après en avoir fait usage. Ainsi, il y a deux mois, son ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a signé un protocole d'accord avec le SCO. Si le gouvernement turc veut être cohérent avec cette décision, il doit abandonner ce genre de «néo-ottomanisme» qui dissimule un rôle impérialiste, utile aux intérêts nord-américains. Encore mieux, si la Turquie veut vraiment être un point de référence pour les peuples musulmans de la Méditerranée et du Moyen-Orient, il doit rompre ses liens avec l'OTAN et avec le régime sioniste. Il est en effet schizophrène de déstabiliser la Syrie et en même temps d'accuser le sionisme et Israël d'être, selon les mots de M. Erdogan, "un crime contre l'humanité» et «une menace pour la paix régionale".
Entretien avec Claudio Mutti http://www.voxnr.com
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