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Préface à la Question Libérale

Il y a déjà un an, Thibault Isabel livrait dans le n°50 de la revue Rébellion une étude comparée des mentalités chinoises et européennes dans laquelle il brossait rapidement le portrait de l'homme archaïque européen, cet homme d'avant la rupture épistémologique de la Grèce classique, à savoir l'irruption de l'idéalisme mathématique pythagoro-platonicien.
Selon Isabel, l'homme archaïque européen n'est pas mû tant par un logos hypertrophié et a-priorique - quoiqu'il ne s'agisse pas ici de récuser le logos en tant que tel, qui existe au coeur de notre identité et fait souvent la preuve de son efficacité - que par son instinct, sa mètis, vertu odysséenne par excellence, cet art de se fondre dans son environnement et d'en saisir les sens afin de conduire plus justement sa route, ce que l'on pourrait appeler une "boussole empirique". Cette faculté de l'homme archaïque est pour Isabel une piste réflexive vers un renouveau intellectuel européen et populaire. La vision est juste. En ces temps de chaos et de rupture, alors même que les solutions anciennes sont oubliées et que les modernes s'effondrent, que la scission d'avec plusieurs siècles de marche flamboyante est consommée, que l'européen est plus que jamais face à l'abîme de la connaissance et qu'il lui faut résolument sauter, la mètis peut, à défaut du recours à Dieu qui sauva les Méditations Métaphysiques, incontestablement, nous guider.

 

C'est donc sous l'angle de la mètis qu'il faudra aborder les quelques développements qui suivent. Nous sommes, de par notre naissance, des modernes et même, osons nous l'avouer, des libéraux. En ce que nous sommes déterminables, nous pouvons espérer - et, par tous les dieux, nous réussirons - fonder une renaissance socialiste, nationale et européenne de vertu et d'honneur. Mais en ce que nous sommes déterminés nous ne pouvons nous illusionner en croyant pouvoir être, sans mauvais jeu de mot, libres de tout libéralisme. Des siècles de modernité et d'assimilation des thèses libérales auto-justificatrices nous ont placé dans la quasi impossibilité de revenir sur la génèse de la révélation moderne et à plus forte raison d'en sortir. Les axiomes libéraux, devenus au fil des ans notre lait maternel ne peuvent être contredits par aucun des instruments cognitifs qu'ils ont eux-même produits. La pensée socialiste scientifique elle-même, principalement le second Marx, en ce qu'elle voulut faire du contre-libéral sur les bases mêmes de la Révolution moderne et de la scienza nuova ne put s'affranchir du Génie libéral et, pour rejoindre cet auteur, répéta son essor pour s'achever en farce.
Quasi impossibilité certes. Impossibilité non. Impossible n'est pas français !
Du moins devons-nous prendre conscience de la difficulté de l'entreprise et des risques inhérents à la chute libre intellectuelle. Le recul péniblement gagné nous place dans le néant et nous ne pouvons être véritablement certains de nous être complètement dégagés du prêt à penser fourni par les axiomatiques libérales. Forts malgré tout de ces incertitudes, et de cette humilité, nous allons tenter d'éclairer quelque peu ce qui fut, et demeure, l'esprit du libéralisme afin de jeter une voie de plus vers l'avenir.
En avant ! Vers la victoire !

 

(A suivre...)

 

Antoine  08/10/2012

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