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Leur Europe n’a plus la cote

Bruno Gollnisch était samedi  à Privas (Ardèche) pour une  réunion largement consacrée aux prochaines échéances électorales, remplaçant au pied levé  un Jean-Marie Le Pen légèrement souffrant.  «Je pense que le pari qui a été lancé par Marine Le Pen, de passer de 60 conseillers municipaux  à plus de 1 000, sera non seulement atteint mais pulvérisé  lors des élections de mars » a-t-il affirmé. Il a fait preuve aussi d’un optimisme raisonné  au sujet du très déterminant  scrutin européen de mai. Bruno n’a pas manqué de rappeler l’importance de celui-ci, d’expliquer le combat mené  pour défendre et renforcer au parlement  le pôle des défenseurs des identités, des souverainetés nationales, de l’Europe des patries. En déplacement à Perpignan pour y soutenir la candidature de Louis Aliot, Marine Le Pen a elle aussi affiché sa confiance, estimant que le Front National   pouvait  espérer faire élire « entre 15 et 20 députés européens », fourchette plausible «par rapport aux espérances de scores que nous avons ». «Cela nous permettra d’arriver massivement au Parlement, de voir notre espoir de constituer un groupe être quasiment rempli, et puis d’être une vraie force.»

 Marine a réitéré son objectif, « qui n’est pas mince », de voir le FN être à l’issue de ce scrutin européen   la première formation politique française. « Quand nous arriverons en tête, nous ne ferons pas seulement élire des députés européens, nous pousserons à une remise en cause de la classe politique française par rapport à la construction européenne que rejettent les Français.»  Et si l’opposition nationale est en tête, la présidente du FN a réaffirmé qu’elle demanderait à François Hollande la dissolution de l’Assemblée nationale.

 Certes, selon le tout dernier sondage  OpinionWay réalisé pour LCI et Le Figaro pour les élections européennes, qui pronostique  un taux de participation qui s’élèverait à  41%,  le score des  listes frontistes serait en léger retrait, avec tout de même  20 % des suffrages, loin devant  celles du PS (16%, 16,9% en 2009) mais derrières celles de l’UMP (22%, 27,9 % en 2009).

 L’attelage Modem-UDI  enregistre 12 % des intentions de vote,  Europe Ecologie Les Verts 9% des voix (16,9 % en 2009), un score identique à celui du  Front de Gauche. Quant aux    listes eurosceptiques de   Debout La République  de Nicolas Dupont-Aignan, elles sont créditées de  3%  des suffrages, autant de voix gelées et stérilisées qui ajoutées à celles du FN assureraient à l’opposition patriotique de virer largement en tête…

 Ce recul très sensible des partis bruxellois, se mesure aussi au travers des autres questions posées aux personnes interrogées. Pour 45 %, le premier mot qui vient à l’esprit au sujet de la « construction européenne» est «déception » ; «espoir» ne récolte que 18% des suffrages.  L’adhésion au projet eurobruxellois est désormais nettement minoritaire. Seuls  42 % des sondés (en recul de six points par rapport à avril 2012) considèrent l’adhésion de la  France à l’UE comme « une bonne chose ».

 Autre indice, s’ils se trouveraient  encore 53 % de Français pour se dire  opposés à la « disparation de l’euro », ils étaient 62 % il y a deux ans.  Une baisse qui a sa logique alors que la zone euro est la zone économique mondiale qui à la plus faible croissance, confrontée à la montée en flèche  du chômage et des inégalités.  26% de nos compatriotes (+ 6 points par rapport à avril 2012) sont ainsi  favorables au «retour du franc».

 La question de la monnaie  reste un sujet extrêmement  clivant et anxiogène, y compris au sein du camp patriotique puisque selon cette étude  seulement 54% des électeurs  de Marine  seraient favorables  à  la disparition de l’euro. Un pourcentage relativement stable  alors qu’il est en  forte augmentation chez  les électeurs de Nicolas Sarkozy de 2012.  La croyance dans le mantra selon lequel   l’appartenance à l’Europe de Bruxelles  est positive pour la France chute de  21 points en deux ans chez les sympathisants sarkozystes, tandis que chez  ces mêmes électeurs 19 % souhaitent désormais  un retour au franc… contre 8 % en 2012.

 Enfin, si l’on voulait avoir une preuve supplémentaire de la perméabilité-porosité grandissante de l’électorat de la droite « libérale » aux idées  du FN, 49% des sympathisants UMP estiment que  « l’Union européenne menace  l’identité de la France » là ou 63% des électeurs de François Hollande de 2012 pensent le contraire.

 Il n’est pas anodin non plus qu’à moins de 100 jours des élections européennes, et selon un sondage Ifop pour Atlantico publié samedi,  59% des Français souhaitent une restriction des conditions de circulation des citoyens européens dans le pays. Nos compatriotes seraient ainsi  encore  plus demandeurs  de cette limitation  là que nos voisins suisses qui viennent de l’obtenir  par le biais du referendum d’initiative populaire  que nous évoquions lundi dernier.

 Si ladite restriction  est plébiscitée par presque la moitié des  électeurs de gauche (46 %),  68 % des électeurs de l’UMP et 75 % des sympathisants du Front National y sont favorables. Non pas au nom de pulsions xénophobes mal placées mais plus prosaïquement pour éviter la déferlante Rom dont les conséquences irritent (et c’est un euphémisme) les Français. Une manière  aussi constate Bruno Gollnisch,  de dire plus largement  NON à cette Europe antidémocratique  sans frontières, mondialiste,  dont les dirigeants se refusent à célébrer les racines, à  lui attribuer des limites,  des repères  géographiques,  culturels, civilisationnels.

http://gollnisch.com/2014/02/17/leur-europe-na-plus-la-cote/

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