Il n'y avait guère le choix - et donc pas de surprise à attendre. Au passage de la nouvelle année, les vœux aux Français - puis, dans les semaines qui suivent, à tous les corps constitués - sont l'apanage du président de la République. Un exercice à l'image de sa présidence : triste. Et sans âme...
On ne présente plus François Hollande. C'est l'élu socialiste, tel, pour les mémoires qui en ont conservé le souvenir, que certaines télévisions de l'est pouvaient en proposer l'image il y a cinquante ans : guindé ; fixe. Sans âme !
Sans forcer beaucoup la note d'ailleurs, c'est arrivé au point que François Hollande aurait pu aller se coucher, et faire diffuser la vidéo de l'année dernière. Chômage, croissance, etc. tout y était déjà. Tout y est encore...
Cela dit, il y a le topo, proprement hallucinant, du chef de l'État. Comment peut-on, prétendant parler « de ce que nous avons en commun et de plus cher : c'est-à-dire de notre pays » (sanglots ou violons), évoquer... l'Europe qui « a réussi, enfin, à surmonter la tourmente financière qu'elle traversait depuis 2008 ».
Outre que le propos est mensonger, l'Europe n'est pas notre pays. Ou alors, Hollande n'est plus notre président, il faut choisir.
Passons sur les louanges adressées au gouvernement qui « a engagé des réformes, pour rétablir nos comptes publics, améliorer la compétitivité des entreprises, moderniser le marché du travail, consolider nos retraites », etc. Nous n'appartenons décidément pas au même pays. Il n'est, pour s'en convaincre, que de se rendre au café du coin, et d'écouter le peuple ruminer en avalant son petit noir, ou sirotant son demi.
Passons aussi sur le déni à propos du « mariage » pour tous...
Crise ? Ou pas crise ?
On en arrive à l'aveu inévitable: « (...) la crise s'est révélée plus longue, plus profonde que nous l'avions nous-mêmes prévu. »
Rappelons, pour commencer, que la prévision de la crise par François Hollande est, ni plus ni moins, une fumisterie. Durant toute la campagne présidentielle, il en a refusé l'existence, n'y voyant qu'une excuse de son adversaire pour justifier les mauvais points de son bilan. Et, sitôt devenu locataire de l’Élysée, il nous a pondu un beau discours pour nous dire que la crise était derrière nous.
Avant, bien sûr, d'être obligé - et de plus en plus - de faire marche arrière...
Mais surtout, comment peut-on nous parler de la crise en France, et de ses pénibles effets, trois phrases après avoir affirmé que l'Europe était sortie de la « tourmente financière » ? Faut savoir !
L'élixir du Docteur Hollande
Et, tout d'un coup, le miracle : « Les résultats sont forcément longs à apparaître, mais ils sont là. Et j'ai confiance dans les choix que j'ai faits pour le pays. »
Forcément, on ressort violons et mouchoirs. Et comme dans les miracles tout est permis, tout est possible : l'emploi, la réduction de la dépense publique (« j'ai la certitude que nous pouvons faire mieux en dépensant moins »), la simplification administrative, la transition énergétique (c'est même l'occasion de dire attention au réchauffement climatique)...
La laïcité aussi, « condition pour vivre ensemble ». On le constate effectivement tous les jours.
Et puis, comment l'oublier ? l'intransigeance « face à tout manquement, face au racisme, face à l'antisémitisme, face aux discriminations ».
Cela rime parfaitement avec son propos sur les élections européennes qui ne doivent pas être tournées vers « l'austérité et l'égoïsme national ».
La France, égoïste ? Non pas ; mais sans doute l'image qu'il s'en fait. Et le président de nous ressortir les violons pour son credo européen, assurant vouloir prendre des initiatives avec l'Allemagne (tant pis pour les vingt-six autres États de l'Union).
Avec l'Allemagne ? Apparemment, François Hollande n'a pas vraiment suivi l'actualité. De ce côté-là, le torchon brûle !
Et puis, franchement, ce discours ressemble surtout à un gag, à l'heure où la présidence tournante de l'Europe vient d'échoir à... la Grèce, c'est-à-dire à l’État qui symbolise le mieux la déficience de cette réussite européenne que François Hollande appelle de ses vœux.
Olivier Figueras monde & vie 14 janvier 2014