On pourrait presque admirer la manière dont Hollande, qui, n'en doutons pas, surveille tout, parvient encore à déjouer le mépris et le discrédit qu'il mérite. Les sondages d'opinion le soulignent : le rejet du personnage présidentiel dépasse aujourd'hui plus de 80 % des Français consultés.
Et cependant, si j'observe la carte prévisionnelle des villes de France que publie à l'avance "Le Monde", les taches rouges l'emportent largement sur les points bleus. Heureuse la droite, si elle conserve Marseille, et si elle parvient à l'emporter dans quelques sous-préfectures.
À Paris, au point de bassesse et de sectarisme où est tombée sa propre campagne, Mme Kosciusko-Morizet se verra bien en peine de gagner dans le 14e arrondissement sur lequel elle a jeté son dévolu. On éprouve d'ailleurs les plus grandes difficultés à comprendre ce qui la distingue de l'équipe sortante. Votre chroniqueur préféré ne cherchera certes pas à démêler leur querelle de chiffonnières : il votera, selon ce que lui dicte sa conscience : contre Hollande, sans phrases.
Tout, dans ce pays, remonte en effet aux réseaux commandés depuis l'Élysée. On connaît la plus grande ruse du diable : elle consiste à nous convaincre qu'il n'existe pas. La tactique présidentielle repose sur cette logique. Ce ne sont même pas les ministres les plus hollandais qui montent le plus au créneau. Quand ils lâchent une bonne grosse bourde, comme le Sapin sur Europe n°1 le 14 mars qui déclare : "On va continuer à s'occuper des enquêtes de Nicolas Sarkozy."… le même personnage peut rectifier le tir en toute impunité : "Enfin, ... les juges vont continuer à s'occuper des enquêtes de Nicolas Sarkozy". N'entend-on pas ici la voix de son maître qui aurait déclaré "surveiller" l'ancien président, ce que dément "Le Monde", mais ce que confirment les faits. Avoir confiance dans l'indépendance de "la justice", – un nom bien pompeux et bien abstrait pour désigner la magistrature syndiquée – relève dans ce pauvre pays de la naïveté des républicains.
Fidèle du chef de l'État depuis sa jeunesse le ministre du Travail partage avec lui la même fumisterie, sous son apparence de sérieux, quant aux tâches qui lui incombent en théorie : si le chômage progresse et si l'emploi recule on développe un rideau de fumée pour en dissimuler l'évidence, pourtant criarde. Or, en additionnant les différentes catégories de chômeurs recensés on découvre que les nombre de Français désireux de travailler et qui ne trouvent pas d'embauche atteint environ 5,6 millions. Chaque instant passé à surveiller l'opposition ne pollue pas seulement la vie civique, il insulte à ceux qui cherchent vainement un emploi.
Beaucoup de choses devaient changer en 2012. Tombé entre les mains des sournois intrigants que nous voyons à la manœuvre, le nouveau pouvoir s'est contenté de détricoter les œuvres positives de ses prédécesseurs.
On entend en effet beaucoup de sornettes à propos des "réformes". Certes la France officielle souffre dramatiquement de refuser de voir et d'oser les évolutions nécessaires. La république s'est affublée d'une classe politique et technocratique incapable d'imaginer d'autre recours que celle d'impudents mensonges supposés dissimuler les problèmes que, pourtant, les citoyens n'ignorent pas. Nos maîtres craignent tant l'impopularité qu'ils en suscitent ainsi l'aggravation.
Ceci vaut, certes, pour toutes les composantes de l'édifice.
On doit cependant accorder la palme de la nullité à l'homme de l'Élysée. Tenant du titre, il exerce son seul vrai talent : celui de se dissimuler sous sa fausse insignifiance rigolarde. "Plus bas que l'herbe, plus silencieux que l'eau" dit le proverbe russe.
En deux années de sa présidence, deux années du cabinet de son majordome, deux années de la majorité parlementaire de ses chevau-légers, appelez cela comme vous voulez, importez au besoin des contresens américains comme administration, des concepts mondialistes comme gouvernance ou d'autres hyperboles creuses, rien de sérieux n'a été accompli par les autorités de Paris.
Les partenaires de la France s'en inquiètent, la Cour n'en a cure.
Ne nous méprenons pas non plus sur le mot "réforme." Si l'on appelle "réforme" n'importe quelle loi nouvelle, on doit malheureusement convenir que, depuis 2012, beaucoup de novations catastrophiques ont été impulsées par le nouveau pouvoir.
Par exemple le parlement a adopté des textes relatifs au logement, à l'urbanisme, etc. Le 20 février, en dernière lecture le Sénat a adopté un texte "Alur" se réclamant pompeusement de l’accès au logement et un urbanisme rénové. Les fiscalistes et les publicitaires l'appellent pompeusement déjà loi Duflot. À défaut de donner son nom patronymique à une rose sans épines, la patronne des verts a fait voter ainsi un texte de plus de 300 pages. Mais de progrès réel dans le domaine qu'elle est supposée gérer, point : 332 000 logements neufs ont été mis en chantier en 2013, contre 346 000 en 2012 ce qui représente un recul de 4,2 %. Et les prévisions pour 2014 sont encore en recul : cette promesse-là sera tenue.
Idem dans le ferroviaire. En même temps que le projet Duflot, prétendant mobiliser les terrains semi-publics pour relancer la construction, – ce qui l'a ralentie – on annonçait à l'automne 2012, une soi-disant "réunification de la famille ferroviaire" pensée par le camarade Cuvillier. Cette grosse baudruche est demeurée au point mort. En fait de réforme française dont la CGT ne voulait pas, les défenseurs du monopole sont juste parvenus à différer au niveau européen l'ouverture du rail à la concurrence, le temps pour les autres de s'y préparer, le temps pour les Français de patauger un peu plus dans leurs archaïsmes.
Certes donc il existe des similitudes entre le régime actuel et ceux qui l'ont précédé dans l'effondrement : les derniers gouvernements de la Troisième république, la Régence de 1715 ou le Second empire finissant.
Mais c'est franchement faire trop de courbettes à M. Hollande que de le comparer à Louis XVI. L'imagine-t-on, un seul instant, sur l'échafaud, faisant preuve du courage, de la grandeur d'âme et de la dignité de ce malheureux roi ?
JG Malliarakis
http://www.insolent.fr/2014/03/a-quelques-jours-du-scrutin-municipal.html