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L'extrême droite ? Un faux problème...

La fantasmagorie politique n'est plus une invention. Elle intervient au quotidien par le biais de ceux-là même qui sont censés gouverner dans l'intérêt - à défaut du trop peu démocratique « bien commun » - du peuple qui leur a délégué la souveraineté.
« On est en train de réinventer, de réintroduire dans le débat public l'extrême droite telle qu'on a pu la connaître dans les années 1930. » Le propos n'émane pas de l'un quelconque de ces politiques ou intellectuels classés trop à droite, mais bien du député UMP des Yvelines et ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, Henri Guaino.
Il ne s'agit pas là d'une banale considération provocatrice, ni même d'une formule destinée à faire mouche pour réveiller un interlocuteur particulièrement sujet au bourrage de crâne. L'élu le justifie pleinement, en répondant à une question sur le positionnement du Front national. Une question sur laquelle il s'est exprimé à plusieurs reprises ces derniers temps.
Qu'en ressort-il ? Que le Front national, explique-t-il, est « un parti comme les autres », dont l'ascension actuelle résulte simplement du malaise de la société et du discrédit qui frappe actuellement l'institution politique, et les partis qui l'incarnent habituellement.
Extrémiste, le FN ? S'il faut préciser, Henri Guaino ne va pas jusque-là. Ou, plus exactement, d'une façon dont la nuance échappera sans doute aux habituels débatteurs publics : le député des Yvelines veut bien parler, à son sujet, d'un parti extrême, en ce qu'il s'est « construit sur des apportas de la droite et de la gauche », et non pas en ce qu'il serait « l'extrême de la droite qui s'opposerait à l'extrême de la gauche ».
On atteint là à une notion particulière, celle d'une espèce d'extrême relativisé. Parce que, explique encore Henri Guaino, « le FN n'est pas L’extrémité de la droite mais l'extrême du débat public, de la pensée politique ». Autrement dit, si l'on veut essayer de comprendre ce qu'il nous dit, le Front national n'a pas d'idées extrémistes, mais une expression extrémiste d'idées qui, par ailleurs, sont répandues.
Cohérence en nuances
C'est même, pour lui, une question de logique. « Il faut être cohérent, affirme-t-il. Si le Front national est dans la République, il est autorisé, il concourt aux élections et il peut avoir des élus. »
Ce qui lui permet, très clairement, d'enfoncer le clou : « Vous ne pouvez pas rendre le Front national responsable tout seul de l'état de la société. Si le Front national a autant d'écho aujourd'hui, s'il rencontre autant d'adhésion chez autant de Français qui sont tout sauf des fascistes, c'est peut-être qu'il y a un problème dans la société française. »
La critique d'Henri Guaino à l'égard de François Hollande n'est pas nouvelle. Mais elle a pris, au cours des semaines, au cours des mois, une constance, une régularité qui la font dépasser de loin l'habituel critique de l'opposition à l'égard de la majorité. Celle-ci, habituellement, se garde en effet d'être fondamentale, et erre sur quelques épiphénomènes - effets de manches ou d'expressions - sans grande conséquence. Droite et gauche savent bien, depuis au moins l'avènement de la Ve, que l'alternance ne peut être compromise par quelque jugement définitif qui, en laminant l'adversaire de façade, verrait demain s'écrouler tout le système.
C'est donc en marchant sur des œufs, afin de préserver cette fonction du président qui « incarne la Nation », que le député s'en est pris à François Hollande au lendemain du 11 novembre. Pas de manifestation contre cette statue institutionnelle, et donc opposition affichée à tout quolibet, tout sifflet, le jour où le président salue les « morts pour la France ». Même si le jacobinisme étalé ce jour-là par François Hollande n'a sans doute rien à voir avec ce qui faisait battre le cœur de nos poilus ? La question, pour l'heure, demeurera sans réponse...
Constat de faiblesse
Une chose est sûre cependant. La façon qu'a François Hollande d'exercer le pouvoir conduit, selon Henri Guaino, « à un affaiblissement terrible de l'autorité de l’État ».
Et lorsqu'il évoque « l'absence totale de consentement à l'impôt », le député touche à un point crucial. Point n'est besoin d'être érudit, ni historien pour se rappeler que nos révolutions ont toujours eu un principe pécuniaire.
On est loin, très loin, d'on ne sait trop quel extrémisme...
Olivier Figueras monde & vie 3 décembre 2013

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