La victoire des marcheurs de la Manif pour tous sur le gouvernement constitue plus qu’un signe, une démonstration de puissance. Après vingt mois de présidence Hollande, c’est le peuple de droite qui est dans la rue, c’est lui qui donne le ton et établit les nouveaux rapports de force. Ce ne sont pas les partis d’opposition qui commandent.
Les centristes restent inaudibles, l’UMP se montre bien embarrassée, preuve de lucidité, et le Front national lui-même se tient prudemment en retrait. Les thèmes qui mobilisent relèvent tous en apparence des questions de société, essentiellement d’une conception traditionnelle de la famille. Les manifestations victorieuses de ces trois dernières semaines apparaissent comme la revanche de la famille chrétienne sur la famille progressiste. Celle-ci avait pu imposer le mariage pour tous, celle-là interdit que l’on aille au-delà : batailles au sein de la société civile qui font plier la société politique.
Pour le Front de gauche et pour les Verts, les plus avancés en matière de mœurs, le recul gouvernemental signe une nouvelle déroute de leur influence. Pour l’aile gauche du Parti socialiste, c’est un échec sociétal qui s’ajoute aux échecs économiques et sociaux. Pour les ministres les plus en flèche sur ces questions - Christiane Taubira, Dominique Bertinotti ou Najat Vallaud-Belkacem, par exemple - c’est une humiliation. Face à l’effondrement du pouvoir dans l’opinion, l’heure est à la retraite généralisée. Les illusions s’envolent, le réalisme s’impose. [...]
Alain Duhamel - La suite sur Libération
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