LE MESSAGE UNIVERSEL DE LA FRANCE ET CELUI NON-UNIVERSEL DE L'ALLEMAGNE
Deux pays en Europe ont, à travers leurs histoires respectives, produit deux messages très différents destinés au reste du monde : la France et l'Allemagne. Quels sont-ils ?
En effet, un pays ou un peuple représente une idée au sens hégélien du terme, donc aussi un message.
Celui de la France se veut universel : « nous sommes tous égaux », issu de la Révolution, basé en reprenant le vocabulaire nietzschéen sur le ressentiment de celui qui a été considéré comme inférieur par une noblesse française qui fut l'incarnation même de la morgue, du mépris, de la distance et de la différenciation ; noblesse qui par son mode de, vie, son raffinement donna le ton au reste de l'Europe. Le Tiers-État français décréta de façon juridique l'égalité entre les hommes, comme le peuple juif pendant sa période d'esclavage avait créé une religion où les hommes étaient égaux devant un Dieu miséricordieux. Les Français y crurent d'autant plus qu'en France on considère ce qui est défini juridiquement comme le vrai. Ce message, au départ fondé sur une égalité sociale dans un même pays ou une même nation, se prolongea pour aboutir à une égalité universelle entre les hommes. Après la parenthèse de la période coloniale (temps pendant lequel la France avait cessé de se penser en Europe après la défaite des armées de Napoléon 1er et celle de Sedan en 1870), où l'idée de la supériorité de l'homme blanc sur l'indigène semblait aller de soi, on assista à un renforcement du discours égalitaire sur l'homme, fondé en grande partie sur un complexe de culpabilité issu d'une décolonisation mal vécue.
Comme le Tiers-État français, pour des raisons évidentes fut réceptif à ce discours, les peuples du tiers-monde considérés comme inférieurs pour des raisons diverses, ne purent qu'accueillir avec enthousiasme cette idée qui existait déjà dans certaines religions faites pour les malheureux, mais formulée ici de façon laïque. La force du nombre, qui est celle des masses, a donc donné à la France ce rayonnement à bon compte, qui ne pouvait d'ailleurs que réussir par sa démagogie.
Comme corollaire, l'aboutissement de ce message universel est la destruction du peuple français, puisqu'il rejette en lui-même toute différenciation entre les hommes.
Pour la gauche française qui se veut la plus porteuse de cette idéologie, la finalité de la France est sa propre destruction (illustrée artistiquement par le défilé de J.C. Goude sur les Champs-Elysées pendant le bicentenaire de la Révolution). Nous avons là un raisonnement purement ethnocentrique puisque, si le peuple français est détruit, rien n'implique la destruction des autres peuples, ceci en dépit d'un nombrilisme inhérent à certains Français de gauche, pour qui l'Histoire du monde se fait à Paris.
Cette destruction de nos jours s'opère à deux niveaux. Par le haut : l'intégration européenne, donc la perte de souveraineté nationale sur le plan institutionnel et par le bas : une immigration massive de populations allogènes.
À l'inverse, le message qu'a produit l'histoire et la culture allemande est tout autre : « nous sommes les meilleurs ». Ce discours est celui de l'aristocratie. Il s'est mué au niveau d'un peuple. Il est, par nature, non démagogique et ne peut que déplaire au reste du monde. Le National-Socialisme a représenté sa forme la plus extrême puisqu'un simple ouvrier allemand pouvait se considérer supérieur en s'identifiant intégralement à son peuple par essence supérieure aux autres. Cette idéologie de la différenciation conduit à une sur protection de son peuple vis-à-vis de l'inférieur et l'Allemagne même aujourd'hui, possède une véritable forteresse institutionnelle de préservation.
La France, par sa politique auto-destructrice, peut devenir un danger, non seulement pour l'Allemagne, mais aussi pour l'Europe toute entière. Elle risque d'être un îlot d'Afrique, de l'Islam ou du tiers-monde sur le continent européen. Ces questions actuellement non abordées, encore moins élucidées, vont un jour être au coeur des problèmes entre pays européens.
En France, on n'a jamais autant parlé d'Europe, au fur et à mesure qu'elle se peuple de non-Européens à la différence d'autres pays et surtout de ceux de l'Europe de l'Est avec une population et un nationalisme intacts.
La plupart des autres pays d'Europe, sans passé colonial, n'ont aucune raison objective d'accepter le comportement suicidaire qui est celui de la France.
Il ne pourra en résulter qu'une fausse union européenne ou alors on reviendra à l'Europe des Nations du XIXème siècle où les pays européens (en dehors de la France) chercheront leur préservation et leur intérêt national avant tout.
Patrice Gros-Suaudeau