La théorie du Genre peut nous sembler gaudriolesque, à nous gens de droite et nous avons tendance à ne pas la prendre au sérieux. Je crois moi que c'est une machine de guerre pour défaire les personnes, pour anéantir leur culture, pour détruire leur responsabilité, en particulier en matière sexuelle. Vu le nombre d'heures que les enfants passent à l'école (comparativement au nombre d'heures où ils sont en contact avec leurs parents) il y a vraiment de quoi avoir peur...
Grosse embrouille autour de l'ABCD de l’Égalité, un programme sponsorisé par le ministère de l’Éducation nationale, et destiné à « changer les rapports hommes femmes », en agissant très tôt (dès la maternelle) et en montrant combien les rôles traditionnellement masculins ou féminins (ce que l'on appelle les genres) sont interchangeables. On retrouve la vieille idée socialiste : il faut changer le monde, changer la vie, changer l'homme. Ce que l'on n'arrive pas à faire dans le domaine économique, parce que, au niveau du portefeuille, le principe de réalité est le plus fort, on va tenter de l'accomplir dans un autre domaine, celui des genres, c'est-à-dire celui des comportements sociaux en rapport avec la différence sexuelle. Premier principe de l'opération : on dégage les parents. L'éducation sexuelle ne peut pas être assurée par les parents, car ils ne savent que transmettre des « stéréotypes » comportementaux. C'est à l’École d'intervenir (avec le succès que l'on sait), c'est l’École qui enseignera les différents comportements sexuels, en s'efforçant avant tout de « déconstruire la complémentarité des sexes » (trop facile, trop... naturel) pour permettre à chaque enfant de réaliser qu'il est un individu libre de son sexe et de ses comportements, qui doit interdire qu'on le juge et expérimenter toutes les possibilités qui s'offrent à lui. Il faudrait être une petite souris pour s'introduire dans les cours donnés au nom de l'ABCD de l’Éducation. C'est impossible. Au moins peut-on juger de leur contenu par le matériel éducatif utilisé.
Ainsi existe toute une littérature : « Papa porte une robe », « Théo a deux mamans », « Dis mamans », « Deux mamans pour Mokiko » (et demain sans doute : « Deux mamans pour Mohamed », « Tango a deux papas » sans oublier bien sûr « Zazie a un zizi » etc. Les livres sont achetés par l’Éducation nationale qui les diffuse abondamment dans les Lycées, en particulier par le truchement de l'opération pédagogique ABCD de l’Égalité. L'idée est de parodier les contes pour enfants en faisant de ces petits ouvrages les références de la nouvelle morale. Mais il n'y a pas que des contes curieux pour enfants. Il faut parler aussi de la Ligne azur, mise en service par le ministère de l’Éducation nationale. Il s'agit, à travers un numéro de téléphone gratuit d'expliquer aux enfants que les jeunes doivent se questionner sans a priori sur leur identité sexuelle ; ils ont à définir non pas « qui » ils sont mais « où » ils sont : « Pour certains, le sexe biologique coïncide avec le sentiment d'être un homme ou une femme, et pour d'autres, sexe génital et identité de genre ne correspondront pas ». C'est littéralement la théorie du genre.
Peillon botte en touche, en parlant de « gros mensonges »
On est donc fort surpris lorsque l'on entend Najat Vallaud Belkacem, ministre des droits de la femme, déclarer que « la théorie du genre ça n'existe pas ». N'est-elle pas au courant de l'opération ABCD de l’Égalité qu'elle a contribué elle-même à lancer dans les Écoles ? N'a-t-elle pas entendu parler de la « Ligne Azur » ? Dans 20 Minutes, en août 2011, elle était nettement mieux renseignée, déclarant tranquillement à propos de ce qui, aujourd'hui, selon elle, n'existe pas : « La théorie du genre explique l'identité sexuelle des individus autant par le contexte socio-culturel que par la biologie. Elle a pour vertu défaire œuvre de pédagogie sur ces sujets ».
Comment expliquer cette brusque timidité de nos gouvernants ? Comment comprendre que de son côté, lorsqu'on l'accuse d'introduire la théorie du genre à l'Ecole, non plus seulement à travers des manuels scolaires (comme au temps de Nicolas Sarkozy et de Luc Chatel), mais à travers des cours d'éducation sexuelle, devenus aussi importants et aussi réguliers que les nouveaux cours d'éducation civique, notre ministre de l'Education Vincent Peillon botte ostensiblement en touche, en parlant de « gros mensonges » ?
Du point de vue psychologique, j'aurais tendance à y voir le côté adolescent immature qui n'assume pas ses mauvais coups et qui, au dernier moment improvise un bobard peu crédible. Mais ces maladresses ministérielles sont symptomatiques d'un enjeu politique capital. François Hollande, qui est le président le plus impopulaire de l'histoire de la Cinquième République, a été élu grâce aux voix des immigrés ; 90 % d'entre eux ont voté pour lui, littéralement sous l'effet d'une sidération médiatique qui dure depuis les années quatre-vingt, faisant croire aux nouveaux arrivants que la Gauche est le Parti des immigrés. Aujourd'hui, à travers l'Affaire Dieudonné (et le lynchage qui s'organise autour du personnage) comme à travers cet impératif d' « éducation sexuelle » à l’École (en fait d'éducation au genre), les immigrés sont directement atteints par la politique du Gouvernement. Vont-ils continuer à voter à gauche avec un tel ensemble ?
Farida Belghoul, ancienne pote de Julien Dray, passée à Egalité et réconciliation, avec Alain Soral, s'emploie à avertir la population immigrée et à la mobiliser contre l'idéologie du genre et contre les projets du gouvernement en ce domaine. Lundi 27 janvier a eu lieu une grève de l'école, qui a touché près de 20 % des élèves. Un chiffre énorme, qui promet un beau bazar à l'école.
Alain Hasso monde & vie 4 février 2014