À travers ses romans, l’auteur des SAS développait des analyses géopolitiques. GÉRARD de Villiers s’est éteint la veille de la Toussaint. Il avait lui-même prévu l’annonce de sa propre mort, comme s’il s’agissait de l’un de ses héros...
Provocateur en public, mais d’une très grande courtoisie en privé, doué d’humour et de répartie, il fut plus qu’un romancier : un investigateur, fin analyste des situations et des personnages qu’il rencontrait, révélateur avant-gardiste d’événements géopolitiques. Passionné par les cultures et les civilisations, il sillonnait le globe en quête d’aventures, de conflits et d’intrigues.
Ses romans sont le fruit d’une imagination débordante et de fantasmes érotiques, mais également d’enquêtes qu’il réalisait sur le terrain, où il s’imprégnait des us et des coutumes locaux, de la psychologie des personnes qu’il rencontrait... Il analysait en profondeur les contextes politiques, avec le sens du détail, ce qui lui permettait d’anticiper certains événements. Cela alimentait les rumeurs à son sujet : certains ont fait de lui un agent des services secrets. A-t-il fait partie du SDEC (prédécesseur de la DGSE) ou lui a-t-il fourni des informations ? Il laissait planer le doute à ce propos.
Mais une chose est sûre, il était une référence pour les experts de géopolitique. « L’élite française prétend ne pas le lire, mais ils le lisent tous », souligna Hubert Vedrine.
Il y a une décennie, je l’ai rencontré avec un personnage qui a failli inspirer l’un de ses romans : Bob Denard. J’ai écouté leurs longues conversations, passionnantes et passionnées, m’évadant dans leurs aventures et leurs rêves... Plus tard, il m’a révélé sa passion pour le Liban qui aura inspiré une grande partie de ses romans. C’était l’occasion pour moi de comprendre, à travers ses aventures, pourquoi le pays du Cèdre avait été mis en feu. Il y était pendant la guerre, où il s’était rendu sur les champs de bataille auprès des différentes milices. L’ancien président libanais Amine Gemayel, fidèle lecteur de ses romans, avait une grande admiration pour son courage : « il ne craint ni les bombardements, ni la menace d’un enlèvement », me disait-il à son sujet. Son dernier périple en Afghanistan en témoigne.
Un romancier ami de l’Action française
Défenseur des identités nationales, Gérard de Villiers était un grand patriote, admirateur de Charles Maurras et de l’Action française. « De la même manière où je n’imagine pas les Afghans habillés en blue-jeans, buvant de la bière dans leur pays avec des cathédrales dans chaque ville et des églises dans chaque quartier, je n’imagine pas les Françaises voilées de la tête au pied et nos églises transformées en mosquées », m’a-t-il confié. En janvier dernier, il avait accepté notre invitation pour participer à un colloque sur la politique étrangère de la France. Il comptait intervenir au sujet de la Syrie, à laquelel était consacré son dernier roman, Sur le chemin de Damas. Mais, le matin du 19 janvier, Paris était recouvert de neige... Mon téléphone portable avait vibré dans ma poche alors que notre réunion prenait fin. C’était Gérard de Villiers en ligne : « Je suis navré », me disait- il. « Explique la situation à tes amis. À l’Action française, les gens sont intelligents. Ils comprendront. Tu n’as qu’à organiser une nouvelle manifestation quand il fera beau. » Malheureusement, il ne sera plus parmi nous pour nous confier son message. Reposez en paix, Gérard de Villiers.
Élie Hatem http://www.actionfrancaise.net/craf/?Hommage-a-Gerard-de-Villiers-ami